Conclusion [de la deuxième partie]

Dans cette partie du travail, nous avons parlé de l’usage de la presse, du cinéma, de la radio et de la télévision dans l’Eglise. Nous avons situé le cadre de l’invention de ces médias tout en montrant comment ces moyens de communication sont mis à profit par l’Eglise catholique. Un accent tout particulier a été mis sur l’usage de l’imprimé dans les querelles ecclésiologico–politiques, en montrant comment les journaux de cette époque en l’occurrence Les Nouvelles ecclésiastiques, ont été à la base de la naissance d’une opinion publique « populaire ». Une opinion publique responsable étant aux yeux de l’Eglise catholique un élément nécessaire dans l’usage des médias.

Avec l’évolution, on assiste alors au Vatican et dans les Eglises locales, à un progrès vertigineux de l’investissement de l’Eglise dans l’écrit et sur les ondes. Ce n’est pas le lieu ici d’en décrire toutes les initiatives, mais on retiendra surtout que cette évolution correspond à la libéralisation des moyens de communication, à l’éclatement de l’information d’Etat, à la généralisation progressive des émetteurs privés de radio, puis de télévision, et à l’apparition effective des nouveaux médias (câble, satellite, télématique). Aujourd’hui, l’Eglise catholique n’envoie plus ses bataillons de missionnaires au fond de la brousse pour enseigner la parole de Dieu à des villages d’indigènes. C’est avec ses émetteurs privés et ses satellites qu’elle évangélise232.

Parlant des médias audiovisuels, R. Debray, souligne que « la graphosphère a « branché » la Réforme ; la vidéosphère rebranche l’Eglise catholique. La visibilité sociale du catholicisme diminue parce qu’il donne plus à voir et à entendre, et le protestantisme plus à lire. Les cultures de la radio et de l’image ont fait perdre à ce dernier, du moins en France, beaucoup de sa capacité relationnelle233. Le XVI ème siècle voulait croire, mais vaille que vaille, il a appris à lire. Le XX ème siècle, fatigué des idées, désapprend à lire et se remet à croire, et d’abord en l’image. Il croit naïvement se libérer des emprises de ce qu’il nomme « idéologie » par un nouveau culte des images ou iconologie, cette idéologie aggravée234.

La télévision a pris une place prépondérante parmi les médias mais il ne faut pas pour autant oublier la radio et la presse écrite très diversifiées qui gardent toute leur place dans l’espace « communication ». Depuis la presse à imprimer jusqu’aux outils les plus récents, nés de l’informatique et des télécommunications, l’aventure est d’abord celle des techniques, de leurs premières utilisations, de leur adoption par une collectivité, suivie plus ou moins vite par d’autres sociétés.

Les médias influent sur le commerce des idées, ils changent les conditions dans lesquelles les hommes « communiquent » leurs pensées ou leurs opinions235. Les années soixante et soixante-dix représentent une durée assez marquante en ce qui concerne la réflexion chrétienne sur la communication internationale et œcuménique. Des traits majeurs apparaissent : des inquiétudes quant aux effets des médias, mais aussi une volonté de comprendre la culture médiatique, la question de la liberté dans l’information, la place des médias dans l’évangélisation, enfin la possibilité et la signification d’une théologie de la communication.

Notes
232.

H. Tincq et G. Defois, Op. Cit., p. 113.

233.

R. Debray, Cours de médiologie générale, édit., Gallimard, Paris, 1991, p. 70.

234.

R. Debray, Op. Cit., p. 364-366.

235.

F. Balle, Op. Cit., p. 75.