La revanche de Pénélope ou le fantasme de meurtre

Au moment où elle est devenue pubère ses parents ont eu un enfant, un garçon, ce qui réactive le fantasme des vases communicants décrit par P. Jeammet (1997), pendant que l’un se remplit l’autre, se vide. Ce garçon incarne le sexe qu’elle n’a pas, exauçant par là-même, le vœu parental. Quand son petit frère est né, elle avait l’impression de ne pas avoir d’importance pour sa mère. Elle décrit un épisode prototypique de chute, au pied du berceau. Cet épisode met en scène Pénélope s’entravant et tombant, déclenchant la colère de sa mère qui furieuse eut peur qu’elle fasse mal au bébé.

 « et moi ? », pensa-t-elle « elle s’en fou ».

Pénélope se décrit de manière récurrente comme « inintéressante, ennuyeuse et pas belle ». Elle souffre de ce qu’elle qualifie d’indifférence, et a l’impression de ne pas avoir d’importance pour les autres. Le rapport qu’elle entretient avec sa mère constitue une empreinte psychique inlassablement réactivée. Pénélope exprime son sentiment d’être mauvaise, pour donner sens aux attaques qu’elle dirige contre elle, mêlant selon ses propos, « méchanceté » et culpabilité. Elle aussi aura un bébé garçon, et prend sa revanche à l’égard du parental. Il est important de rappeler le contexte dans lequel Pénélope démarre cette grossesse. Son ami vient de la quitter et la souffrance ravivée fait voler en éclats le socle de la problématique narcissique. Bien que Pénélope se sache enceinte, elle attaque sauvagement ce corps en ingérant la boîte d’antidépresseurs prescrits par son médecin psychiatre qu’elle combine à l’alcool.

Elle reste quelques jours dans le coma et quasi miraculée, elle en sort victorieuse. Nous la rencontrons un mois plus tard. Elle explique qu’il s’agit là, d’un signe du destin, d’une preuve irréfutable qu’elle doit vivre, qu’elle ne peut plus attaquer ce corps tant que le bébé n’est pas né.