Une perspective d’accompagnement psychique précoce des mères.

Je suis intimement convaincue qu’un travail psychothérapique familial est indiqué. Cependant cette proposition se heurte au double écueil déjà évoqué :

Les perspectives de cette recherche m’entraînent vers une déambulation, d’un temps à parcourir en sens inverse.

Et si tous ces sujets et leur famille avaient fait l’objet d’un soutien précoce ?

Et si les mères avaient été étayées, portées par des professionnels et soignées ?

Que seraient-ils advenus de ces grands adolescents ?

Je remonte le temps et me souviens avoir consacré dix ans, d’un premier investissement professionnel, au champ de la petite enfance.

Ce pont que j’effectue me permet de constater mes investigations dans deux domaines que je pensais éloignés.

Aujourd’hui, je mets en lien ces bébés et ces adolescents rencontrés.

Me reviennent en mémoire des scènes de portage inadapté par des mères parfois démunies, des enfants devant s’adapter le jour, la nuit, et pouvant rester seize heures sans réclamer leur biberon…..

Toutes ces scènes qui m’interloquaient, font retours différemment.

J’entends à travers ces adolescents la terreur de ces bébés hyper adaptés.

Je perçois également, toute la détresse muette de ces mères « faussement présentes » (F. Duparc, 2006) qui ont développé des stratégies pour masquer leur souffrance aux regards des professionnels, afin de préserver le lien à leur enfant d’un déchirement, qu’un signalement aurait immolé.

A l’aube de ces vingt années, je reste convaincue qu’un travail auprès des mères est indispensable.

Et ce, très tôt, dès la grossesse que j’ai souvent considérée comme un passage par une scène ordalique telle que l’illustre la situation de Pégalie et celle de Pénélope.

Je loue l’accompagnement prodigué dans les services de maternité, de PMI, des professionnels de la petite enfance. Il me paraît aujourd’hui essentiel d’écouter les mères, de les soutenir dans ce rapport à leur enfant que la maternité ébranle, par un retour en force de l’originaire au regard de leur histoire.

Je soutiens l’importance d’accorder un regard ouvert et compréhensif, à l’égard des difficultés rencontrées par ces mères qui appartiennent à l’histoire de leur famille et qui souffrent souvent d’isolement, d’absence d’étayage. Je mesure la nécessité d’une présence auprès d’elles dans les moments de craqués, de résurgence pour accompagner la lecture psychique de leur scène souterraine d’ébranlement.

Je clos ce travail par un chant d’espoir pour que ces mères « vulnérables » puissent être prises en compte, afin que soient accueillis les traces-restes que la grossesse et l’arrivée d’un bébé remobilisent.