Parallèlement au développement de la radio, un nouveau média est en gestation : la télévision.
Dans les années trente ont lieu en France, en Angleterre et aux Etats-Unis des démonstrations expérimentales de télévision. A Paris, la première séance publique a lieu le 14 avril 1931 dans l’amphithéâtre de l’Ecole supérieure d’électricité. Cependant, la télévision demeure à l’état quasi expérimental jusqu’à la déclaration de guerre : en 1939 il y a quinze heures d’émissions par semaine et quelques dizaines - quelques centaines au plus – de récepteurs répartis dans la région parisienne… Le véritable démarrage ne date que de la fin des hostilités214. Compte tenu de la complexité inhérente au procédé mais aussi des enjeux industriels qu’implique ce nouveau support de message, il faudra attendre pratiquement la fin des années cinquante pour que la télévision commence à se répandre.
Ce n’est qu’en 1948, qu’un système de conception entièrement française est normalisé par un arrêté officiel. Les premières émissions régulières débutent l’année suivante. En 1949, Wladimir Porché, crée le premier journal télévisé. Il est d’abord trihebdomadaire et deviendra rapidement quotidien puis biquotidien. Au début des années 1950, les émetteurs de province se mettent peu à peu en place (Lille, 1950 ; Strasbourg, 1953 ; Lyon et Marseille, 1954). En 1954 le Parlement lance un vaste plan d’équipement du territoire ; les sommes allouées à la télévision doublent pour dépasser le milliard de francs en 1955. En 1959 l’état décrète que la télévision doit subvenir elle-même à ses besoins. A l’époque, seul un foyer sur 100 possède un téléviseur alors que la radio rassemble 20 millions d’auditeurs. Néanmoins la grille des programmes s’étoffe peu à peu et le temps de diffusion hebdomadaire passe de 12 à 34 heures, entre 1947 et 1953215.
Quelques dates intéressantes dans l’histoire de la télévision
Mais très vite, la télévision montre son vrai visage et entre dans chaque famille. Le média est déjà constitué des deux grands ingrédients de son succès, son pouvoir visuel unique et son immixtion dans l’intimité des autres. Cette double fonction constituera la prémisse de la télé réalité217.
Parmi les émissions et organes de télévision à la disposition de l’Eglise catholique, on peut citer : le Jour du Seigneur (émission de France 2 diffusée chaque dimanche matin en collaboration avec les Dominicains) ; KTO (Chaîne de télévision du diocèse de Paris diffusée sur le câble et le satellite). Ces deux formes d’interventions permettent à l’Eglise d’atteindre les téléspectateurs grâce à un langage adapté à leurs besoins. Les émissions chrétiennes touchent à la fois croyants et non-croyants et chacun peut y trouver ce dont il a besoin.
1°) Les non-chrétiens, croyants d’autres religions ou agnostiques, y trouvent souvent l’information dont ils ont besoin sur le catholicisme.
2°) Les baptisés adultes qui ont perdu contact avec l’Eglise catholique y voient l’évolution de leur communauté d’origine et y trouvent des éléments de jugement sur son actualité.
3°) Les chrétiens pratiquants reçoivent les moyens de confirmer ou de relativiser le discours qu’ils entendent dans leurs paroisses et mouvements, de prendre conscience de la catholicité de leur foi ou au contraire de sa singularité.
4°) Les jeunes de chacun des précédents groupes y perçoivent des points de vue alternatifs à ceux qu’ils perçoivent dans leur éducation familiale ou religieuse.
Toutefois il convient de souligner que le public des émissions religieuses est de nos jours un public particulier. C’est un public surtout âgé, féminin, de niveau socioculturel peu qualifié et aux ressources financières limitées. On y trouve d’abord des pratiquants que l’âge ou la maladie retiennent chez eux le dimanche, ainsi que ceux qui sont dans des homes, des hôpitaux, des maisons de retraite. A ce public de base se joignent des croyants plus ou moins déçus de ce qu’ils trouvent dans leur paroisse : ils viennent chercher à la télévision une célébration plus soignée, une prédication plus adaptée. « Tout se passe, note Jean Bianchi, comme si une part notable des catholiques des classes cultivées avait déserté la messe paroissiale pour une autre pratique régulière, une messe de substitution qui permet une identification de soi-même plus valorisante »218. En revanche, des pratiquants actifs demandent aux émissions catholiques soit une formation chrétienne, soit une prédication plus travaillée, soit une aide ou des idées pour assumer leurs responsabilités (liturgiques, catéchétiques) dans l’Eglise. Soit encore des éléments pour dire la foi en termes actuels.
Il y a d’autre part tout un public non-pratiquant pour lequel les émissions religieuses (notamment le dimanche) sont une façon, soit de continuer à marquer leur appartenance religieuse, soit d’exprimer leur intérêt pour les questions religieuses. Ceux- là sont empêchés de se rendre à l’Eglise non par des problèmes de santé, mais par des motifs de distance psychologique : « la messe fait partie du fonds d’images et de sons qui accompagne les occupations du dimanche matin (…) ; on lui accorde simplement une attention flottante, on reste disponible pour une accroche ponctuelle avec son message. Enfin, les émissions à caractère religieux intéressent des croyants et pratiquants d’autres religions, ces émissions prennent alors, pour ceux qui la regardent, un caractère « documentaire », « culturel ».
Jean Bianchi, distingue trois catégories qui sont en fait, trois univers sociaux et mentaux qui forment l’auditoire de la messe télévisée à savoir, les dévots, les bricoleurs et les esthètes. Les « dévots » sont des « individualistes » par opposition aux « communautaires » ; ils sont à la recherche d’un contact avec la foi et la messe télévisée leur permet de vivre autrement leur appartenance à l’Eglise, en s’affranchissant des disciplines de l’institution. A côté d’eux, on trouve le « bricoleurs ». Ils choisissent ce qui leur convient dans l’offre de paroles, de symboles et de doctrine. Enfin les « esthétisants », c’est-à-dire ceux qui sont sensibles à la qualité culturelle de la célébration : solennité, chants mieux exécutés, prédication adaptée, etc.
Les enquêtes démontrent que les plus de 65 ans sont les plus assidus et qu’ils sont suivis par les 50-64 ans. En 1984 les sondages avançaient les chiffres allant de quatre à six millions des téléspectateurs.
Malgré cette diversité de téléspectateurs, ces émissions n’ont qu’une faible audience et leur public reste moins nombreux.
Attardons-nous au cas, emblématique de l’usage de la télévision par l’Eglise catholique en France, de l’émission dominicale Le Jour du Seigneur sur France 2 : son statut, son contenu et son public.
Créée en 1948 à l’initiative du P. Richard, cette émission devint régulière à partir de 1949. Le Jour du Seigneur est beaucoup plus que la retransmission en direct de la messe dominicale ; par son Magazine et par ses témoignages en direct, elle exprime la vie des chrétiens, leurs engagements dans les domaines les plus divers ; elle évoque les grands traits de la vie de l’Eglise219.
Au début, Le Jour du Seigneur était diffusé sur TF1. Protégée par la loi de 1985 (Loi de privatisation de TF1, qui fixe en même temps le cahier des charges du service public, donc des émissions religieuses) elle passe sur France 2 en 1987. Cette chaîne apporte un concours technique et couvre les frais des émissions en direct et des enregistrements en studio. Le Comité français de radio – télévision, constitué sous la forme d’une association selon la loi de 1901, est chargé par l’épiscopat d’assurer l’émission catholique Le jour du Seigneur à la télévision française (tous les dimanches de 10 h 30’ à 12 h sur France 2, programme repris par France 3 en Martinique, Guadeloupe, Guyane, Tahiti, Nouvelle-calédonie, Réunion, Saint-Pierre et Miquelon, et par plusieurs télévisions de pays africains francophones). C’est également ce comité qui assume, en principe, pour sa part la charge financière de la préparation des émissions, des films, des salaires de l’équipe de tournage, des collaborateurs aux émissions. Ses frais administratifs (au total trois millions et demi par an), sont couverts par les dons volontaires des fidèles et sympathisants. Notons que le producteur du Jour du Seigneur est à la fois désigné par l’Eglise catholique (parmi les religieux dominicains) et salarié de la chaîne publique.
Cette émission dure quatre-vingt-dix minutes et est animée par une équipe de techniciens, de producteurs et de réalisateurs, sans oublier les téléspectateurs qui y participent. Avant d’arriver dans une paroisse, l’équipe contacte le maire, le responsable de la paroisse, la gendarmerie, l’EDF., etc. Une trentaine de personnes est chargée de l’organisation technique : camion de matériel électrique (câbles et projecteurs), camion des machinistes (chariots, estrades, pieds de caméras), car de régie qui « fabrique » image et son, voiture des relais qui assure la liaison avec l’émetteur de Paris. Cette équipe utilise le modèle itinérant – une paroisse différente chaque dimanche – et se différencie aussi de KRO Hollande ou de l’Allemagne ZDF qui ont choisi un modèle plus sédentaire en revenant une fois sur deux dans la même paroisse ou trois fois sur quatre dans la même paroisse sur un semestre.
Dès sa création, l’émission a été conçue en trois parties.
1. Le magazine (de 10 h 30 à 11 heures) : il propose des informations sur la vie de l’Eglise et de la société, des témoignages sur la foi, des séquences d’initiation à la Bible, des réflexions sur les questions culturelles ou scientifiques de notre temps, des reportages, des films, des livres.
2. La messe (de 11 heures à 11 h 53) : retransmise en direct d’une paroisse, d’un couvent, d’un monastère ou d’un lieu de pèlerinage.
3. Midi moins sept (de 11 h 53 à 12 heures) : brève séquence sur des problèmes de société, des questions d’actualité, de la vie de l’Eglise et de ses services.
A partir du dimanche 9 septembre 2007, Le jour du Seigneur, propose un nouveau magazine d’actualité de 9 minutes : C’est aussi de l’info, après la messe, à 11h51.
La nouvelle émission garde le même horaire, la même durée, les mêmes présentateurs… et surtout le même souci d’informer sur l’actualité de l’Eglise. L’émission aborde la vie de l’Eglise, en France et ailleurs, les réalités des chrétiens dans le monde et les grandes questions d’actualité. Mais, là où, par le passé, l’ordre et les temps des sujets - reportage, interview, brèves – étaient figés, cette émission se donne la liberté de les adapter à l’actualité. Elle met l’accent sur la diffusion de certaines images fortes, des interviews courtes recueillies par les reporters sur un événement, ou encore des analyses de Jean-Marie Guénois qui joue le rôle « d’expert ». Le magazine a pour but d’aider le plus grand nombre à vivre et entrer dans la foi chrétienne. Il se veut aussi éducatif et ouvert sur l’art.
Selon son statut propre, cette émission concourt à la mission générale de l’Eglise et à l’annonce de l’Evangile. Par la présentation de diverses communautés et situations où se vit la foi, par l’ouverture sur les communautés chrétiennes des autres pays, par sa dimension œcuménique, elle est un élément important de culture chrétienne et de formation au sens de la « catholicité » du peuple de Dieu.
A partir de quel moment les autres confessions religieuses ont–elles fait leur entrée dans Le Jour du Seigneur ?La première émission de Présence protestante a eu lieu le 02 octobre 1955. Les orthodoxes ont fait leur entrée en 1963 et la première émission Foi et tradition des chrétiens orientaux en 1965. L’émission des israélites intitulée La Source de vie intervint en 1962 et enfin les musulmans en 1983. Avec l’entrée des autres religions, Le Jour du Seigneur devient une émission œcuménique où chaque dimanche matin, les fidèles des grandes religions de France peuvent suivre leur culte et apprendre des informations sur la vie de leurs Eglises respectives.
Cette émission comporte trois orientations : le souci de l’universel, le sens de l’homme, l’annonce de l’Evangile dans la culture moderne.
La réalisation de cette émission a connu parfois des moments de conflits et de tensions avec l’administration de l’Office de Radio Télévision Française (ORTF), ainsi qu’avec les représentants de l’Eglise catholique ; mais à chaque fois, les problèmes ont pu se régler par le dialogue et la clarification au niveau des compétences, des droits et devoirs des uns et des autres.
Pour soutenir l’émission, Le Jour du Seigneur publie un bulletin sous ce titre, depuis 1974. L’impression et l’envoi de ce dernier sont assurés par une communauté des religieuses franciscaines.
Abordons maintenant les questions que soulève cette émission.
Des questions ont été soulevées quant au bien fondé de la messe à la télévision, certains chrétiens étaient dès le départ opposés à ce qu’on montre l’hostie à la télévision. Si tel est le cas, quel genre de messe allait-on diffuser ? Allait-on assurer une retransmission intégrale ou seulement une partie de la messe ? D’autre part, la position du théologien allemand Karl Rahner qui soutenait que la retransmission de la messe télévisée était non conforme à la tradition220, avait semé des troubles quant à la position à prendre vis-à-vis de cette question. Selon K. Rahner, le noyau le plus intime de toute religion est réservé aux seuls initiés. Dans l’Eglise catholique, l’Eucharistie est le mystère le plus sacré de la foi chrétienne. La présenter à la télévision, c’est livrer le mystère en pâture au tout-venant et donc à l’incompréhension, à la critique ou à la raillerie des non-initiés221. Les évêques allemands se sont ralliés à ce point de vue, alors qu’en France, on reste encore attaché au principe de la messe télévisée. Cependant une question demeure, celle d’une réflexion théologique sur l’image et de son utilisation par les médias.
La ritualité constitue d’évidence l’une des dimensions maîtresses du monde religieux et l’un des axes classiques de son étude. Des processus rituels sont aussi repérables dans l’univers de la télévision, tant dans le comportement des téléspectateurs, ou dans l’inscription au sein de la société globale. Un certain nombre d’analystes privilégient d’ailleurs cette voie d’accès à l’intelligence de la télévision222. La messe télévisée représente un cas de figure exemplaire, parce qu’il s’agit en soi d’un rituel religieux à la fois familier et complexe…
En effet, la messe télévisée telle qu’elle est pratiquée, est à la fois transmise en direct, en temps réel, quasi- intégralement, en respectant la dramaturgie propre à l’événement. Elle n’est pas filmée en studio, mais dans un lieu de culte reconnu comme tel. La caméra y filme le public présent à l’église pour attester le rôle d’acteur liturgique de la communauté rassemblée.
La messe télévisée se caractérise notamment par sa sobriété : un commentaire discret, quasi inexistant (le commentaire, en effet met à distance et casse la participation), des effets spéciaux obtenus par inserts ou surimpressions (qui feraient basculer l’action liturgique du côté de la démonstration didactique). Elle ne s’autorise que de brèves incursions « mystagogiques » : le Christ du vitrail émergeant en fondu, enchaîné de l’image de la communauté célébrante, un panoramique ascendant jusqu’à la clé de voûte au moment du Gloria… La même sobriété bride les caméras en matière de gros plans. A la consécration, les caméras s’efforcent de faire prédominer les gestes du célébrant, en renonçant à des plans trop serrés sur l’hostie ou le calice223. Avec la messe, la télévision travaille sur un rituel existant, sans chercher à le déstructurer et à le recomposer dans sa logique propre. Elle recueille la richesse symbolique, et en effectue une transposition négociée avec ses célébrants légitimes. La messe représente pour ainsi dire, un cas d’harmonisation du rituel religieux et du rituel télévisé224.
Touchant chaque dimanche plus de deux millions de personnes, l’émission Le jour du Seigneur est pour l’Eglise catholique un incomparable moyen apostolique dans le domaine des médias. Comme le souligne Bernard Gendrin, « notre position sur la deuxième chaîne du pays est une chance, pour l’Eglise, qui bénéficie ainsi d’une formidable tribune. Cette chance engage notre responsabilité première : donner à voir et à entendre du sens, de la réflexion, la substance de l’Evangile, faire écho à la vie de l’Eglise »225. Il faut toutefois dire que l’influence de la télévision ne doit pas être surestimée. On sait que les auditeurs ne prennent pas pour argent comptant les images qui leur sont proposées ; chacun filtre les messages reçus à travers sa propre culture, ses opinions préalables, son environnement, les témoignages reçus dans la vie réelle, etc. Les téléspectateurs gardent donc une large marge d’appréciation et prennent de la distance par rapport à ce qu’ils reçoivent, d’abord en choisissant ou pas de regarder un programme, en relativisant ensuite les informations proposées. Pour ce qui est de la messe télévisée, les liturgiques s’accordent pour déplorer le stress que la lourde machine télévisuelle fait peser sur les acteurs de la célébration226.
La limitation de l’audience des émissions religieuses peut principalement s’expliquer par la crise de la relation de la société dans son ensemble avec l’Eglise. Là où cette relation est forte, l’audience reste assurée, même si la qualité des émissions est médiocre : regarder ces émissions est avant tout un acte d’identification dans la société pluraliste qui est la nôtre. Là au contraire où cette relation s’affaiblit, l’audience baisse, aussi bonne que soit par ailleurs la qualité de ces émissions. Cette baisse d’audience n’est qu’un signe parmi d’autres d’une prise de distance beaucoup plus générale par rapport à l’Eglise.
Soulignons toutefois, que cette émission est un puissant moyen pour atteindre une large couche de la population, en France comme dans le monde et ainsi proposer à ceux qui le veulent le message de l’Evangile. C’est dans ce contexte que nous voulons dans la dernière partie, nous pencher sur des questions de stratégies.
Certes, la place de l’Eglise dans le monde audio-visuel reste encore modeste. Pourtant elle est loin d’être négligeable. Voilà déjà longtemps qu’on peut suivre les émissions religieuses le dimanche matin à la télévision. Avec la chaîne de télévision KTO du diocèse de Paris, l’Eglise catholique se veut de plus en plus présente sur la place publique.
La chaîne de télévision KTO 227 représente un autre lieu de la rencontre Eglise / Télévision. Créée sous l’impulsion de l’archevêché de Paris, la chaîne KTO s’est positionnée dès son origine comme « la Télévision Catholique », c’est-à-dire la télévision faite avec tous les catholiques, mais aussi ouverte à tous les chercheurs de spiritualité, croyants ou non. Elle désire offrir un visage moderne, sans censure ni prosélytisme, destiné à servir de trait d’union à toutes les générations et les classes sociales.
Les programmes de KTO ont débuté le 13 décembre 1999, avec la fête de Noël et l’ouverture de l’Année sainte du Jubilé de l’an 2000. Cette chaîne a depuis lors couvert tous les moments forts de l’Eglise en France et dans le monde, et en particulier les voyages de Jean-Paul II et aujourd’hui de Benoît XVI.
Voici la mission et les objectifs de la chaîne KTO, tels que décrits par Mgr André Vingt- Trois, alors archevêque de Tours : « nous avons la chance d’avoir en France une chaîne de télévision catholique : KTO, celle- ci remplit une mission plus large : donner une information circonstanciée sur la vie de nos diocèses et les initiatives des catholiques, porter un regard chrétien sur les événements du monde, diffuser une information chrétienne et témoigner de l’espérance de l’Evangile, transmettre des informations sur les Eglises dans le monde, de nombreux reportages sur Rome et les activités du Pape »228.
Selon qu’elles sont publiques ou privées, les chaînes ont des obligations spécifiques en matière de programmes, mais, curieusement, la loi ne les contraint guère au niveau de la grille. Aussi, celles-ci obéissent-elles à des logiques variables selon les moments de l’histoire ou selon les buts recherchés par les institutions télévisuelles229. En effet, dans la grille de programme de KTO, on trouve : les reportages sur les voyages du Pape, la retransmission de quelques émissions en direct de Rome, la retransmission en direct des offices religieux, KTO Magazine ( une émission qui traite des problèmes de société), KTO infos ( un regard sur l’actualité générale, religieuse, nationale et internationale), solidairement vôtre ( magazine de l’humanitaire et de la solidarité : on y parle des associations), VIP ( conversation avec des personnalités sur des sujets aussi divers comme la mort, la vie, la famille…).
A KTO 30 % de ses programmes sont de nature religieuse, les 70 % restant concernent le témoignage d’hommes défendant les valeurs chrétiennes ou universelles. Dans l’ordre des documentaires ou magazines 40 % mettent en valeur le patrimoine culturel mondial et 60 % concernent les débats de société accessibles à tous. Selon, François. Jost et Gérard Leblanc, les chaînes privées doivent, elles aussi, obéir à certaines règles imposées par un cahier des charges. Comme le service public, elles doivent veiller au respect de la personne humaine et à l’objectivité des informations ; elles n’ont, en revanche, aucune obligation concernant des émissions spécifiques d’ordre politique, religieux ou éducatif et elles n’ont que très peu de contraintes quant aux types de programmes qu’elles diffusent : hormis quelques règles concernant le nombre de spectacles dramatiques ou lyriques et de concerts, le quota d’œuvres d’expression française et le volume des messages publicitaires, elles jouissent d’une grande liberté230.
Ainsi que le soulignent François Jost et Gérard Leblanc, chaque journée se déroule comme la précédente et la télévision reproduit quotidiennement notre quotidienneté en proposant les mêmes émissions aux mêmes heures. Les seuls changements à cet ordre immuable, interviennent quand le jour de la semaine est lui-même particulier. La télévision, affirment les deux auteurs, se force de mimer notre quotidienneté en embrayant ses programmes sur nos rythmes physiologiques et sociaux. Ce mimétisme détermine d’une part le contenu des programmes, d’autre part l’attention requise chez les spectateurs231. En d’autres termes elle doit se calquer sur le quotidien.
Dès son ouverture, KTO a largement développé des programmes originaux sur les sujets les plus divers permettant d’intéresser un public en quête de spiritualité.
La chaîne s’est ainsi positionnée comme une « petite généraliste » capable de répondre au mieux, en fonction des horaires, aux attentes de tous les spectateurs.
Soutenue par de petits actionnaires et la fondation Notre-Dame, KTO a maintenant 7 ans d’expérience, elle émet 24 h sur 24 depuis peu et diffuse 7 h de direct par jour. KTO est diffusée à la fois sur le satellite via Canal Satellite et TPS, sur le câble via les réseaux Noos, NC Numéricâble, France Telecom câble, France citévision et vialis, ainsi que via tous les bouquets numériques ADSL. Elle développe également son offre sur son site www.Ktotv.com qui permet d’accéder aux productions propres de la chaîne. Ce site recueille chaque mois 200.000 visiteurs et 3.000 mails, reflets d’une grande interactivité entre la chaîne et ses téléspectateurs. La place de l’interactif est par ailleurs importante au sein de la chaîne car KTO est ouverte à toutes les questions que peuvent se poser les téléspectateurs.
KTO se prévaut de l’une des plus fortes progressions d’audience du câble et du satellite. Pourtant son assise économique reste très fragile, et elle a même paru très menacée pendant l’hiver 2005-2006. Ouverte sur la société, KTO se fait l’écho non seulement de la vie de l’Eglise et de ses mouvements, mais aussi des engagements de chrétiens dans la vie sociale, économique et culturelle du pays. A Paris, comme en province mais aussi dans le monde et en particulier dans les pays francophones (Québec, Liban, Afrique francophone), KTO offre un espace de dialogue et promeut la paix, les Droits de l’Homme, la Justice et le développement des peuples. Elle apporte une aide spirituelle pour trouver les repères fondamentaux dont l’homme a besoin, elle travaille pour que les téléspectateurs aillent au-delà d’eux-mêmes, au- delà de leurs propres dimensions, afin d’éclairer les croyants et ceux qui cherchent un sens à leur vie.
Ceci dit, la télévision reste un outil important pour l’Eglise catholique. La combinaison du son et de l’image donne aux émissions télévisuelles l’impression d’une transparence qui va de pair avec la vérité. Or nous savons que ce qui est vrai convainc beaucoup plus facilement que toutes les argumentations que l’on peut élaborer au sujet de certaines choses. Les images télévisuelles marquent les esprits ; elles se présentent comme une « pédagogie ».
Les émissions bien préparées ont un impact sur la vie des gens. Par contre, les piètres présentations ou les émissions bidon peuvent avoir des effets néfastes sur la foi des téléspectateurs.
C’est ainsi que la télévision ne peut bien jouer son rôle que dans la mesure où l’on prend au sérieux la préparation et la présentation des émissions ; sachant bien que la télévision prend dans l’Eglise, figure d’une grande paroisse qui offre en permanence ses services aux chrétiens, aux chercheurs de spiritualité, croyants ou non.
C. Bertho, Op. Cit., p. 26.
F. d’Almeida et C. Delporte, Histoire des médias en France. De la grande guerre à nos jours, p. 154.
Cf. Marie Laure Sauty de Chalon, Art. Cit., et F. d’Almeida et C. Delporte, Op. Cit., p. 176.
M. L. Sauty de Chalon, Art. Cit., p. 62.
M. L. Sauty de Chalon, Idem, p. 74- 75.
Théo. L’Encyclopédie catholique pour tous, Droguet- Ardent, 1992, p. 1077.
Moitel, P., et Plettner, C., Le Jour du Seigneur. Une aventure de télévision, édit., Bayard, Paris, 1987, p. 142.
Moitel, P., et Plettner, C., Idem, p. 142.
Images de la religion à la télévision, publié par le Département de la communication de l’Université Catholique de Lyon, 2000, p. 6.
Images de la religion à la télévision, p. 6.
Images de la religion à la télévision, p. 7.
B. Gendrin, Eglise et société : communication impossible, édit., Desclée de Brouwer, Paris, 1995p. 177- 178.
J. Bianchi, Messes télévisées, in Etudes, Novembre 1992, p. 535.
Faute d’éléments suffisants, nous n’avons pas pu approfondir ce point.
Déclaration de André Vingt- Trois, Archevêque de Tours, le 11/02/2005.
F. Jost et G. Leblanc, La télévision française au jour le jour, (coll. Les télévisions du Monde), édit.,
Anthropos, Paris, 1994, p. 37.
F. Fost et G. Leblanc, Op. Cit., p. 38.
F. Fost et G. Leblanc, Idem., p. 41- 42.