2. Au regard de l’addiction

Ces conduites comportent une dimension traumatophilique et mettent en péril l’auto-conservation du sujet, qui donne son corps en esclavage. Nous considérons que le sujet addicté, recrée en externe les caractéristiques de l’objet interne avec lequel il entre en commerce par incorporation : l’objet manque, comble, crée l’angoisse, l’efface, sadise….

Bien que l’élargissement que précise B. Duez95 permette d’envisager le rapport du sujet à plus d’un autre, entre autre le rôle joué par le dealer, la police….le jeu semble se figer autour de l’objet d’élection. Bien qu’également, de récents travaux (R. Durastante, 2008) nous conduisent à nuancer notre point de vue en prenant en compte la dimension d’excorporation, nous pensons que le rapport addictif laisse moins de place «au hasard », à la rupture, au changement, à l’objet externe. L’addicté ne cherche plus, il a d’une certaine manière, trouvé. Il s’organise généralement, du point de vue de l’antisocialité, dans un jeu de cache-cache entre lui et les autres, en appui sur les trois D mis en évidence par J-P Chartier (2004, p70) :

Cette modalité organisationnelle peut constituer une entrave momentanée à la symbolisation, car nous la rapprochons des processus auto-anesthésiants générant l’effacement de soi.

Pour éclairer cette légère différence que nous introduisons entre l’addiction et la scène ordalique ou plus précisément comment la scène ordalique bute sur le roc de l’addiction et son principe d’obtention-évacuation, nous présentons en annexe et en guise de contre champ, la clinique d’un sujet addicté.

Cette clinique que nous avons nommée Pégalie, rend compte de la manière dont ce sujet échappe à l’effacement de la parentalité en s’appuyant sur le social par des conduites antisociales.

Pégalie survit à la négation de son existence : «je suis vicieuse », «tout çà est à cause de mon mauvais caractère». Sa survie s’organise à l’aide de conduites antisociales qui paraissent constituer une quête de miroir infaillible, permanent et irrévocable. La multiplicité de ses conduites n’arrive pas à se constituer en tant que «scène suffisamment bonne à symboliser ». Pégalie surfe sur ce monde en trois D, dans un rapport toxique à l’addiction de type héroïne, qu’elle s’évertue de masquer.

Survivante à iconoclastie vampirique, et aux épreuves antisociales, elle s’attribue par retournement en son contraire les manques de l’objet. Elle, et le « mauvais », « le vice » deviennent constants.

Notes
95.

Nous rapportons cet exemple issu de nos échanges de travail.