Dans sa lettre apostolique Boni Pastoris publiée à Rome le 22 février 1959 Jean XXIII cherche à donner un prolongement pratique et institutionnel à l’enseignement de ses prédécesseurs. Ainsi, il donne un caractère permanent à la Commission pontificale248 pour le cinéma, la radio et la télévision. En tant qu’Office du Saint-Siège elle aura pour mission, l’examen, le développement, l’assistance et la direction des diverses activités dans le domaine du cinéma, de la radio et de la télévision, en conformité avec les directives données dans l’Encyclique Miranda prorsus et selon les dispositions ultérieures du Saint-Siège.
En donnant un caractère permanent et stable, à la Commission pontificale pour le cinéma (1948), la radio et la télévision (1954), Jean XXIII, dans son premier acte notable au sujet de la communication, souligne qu’à maintes reprises son prédécesseur avait insisté sur « le grave devoir » d’utiliser « ces admirables techniques de diffusion conformément au plan providentiel de Dieu et à la dignité de l’homme »249.
Le fait d’élever la commission pontificale pour le cinéma, la radio et la télévision au rang d’une commission permanente a certainement des retombées dans la manière de se représenter les médias au sein de l’Eglise catholique. Désormais, ils font partie intégrante de sa mission. Les médias sont décryptés à partir de leur utilité sociale. Ils deviennent pour ainsi dire un objet de réflexion permanente. La commission se focalise sur la meilleure façon de s’en servir et sur l’aide à apporter à la société civile pour en faire des instruments de promotion de l’homme. Les médias deviennent une préoccupation de l’Eglise catholique. C’est ce tournant qui sera finalement à la base de toutes les réflexions ultérieures sur les médias.
Bref, Jean XXIII marque un tournant dans l’histoire de la rencontre de l’Eglise avec les médias. Entre 1959 et 1960, on garde à Rome le souci éthique habituel vis-à-vis des médias, notamment des journaux, avec une attention pour le lien entre la charité et la vérité. Jean XXIII est également intéressé par la valeur d’évangélisation que peuvent avoir les médias, encore qu’il adopte un peu trop unilatéralement un point de vue « utilitaire »250.
Notons aussi sa décision de donner un statut précis à la filmothèque Vaticane251. Le 16 novembre 1959, il publie ce statut ; celui-ci comporte 7 articles. Dès sa création, cette institution est dotée de la personnalité juridique. Avec ce statut, l’Eglise catholique affirme son autonomie en matière des médias. Elle veut conserver ses archives, les traces de ce qui se passe, une base des données, afin de permettre aux historiens et aux chercheurs de tout bord de travailler sur des bases sûres. Grâce à ces archives, en l’occurrence les documents audiovisuels, l’Eglise peut également reconstituer son parcours ; ce qui lui permet par ricochet de mieux se comprendre.
En fait, avant Vatican II, le cinéma, la radio et la télévision étaient devenus un enjeu majeur. L’insistance sur ces médias montre bien qu’ils occupaient une place de choix dans le nouveau paysage de communication ; ce qui ne permet nullement de dire que les autres médias en l’occurrence la presse écrite, le livre, les affiches, etc., n’avaient pas leur place.
Il s’est pourtant passé, au tournant des années soixante, une évolution inattendue. Si le développement rapide de la télévision était prévisible, personne n’imaginait que le petit écran allait sévèrement concurrencer le film et que la grande industrie culturelle du cinéma commencerait à décliner. Ironie de l’histoire : au moment où l’Eglise catholique peaufine sa doctrine et ses institutions sur le cinéma, celui-ci s’apprête à quitter le premier plan de la scène médiatique.
Il appartient à la dite commission pontificale de suivre les orientations et les réalisations pratiques de la production des films et des transmissions radiophoniques et de télévision ; de diriger et de promouvoir l’activité des Organismes catholiques internationaux et des Offices ecclésiastiques nationaux du cinéma, de la radio et de la télévision, en ce qui concerne tout spécialement la classification morale des films, le contrôle des transmissions de radio et de télévision ayant un caractère religieux et la formation des fidèles, spécialement de la jeunesse, aux devoirs du chrétien à l’égard des spectacles ; en outre, de rester en rapport avec les Sacrées congrégations et les Offices du Saint-siège, les Conférences Episcopales et chacun des Ordinaires pour tout ce qui touche à ces problèmes complexes et difficiles.
Les médias. Textes des Eglises, p. 167.
Les médias. Textes des Eglises, p. 166.
Son but est de recueillir et de conserver les films et les enregistrements de télévision concernant la vie de
l’Eglise et en particulier, le souverain Pontife, ses représentants et les divers organismes de la Curie Romaine. Les activités apostoliques et charitables dans l’Eglise universelle et les œuvres culturelles accomplies par les catholiques ; la vie religieuse dans le monde ; des œuvres de haute valeur artistique et humaine.