2. 2. Le recours à la Radio : initiatives pionnières et développements récents

Après le cinéma, l’apparition de la radio et l’arrivée du transistor dans le milieu du XX ème siècle permit une pénétration rapide de tous les milieux.

Nouvelle innovation dans les années 80, l’apparition des radios libres. Certains diocèses ont vite compris qu’il y avait là une chance à exploiter. Et c’est ainsi que se sont mis en place de véritables réseaux de radios chrétiennes (RCF : Radios Chrétiennes en France ou Radio Notre-Dame) où les auditeurs trouvent une aide pour prier et un regard chrétien sur l’Eglise et le monde.

Selon Catherine Bertho, la radio dans son principe est inventée en 1895 – la même année que le cinéma – lorsque Marconi réalise la première transmission télégraphique entre La Spezia et un navire en mer. Elle n’entre dans le domaine culturel que vingt ans plus tard lorsque se met en place la radiodiffusion. On est au sortir de la guerre : les pays belligérants ont constitué pendant les hostilités un potentiel industriel important pour produire des équipements militaires. Entre 1920 et 1922, dans tous les pays, se met donc en place la radiodiffusion. La radio apparaît à la fin du XIX ème siècle, mais il faut attendre jusqu’en 1920 pour qu’un bulletin d’information soit diffusé quotidiennement aux Etats-Unis.

Par rapport à l’Europe du Nord, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, le développement de la radio en France fut tardif en raison, notamment, des conflits entre stations publiques et stations privées, de la méfiance des journaux, de l’absence d’un statut... La première émission publique et régulière date de 1922 à Paris198. Selon Jean-Jacques Cheval, l’émergence radiophonique du modèle français dans l’entre-deux-guerres n’est pas une construction rationnelle, elle mêle les enjeux politiques aux débats idéologiques, les ambitions privées à des préoccupations de fond199.

La période d’émergence technologique et institutionnelle de la radio est aussi une époque d’intense créativité. Le nouveau média radiophonique doit tout concevoir, à commencer par la notion d’émissions, de programmes, de journée radiophonique et l’agencement des divers éléments dans une grille. A l’origine, elle emprunte à d’autres arts ou supports ses modes d’expression avant d’inventer un nouveau langage qui lui soit propre. Les premiers postes récepteurs sont directement débarqués du matériel militaire. Ce sont des postes à galène d’un réglage difficile, et les auditeurs des premiers temps sont avant tout des bricoleurs200. Pour Jean Jacques Cheval, l’industrie privée et l’armée sont à l’origine en France des premières expériences de radiodiffusion publique. A partir de février 1922, à l’instigation du général Ferrié, Maurice Vinot démarre des programmes « civils » réguliers depuis l’émetteur militaire de la tour Eiffel à Paris201. Aux traditionnels signaux horaires, bulletins météo, cours de la bourse qui sont désormais « parlés » s’ajoutent quelques « radio-concerts », les résultats des courses et des « nouvelles de presse » en attendant la création du « journal parlé » de Maurice Privat en 1924.

Quelques mois plus tard, Emile Girardeau, président de la SFR (Société française Radioélectrique), fonde le premier poste civil et commercial permanent. La SFR est une filiale de la Compagnie générale de télégraphie sans fil (CSF) créée pour réunir les principaux fabricants de matériel électrique. En novembre 1922, la station est inaugurée à Paris sous le nom de Radiola qui est aussi celui du récepteur construit par la SFR. Radiola devient Radio-Paris en 1924. Dans les années 20, d’autres créations se succèdent à Paris ou en province.

Après 1930, quand la radio se professionnalise, la notion de programme radiophonique s’impose et exige un langage spécifique. Celui-ci est essentiellement élaboré dans les grands postes privés : Radio-Paris invente le crochet radiophonique, les jeux primés, le feuilleton. Les postes PTT illustrent une autre conception de la programmation. Disposant facilement du réseau téléphonique national, ils privilégient les reportages …

Créés par des amateurs, les programmes radiophoniques deviennent l’affaire de professionnels, ils s’étendent sur l’ensemble de la journée et de la semaine grâce à une augmentation, toujours plus importante de la diffusion musicale qui constitue très vite l’élément essentiel de la programmation. La diffusion d’enregistrements phonographiques relaie les prestations d’orchestre données en direct.

Le succès de la radio se mesure à son audience forte, qui n’a cessé de croître régulièrement. 86,5% des Français de plus de 13 ans écoutent la radio chaque jour de la semaine, avec une durée d’écoute moyenne de 184 minutes202. L’audience de la radio se partage, de manière assez équitable, entre les radios généralistes, les radios musicales et les programmes locaux. L’écoute de la radio rythme la vie des français : on écoute surtout la radio le matin, au réveil dans le foyer ou pour se rendre sur son lieu de travail (pic d’audience de 7h 00 à 9h 00), et dans une moindre mesure en fin d’après midi vers 17h 00203.

Les stations privées existantes au 31 décembre 1927 se pérennisent jusqu’à la Seconde guerre mondiale, l’interdiction de fonder de nouvelles radios ayant même pu être contournée par la modification de la puissance ou de la localisation des stations existantes. Treize postes privés existent en 1928 et douze encore en 1939. Le Poste Parisien, Radio LL (qui devient Radio-cité en 1935), Radio Vitus (devenue le poste de l’Ile-de-France). Les autres sont situés en province à Agen, Béziers, Bordeaux, Lyon, Mont-de-Marsan, Montpellier, Nice-Juan les Pins, Nîmes et Toulouse.

Au départ, les micros sont de piètre qualité et les premiers speakers ont beaucoup de mal à empêcher sifflements, crachotements ou bruits tonitruants de se produire : c’est alors que se met en place la diction particulière aux speakers de radio. En outre, les premiers émetteurs sont de faible portée, ce qui autorise un développement régional des stations, à l’abri de la concurrence d’un grand émetteur national204. Dans ces conditions souligne Catherine Bertho, le gouvernement intervient peu et le développement de la radio en France se fait sur un mode semi- libéral.

En France, l’avantage principal de la radio sur la presse écrite est le caractère quasi instantané de la transmission des nouvelles. Elle demeure encore aujourd’hui le média par excellence de l’actualité. Comme l’affirme Mc Luhan, la radio provoque une accélération de l’information qui se répercute dans les autres médias205. Pour Fabrice d’Almeida et Christian Delporte, l’information se réduit, à l’origine, à des nouvelles de service, comme la météo ou le cours des produits agricoles, fort utiles aux paysans des provinces françaises206. C’est bien pour cela que la radio intéresse l’Eglise.

La radio touche les gens dans leur intimité. C’est une relation de personne à personne, qui ouvre tout un monde de communication tacite entre l’auteur-speaker et l’auditeur. La radio parle des choses de la vie courante. Elle aide les gens à vivre leur vie de tous les jours. La radio poursuit Mc Luhan, contracte le monde à l’échelle du village et crée d’insatiables goûts villageois pour les cancans, les rumeurs et la malveillance personnelle. Selon Pie XII, la radio jouit du privilège d’être comme affranchie et libre des conditions d’espace et de temps qui empêchent ou retardent tous les autres moyens de communication entre les hommes. Avec des ailes infiniment plus agiles que les ondes sonores, aussi rapides que la lumière, elle porte, en un instant, franchissant toute frontière, les messages qui lui sont confiés. Elle les apporte à tous et partout, aux petits comme aux grands, au hameau perdu sur la montagne comme à la populeuse cité cosmopolite, aux solitudes glacées où les recueille l’oreille du missionnaire ou de l’explorateur, comme aux foules les plus denses des agglomérations industrielles207.

La radio accompagne les Français dans leur vie quotidienne ; elle remplit auprès du public de multiples fonctions, souvent complémentaires. Elle informe grâce aux stations d’information en continu et grâce aux stations généralistes et même musicales qui diffusent des journaux d’information à heures fixes. La radio distrait ou fait rire par l’intermédiaire des programmes de divertissement. Elle permet bien sûr d’écouter de la musique, que ce soit les tubes du moment ou des programmes plus spécifiques. La radio est aussi un moyen de rompre la solitude (elle constitue une présence rassurante), de renforcer le sentiment d’appartenir à une communauté (cf. les radios destinées aux 15- 24 ans) ou tout simplement d’avoir l’heure !

On se rend compte finalement qu’à chaque auditeur correspondent des motivations spécifiques pour écouter la radio208. La radio est un medium simultané, immédiat, souple. Elle est un medium léger, pauvre du point de vu de son infrastructure technique en comparaison avec d’autres médias électroniques. Un rythme rapide, pressé, parfois superficiel, mais aussi exigence absolue de synthèse, nécessité de messages qui ne prétendent pas à une attention prolongée de la part de l’auditeur ; et aussi des références immédiates à des expressions et des codes courants puisque le medium ne permet pas un retour sur le texte en vue d’une réflexion ultérieure.

De 1970 à nos jours, l’on assiste à l’éclatement du paysage radiophonique français : les RLP, la libéralisation, la construction d’un paysage national de la radiodiffusion privée.

L’histoire, en France, de l’éclatement de la « bande FM » (loi du 29 juillet 1982) en une multitude de petites radios, représentent une évolution institutionnelle de l’audiovisuel, qui cesse de relever de logiques institutionnelles lourdes de monopoles et d’investisseurs de pouvoir, pour s’inscrire dans la logique d’une démultiplication des lieux de pouvoir et des acteurs de la production et de la diffusion. C’est dans ce contexte que l’Eglise exprime son désir de se doter de radio. Celui-ci s’est davantage accentué avec les visites de Jean-Paul II en France en 1986, 1987, 1996…

Dans les années quatre-vingts, l’Eglise développe l’idée d’avoir sa propre radio, vu que le temps réservé à la religion catholique par les organes publics de radiodiffusion et de télévision est insuffisant. Quand on remonte le temps, parmi les émissions qui abordent les questions touchant à la religion catholique, on peut citer : la retransmission de la messe chaque dimanche à 10 h sur France-Culture et sur Radio-Lyon à 18 h (rappelons en passant que la messe des malades a commencé à être retransmise à Lyon depuis le foyer de charité de Notre-Dame des Ondes ( nom de la chapelle où est enregistrée la messe) en 1938) ; les interventions ponctuelles des chroniqueurs catholiques sur RTL et Europe 1 ; des magazines d’information religieuse sur RMC, France-Culture, Radio France Internationale et sur France Inter. Cette présence timide de l’Eglise dans les médias publics ne pouvait pas laisser les catholiques indifférents. Ils firent tout pour qu’il y ait une représentation significative de l’Eglise catholique dans les médias et notamment la radio. C’est ainsi qu’en 1935, une pétition fut adressée au ministre des Postes de l’époque, pour obtenir une meilleure représentation de l’Eglise catholique sur les ondes.

D’après Jean Bianchi, deux facteurs expliquent la sous-représentation radiophonique de l’Eglise : d’un côté l’Eglise ne considère pas sa présence à la radio comme une priorité pastorale et se contente des initiatives sporadiques et de l’autre côté une conception restrictive de la laïcité de la part des pouvoirs publics de peur que l’Eglise fasse du prosélytisme.

Signalons que les Eglises américaines ont été les premières à s’investir dans ce domaine.

Ainsi donc, pour lancer les radios chrétiennes en France, l’Eglise catholique a beaucoup bénéficié de l’expérience de Radio Vatican mise en ondes en 1931 et dont nous parlerons plus loin. La première radio chrétienne en France a vu le jour en 1981, c’est la Radio Notre-Dame qui eut à sa suite le réseau RCF et bien d’autres. Ce nouveau contexte, marqué par la multiplication des radios privées, poussa inéluctablement le CSA à clarifier les choses. Après quelques années de tergiversation et d’hésitation, le CSA dans son « communiqué 34 » du 29 août 1989, établit cinq catégories de radios à côté des radios du secteur public.

Au sein des radios chrétiennes (relevant des « radios associatives ») Joseph Casellas209 distingue trois types :

D’autres classifications distinguent entre radios thématiques et radios généralistes, ou encore entre radios progressistes et radios traditionalistes. D’autres encore parlent de radios communautaires, généralistes, de services, de terrain, etc. Remarquons que toutes ces radios, dans la diversité de leurs statuts et de leurs orientations, s’appuient non pas sur un modèle, mais sur une expérience antérieure majeure, celle de radio Vatican. Notons-en quelques caractéristiques particulières.

Au lendemain de la création de l'Etat du Vatican (1929), Pie XI confie à l'ingénieur Marconi et aux jésuites la création d'une station de radio à l’intérieur du nouvel Etat. Le 12 février 1931 a lieu l'inauguration de la station : le pape prononce sa première allocution à la radio Vatican, en latin. Désormais l’Eglise catholique est sur les ondes ! Rapidement, les émissions se font en neuf langues différentes : cette radio est dès sa naissance, polyglotte. L'émetteur historique, d'une puissance de 10 kW, est situé dans les jardins du palais du Vatican, dans une tour médiévale restaurée par Léon XIII à la fin du XX ème siècle. Il émet alors sur deux longueurs d'ondes courtes. En 1936, l'Union internationale de la radio autorise « à titre spécial » la diffusion sans limitation géographique, ce qui permet à la radio Vatican de se développer. Ainsi, en 1937, deux émetteurs supplémentaires de 25 kW sont installés.

Pendant la deuxième guerre mondiale puis la guerre froide, radio Vatican devient un précieux vecteur de la liberté d'expression et de la liberté religieuse face au nazisme et au communisme. Les dictatures font tout pour brouiller les émissions ; c’est le cas en Allemagne où Goebbels se jure de la réduire au silence, en ordonnant le brouillage des émissions ; mais radio Vatican persévère. Elle diffuse ses émissions en quatre langues sur ondes moyennes. Il s'agit surtout de messages des familles aux soldats ou d'appels pour la recherche des disparus. La guerre accélère le développement de cette radio qui diffuse en 1948 des émissions en 19 langues. Elle lance des appels pour la recherche de civils et de soldats disparus ou diffuse des messages de leurs familles aux prisonniers : de 1940 à 1946, en 12.105 heures d'émissions, 1.240.728 messages passent ainsi sur les ondes.

Après la cessation des hostilités, d'autres langues viennent enrichir les émissions ; la nécessité apparaît d’avoir des émetteurs puissants et un réseau d'antennes directionnelles. En 1954 commencent les travaux de construction du centre émetteur de Santa Maria di Galeria. Pie XII l'inaugure le 27 octobre 1957. En 1958, année de l'élection de Jean XXIII au pontificat, de nouveaux studios et bureaux sont aménagés dans l'ancien Musée Petriano. Il faut dire que radio Vatican se développe considérablement pendant les années d'après-guerre. On notera que pendant le Concile Vatican II, plus de 3000 heures d'émissions lui seront consacrées, en plus de 30 langues. En 1963, avec l'élection de Paul VI et son pèlerinage en Terre Sainte en janvier 1964, s’ouvre une nouvelle tâche pour les journalistes et les techniciens de cette radio, celle de suivre le Pape dans ses déplacements. Radio Vatican, grâce à son multilinguisme et la possibilité d’être relayée à travers le monde, a largement aidé à faire valoir les positions du Vatican depuis sa création jusqu’à la fin de la guerre froide avec le démantèlement du mur de Berlin en 1986.

Radio Vatican diffuse actuellement plus de 78 heures d'émissions chaque jour sur 5 chaînes, en 40 langues. Elle émet sur ondes courtes en différentes langues du monde. La chaîne I de radio Vatican diffuse ses émissions régulières en italien, en anglais et en français; la chaîne II diffuse ses programmes en portugais, en espagnol et allemand. Pour le reste de l’Europe et en Amérique, radio Vatican offre des émissions dans les langues suivantes : croate, tchèque, slovaque, polonais, hongrois, slovène, arabe, espéranto, arménien, russe, ukrainien, biélorusse, lituanien, letton, albanais, bulgare et roumain. Les programmes pour l’Asie et l'Afrique sont offerts en arabe, hindi, tamoul, malayalam, swahili, amharique, français, anglais, portugais, espagnol, chinois, japonais, vietnamien et somali…

Grâce à ses contacts ecclésiaux et journalistiques dans presque tous les pays du monde, radio Vatican est au centre d'un réseau d'informations incroyablement riche. Avec près de 400 personnes du monde entier, des laïcs pour la plupart, radio Vatican est un microcosme polyglotte au service du Pape et de l’Eglise Universelle. Lors de l'Angélus place Saint Pierre à l'occasion du jour anniversaire de la première émission, le pape Benoît XVI a rappelé que cette radio est un « instrument de l'évangile et de la parole des papes », c’est une "voix au service de la Vérité et de la Paix". Radio Vatican est au service du Pape et elle est un « service public de l’Eglise », « maison-mère » où viennent chercher assistance et formation les Eglises locales qui commencent à s’investir à la radio.

En France, la première radio chrétienne (radio Notre Dame, créée à l’initiative du diocèse de Paris) n’apparaît qu’en 1981. Très vite, elle rayonne sur la région Ile-de-France et partage son temps d’antenne avec Fréquence protestante. Quelques rares radios diocésaines suivront, à Montpellier radio Maguelone, à Toulouse radio Présence. D’autres seront volontairement fondées de façon œcuménique par les évêques et les responsables d’Eglises chrétiennes, à Marseille radio dialogue, à Lyon radio Fourvière. D’autres encore sont le fruit d’initiatives particulières, celle d’un prêtre de paroisse, d’un groupe d’amis convaincus, d’une communauté charismatique…

Une Fédération Française des radios chrétiennes fondées en 1984, rassemble plusieurs types de radios, catholiques, protestantes, œcuméniques. Le but de la fédération est de promouvoir la création et l’animation des radios chrétiennes et de permettre une meilleure diffusion du message évangélique. Attardons-nous quelque peu sur les lignes éditorialistes de radio Notre- Dame (et de son réseau) et des Radios chrétiennes de France (RCF) fédérées à partir de l’impulsion de radio Fourvière à Lyon.

Radio Notre Dame est la radio du diocèse de Paris. Première radio chrétienne de France créée par le Cardinal Jean-Marie Lustiger, elle est diffusée très largement dans de nombreuses villes de France et même à l'étranger, en pays francophones, grâce à la Cofrac (la communauté francophone des radios chrétiennes). La Cofrac gère la banque des données et fournit un échange de programmes avec d’autres radios chrétiennes en France et à travers le monde.

Radio Notre Dame compte aujourd'hui une cinquantaine de salariés et autant de collaborateurs bénévoles.

En plus de sa diffusion chaque jour sur 100.7 en FM à Paris et dans toute l'Ile-de-France, ses programmes sont repris sur les radios membres de la Communauté Francophone de radios Chrétiennes. A Paris et dans le monde entier. On peut écouter la radio Notre Dame sur Canalsat-canal 119, Astra 1H, NC Numéricable sur canal 65, et sur www.radionotredame.com.

La radio Notre Dame diffuse également une banque de programmes sur une cinquantaine de fréquences en France (Présence à Toulouse, Fidélité à Nantes, Dialogue à Marseille, Jéricho à Metz, Accords à Poitiers …), et une centaine à l’étranger (Afrique, Moyen-Orient, Océanie, Madagascar, Canada) par les systèmes satellitaires Eutelsat et Intelsat. Au total, elle est diffusée sur 43 fréquences qui touchent vingt millions de personnes.

Comment cette radio se définit–elle dans le paysage médiatique français ? Cette « voix chrétienne dans le monde » se veut avant tout une radio professionnelle. Notre-Dame l’est, parce qu’elle est animée par une équipe des professionnels. Notre-Dame veut faire savoir, informer, donner du sens à ce que l’homme vit ; elle propose une autre façon de voir les événements, en y ajoutant une dimension spirituelle et des raisons d’espérer. Elle est par principe une radio généraliste qui projette un regard chrétien sur les événements. Il y a trois axes dans son programme : information, prière (Chapelet en direct de Lourdes, messes des malades, chapelet du soir), et enseignement.

Cette radio fait le pari de la proximité avec les auditeurs. De plus en plus d’émissions interactives pour permettre la participation des auditeurs afin de favoriser le dialogue. Notre–Dame est un outil d’accompagnement religieux. Les auditeurs sont au cœur de toute la politique d’évangélisation ou mieux de communication.La volonté de devenir une radio régionale forte et donc plus proche des auditeurs a poussé la hiérarchie à installer des mini studios sur tous les départements d’Ile-de-France, permettant ainsi de produire des émissions qui peuvent ensuite être diffusées sur radio Notre – Dame en différé.

La volonté affichée de développer le dialogue et la fraternité au sein de l’Eglise se manifeste également dans l’émission « parole d’évêques » où ces derniers répondent en direct aux questions des fidèles.

Notre–Dame se veut aussi une radio attentive à l’évolution du monde. Elle s’adapte au nouveau contexte de communication : nouvel habillage, changement de ton à l’antenne. Elle a repensé son habillage afin de renforcer la perception de son identité par l’auditeur, faire évoluer son image et développer sa notoriété.

Mgr André Vingt-Trois, la définit comme étant une radio d’ouverture, d’espérance et de fraternité. « Radio Notre-Dame, parmi d’autres radios, assume la mission et la vocation d’exprimer d’une façon ouverte, c’est-à-dire accessible à quiconque veut bien l’écouter, la possibilité de connaître la fraternité chrétienne. Elle le fait par le témoignage de ce qu’elle vit, la possibilité d’y participer par l’écoute de ce qu’elle annonce, la possibilité de l’interroger par les questions qu’on lui pose. La vertu particulière de la communication radiophonique, vieille maintenant de près d’un siècle dans son développement, donne un moyen exceptionnel, non pas de faire la propagande, mais d’exprimer quelque chose de la fraternité chrétienne en mettant en relation des communautés diverses dans leur expérience, dans leur vécu, dans leur réflexion, dans leur expression culturelle. Non seulement à travers les diocèses d’Ile-de-France qui sont étroitement associés maintenant à la vie de radio Notre-Dame mais encore, à travers la Cofrac, par les liens qui peuvent se créer à travers différents diocèses de France et surtout à travers des diocèses francophones dans le monde. Radio Notre-Dame a été conçue, voulue et s’est développée comme un instrument ecclésial. Elle a été voulue, conçue et s’est développée comme une façon d’exprimer la mission de l’Église dans le monde d’aujourd’hui. Elle se développera, elle se répandra dans la mesure où elle sera fidèle à cette mission et où elle développera les possibilités d’aller à la rencontre de nos contemporains, non seulement par le débat interactif, mais encore par le dialogue esthétique que permet l’audition de qualité qu’elle donne. (…) cette radio proclame l’espérance ; grâce à elle, la voix de l’Évangile, le témoignage de l’Église, la liberté d’expression des hommes, la manifestation de leur production culturelle et artistique sont mieux connus, mieux perçus et mieux reçus »210.

L'objectif premier est de donner aux auditeurs une présence chrétienne sur les ondes, par la lecture de l'Evangile, la prière, le chapelet, la messe à l’église Notre-Dame le dimanche soir. Cette radio propose aux auditeurs des pistes, des éléments de réflexion pour qu'ils puissent vivre l'Evangile dans leur vie quotidienne : rencontres avec des auteurs, témoignages de foi, réponses aux questions des auditeurs, informations, retransmission de grands événements de la vie de l'Eglise : notamment les JMJ et les voyages pontificaux.

Actuellement, compte tenu des problèmes qui se posent en Ile-de-France (immigration, vandalisme, violence, vol…) il ne serait pas mal de réfléchir sur des émissions axées sur l’éducation citoyenne et la mixité sociale. Ce serait une voie d’ouverture et de fraternité qui répondrait bien à l’une des responsabilités des médias, à savoir, éduquer les mentalités.

Intéressons-nous maintenant à la radio Fourvière aujourd’hui RCF et qui est une radio chrétienne œcuménique. Le succès de cette radio qui se veut chrétienne plutôt que religieuse, réside en effet dans sa fidélité à « sa mission originelle » et lui permet de drainer chaque jour quelques 880 000 auditeurs.Avec l’arrivée de la nouvelle équipe, constituée de trois journalistes permanents, Radio Fourvière veut mettre à présent, l’accent sur l’information de proximité et souhaite se rapprocher de sa ville natale dont elle s’était éloignée en devenant nationale.

RCF, est un réseau de 48 radios chrétiennes francophones ; 52 radios chrétiennes en France et en Belgique. Créé à Lyon en 1986 à l’initiative des évêques, le réseau RCF s’impose aujourd’hui comme un acteur majeur de l’information et de la communication.

A partir d’Avril 1982, Radio Fourvière, radio chrétienne œcuménique, émet depuis les tours de la basilique de Fourvière. Cette radio, créée dans la foulée des radios libres qui commencent à foisonner sur la bande F.M., a trouvé son style et ses auditeurs grâce à un programme de qualité et largement ouvert.

Du point de vue historique, il convient de signaler que radio Fourvière n’a vu son audience croître qu’à partir du voyage du pape Jean-Paul II en septembre 1986 à Lyon et également grâce à l’installation d’un relais sur l’émetteur du Mont Pilat. Véritable network chrétien, souligne Jacques Gutwirth, la station catholique radio Fourvière à Lyon, avec son serveur satellite sur la colline lyonnaise, élabore des programmes concertés, avec un minimum de décrochages locaux. De manière œcuménique, on y programme aussi des émissions de groupes protestants et orthodoxes qui sont représentés au conseil d’administration de RCF 211.

Créateur d’emplois et de lien social, RCF est un véritable réseau de radios citoyennes fort de l’engagement de 250 salariés, de 300 bénévoles et du soutien indispensable de ses nombreux donateurs. Radio respectueuse de tous ceux qui sont à l’écoute de ses programmes, attentive aux valeurs culturelles, religieuses et humaines, RCF s’adresse à « l’âme » de ses auditeurs, ainsi que l’indique son slogan « la radio dans l’âme ». Musiques, économie, information, culture, foi chrétienne : les programmes RCF portent un sens, une proximité, un véritable regard chrétien sur le monde.

Radio thématique, RCF diffuse un programme chrétien, généraliste et grand public. Elleest une radio qui s’occupe de l’âme des fidèles. Coopératif dans l’âme, interactif dans l’âme, proximité dans l’âme…A chaque fois, le terme « âme » revient comme un leit motiv qui détermine la mission de cette radio. Ainsi donc, ce qu’on diffuse vise d’abord et en premier lieu le salut de l’âme de l’auditeur. C’est une radio à visée religieuse. Le but étant de cheminer avec le fidèle jusqu’à son salut. Et le salut on l’acquiert en écoutant les émissions dans une dynamique de conversion. Les auditeurs peuvent suivre les enseignements de l’Eglise à tout moment, le matin en se levant, dans leur voiture, ainsi qu'en leur lieu de travail, etc. Les programmes sont élaborés pour aider l’homme dans sa foi conformément à l’enseignement de l’Eglise qui affirme que « rien de ce qui est humain ne peut échapper à l’Evangile ». Les animateurs eux-mêmes donnent leur propre marque aux émissions contribuant ainsi à les « personnaliser ».

Présence chrétienne, moyen d’expression libre, messagère de la bonne nouvelle, lieu de parole, de communication, de communion, d’écoute, de témoignages chrétiens, d’attention aux exigences de justice, de liberté, de solidarité et de paix, RCF est l’une des radios chrétiennes la plus remarquable.. Elle a su tirer parti de l’interactivité et par le choix de ses programmes très diversifiés elle évite l’écueil du « prosélytisme religieux » tout en suscitant le « questionnement » chez son auditeur.

Cependant, comme tout média, la radio RCF y compris, présente des limites. Ainsi, la rapidité de la diffusion de l’information brûle parfois l’étape de vérification de la « véracité » du message. Pour soutenir l‘attention de l’auditeur les messages sont généralement brefs, morcelés, laissant beaucoup de place à l’interprétation donc au danger d’édulcorer le sens même de l’information. L’évaluation de sa collaboration à l’évangélisation, reste encore à faire. Mais au regard de la situation de l’Eglise en général et de celles concernées par RCF en particulier, on peut dire que sa contribution, de ce point de vue, est encore très modeste.

Après ce long parcours, il convient de s’interroger sur le pourquoi de la radio dans l’Eglise catholique, plus exactement sur les motifs qui la poussent à être opérateur de radiophonie.

Au sein de l’Eglise, on peut relever de singuliers contrastes dans les propos des évêques sur la radio d’un côté, le cinéma et les livres de l’autre. L’une autorisant les espérances les plus folles, les autres devenant repaires de tous les vices.

La radio est qualifiée d’invention merveilleuse …et mystérieuse selon les mots du cardinal Dubois. Avec, indissociablement, quelques craintes sur le mauvais usage qui en découlerait, et contre lequel met ici en garde l’archevêque de Paris : «  la radiophonie est une merveilleuse invention. Née d’hier, elle est entrée dans nos mœurs. Grâce à elle, la parole ne connaît plus l’obstacle de l’espace ; en un instant, elle se fait entendre à des distances indéfinies. Instrument de progrès : oui, certes ; et qui attend, plus que tout autre peut-être, la puissante ingéniosité de l’intelligence humaine. Honneur à ceux qui l’ont réalisé ! Mais quelle responsabilité pour qui l’exploite ! (…) Cette géniale création peut servir également le bien et le mal »212. D’autre part, la lettre de l’Episcopat des Pays-Bas, datée d’avril 1930 souligne « qu’actuellement, la radio est un des moyens les plus influents que Dieu nous ait donné et que l’intelligence humaine ait inventé pour atteindre la grande masse ». La radio ignore les distances, par elle la parole parlée pénètre dans tous les foyers. Par elle, l’Eglise catholique peut pleinement répondre à l’injonction du Christ « allez et enseignez tous les peuples, prêchez l’évangile à toutes les créatures »213.

En effet, la création des radios chrétiennes intervient au moment où les indicateurs de la pratique religieuse sont en baisse et où le nombre des prêtres est en diminution rapide. Ces radios naissent d’un choix pastoral qui privilégie le tissu local, ecclésial mais aussi social. Souvent diocésaines, elles s’inscrivent dans la dynamique de communication de l’Eglise locale. Ce sont des radios d’évangélisation. Leur auditoire déborde le cercle des pratiquants, elles touchent aussi bien les croyants non pratiquants que les non-croyants. Elles se positionnent face au besoin d’information de proximité de leur public : connaissance des activités au niveau local et par rapport à l’Eglise (ce que l’évêque dit, mais aussi et surtout ce que font et réalisent les services, mouvements, œuvres et communautés de l’Eglise locale). Elles font participer leur auditoire à des événements, des temps forts de la vie diocésaine (ordination, pèlerinage, clôture d’un synode, fête patronale d’une congrégation ou d’une paroisse, etc.). Tout ceci réveille, rétablit, entretient et développe le sentiment d’appartenance ecclésiale. Leur avenir, d’après Georges Decourt, dépend moins de choix politiques que de choix pastoraux.

Notes
198.

M. Mathien, Economie générale des médias, (coll. Infocom), édit., Ellipses, Paris, 2003, p. 151.

199.

J-J Cheval, Les radios en France. Histoire, état et enjeux, (coll. Médias et nouvelles technologies), édit., Apogée, Rennes, 1997, p. 30.

200.

C. Bertho, Op. Cit., p. 21.

201.

Ibidem, p. 22.

202.

Enquête 75000 + radio Médiamétrie : Lundi- Vendredi, tranche 5 h 00 – 24 h 00 Novembre – Décembre 2002.

203.

Les Médias. Marchés – Acteurs – Stratégies, (sous la dir. de G. Le Flohic), édit., Elembi, Paris, 2003, p. 33.

204.

C. Bertho, Op. Cit., p. 22.

205.

Mc Luhan, Op. Cit., p. 348.

206.

F. d’Almeida et C. Delporte, Histoire des médias en France. De la grande guerre à nos jours, édit.,

Flammarion, Paris, 2003, p. 76.

207.

Les Médias. Textes des Eglises, édit., du Centurion, Paris, 1991, p. 89.

208.

Les Médias. Marchés – Acteurs – Stratégies, p. 33.

209.

Cf. J. Casellas, Pieuses, identitaires ou frontalières : les lignes éditoriales des radios chrétiennes, dans Une Eglise des Ondes ? Vingt ans de radios chrétiennes en France, édit., Profac, Lyon, 2002, p. 47 – 64.

210.

Mgr André Vingt-Trois, Homélie à l’occasion du 25 ème anniversaire de la radio Notre-Dame.

211.

J. Gutwirth, L’Eglise électronique. La saga des télévangélistes, édit., Fayard, Paris, 1998, p. 223.

212.

Cf. La déclaration du cardinal Dubois, dans Les Médias. Textes des Eglises, p. 41- 42.

213.

Cf. La lettre de l’Episcopat des Pays- Bas, dans Les Médias. Textes des Eglises, p. 44.