2.3.2. Moyens de communication sociale comme facteurs de progrès humain

Dans cette partie, nous parlerons du rôle des médias dans la société, ainsi que des conditions de leur mise en oeuvre.

1°) Rôle des moyens de communication dans la société

Ce chapitre, développe plusieurs points, notamment ceux liés à l’opinion publique, le droit d’être informé et d’informer, l’éducation, la culture et les loisirs, les genres artistiques, la publicité, etc. Le texte reprend toutes les convictions antérieures au concile et celles exprimées dans le décret Inter mirifica à savoir que les médias font sauter les barrières du temps, de l’espace et des univers mentaux. Ils mettent à la portée de tous la culture et les loisirs.

Communio et Progressio engage le lecteur dans l’enjeu des médias qui constituent une véritable « place publique » indispensable à la vie d’une société où l’on échange des nouvelles et où s’expriment et s’affrontent de multiples opinions. Les moyens de communication reflètent les opinions publiques et la vie sociale des gens. L’opinion publique ce sont « des manières collectives de penser et d’agir ». « La formation de l’opinion publique exige la liberté pour chacun d’exprimer son point de vue, ses sentiments et ses réflexions ; dans les limites de l’honnêteté et du bien commun. Les nouvelles et les opinions diffusées expriment les idées, les projets et les problèmes du public, comme de chacun en particulier ou encore du genre humain en général (…) ». Toute opinion répandue n’est pas nécessairement le reflet ou l’expression de l’opinion publique. « Plusieurs points de vue différents peuvent coexister dans le même temps et le même lieu, bien que l’un d’eux ait souvent l’appui d’une majorité ».

L’opinion publique a toujours existé ; au début sous forme de phénomènes latents, mouvants. On peut évoquer, en France, les cahiers de doléance qui ont su traduire à un moment donné les préoccupations politiques et économiques et l’opinion générale d’une catégorie sociale donnée. Cependant, l’écrit a joué un grand rôle sur sa formation et sa constitution, comme nous l’avons précédemment souligné avec Les Nouvelles ecclésiastiques. L’instauration de la liberté de l’information au XVIII ème siècle (reconnaissance de la liberté de la presse et de la liberté d’opinion) et le développement des médias au XIX ème et au XX ème siècles ont considérablement rapproché les hommes, et fait émerger une opinion publique massive.

Le cinéma, la presse, la radio, la télé, rendent l’histoire du monde immédiate, et en même temps, ce ne sont plus quelques privilégiés qui sont au courant mais des hommes et des femmes très nombreux qui participent ensemble à l’événement. Ainsi, l’expression même de l’opinion publique est devenue massive et spontanée. Celle-ci est alors définie comme une « découverte simultanée d’une même réalité entraînant des attitudes et des sentiments différents ou convergents »262. L’opinion publique dans une société se situe toujours en face de l’autorité, du pouvoir. Elle se distingue, non pas comme opposée au pouvoir, mais comme complémentaire du pouvoir, et capable de supporter les grandes attentes d’une société. Selon Bernard Porte, « l’opinion publique n’agit pas, elle ne réalise pas, mais elle fait l’avenir de la société et suppose continuité et changement, renouveau et intégration ». Pour le pape Pie XII, une information libre est indispensable pour la formation de l’opinion publique. La libre expression de ses idées est la contribution nécessaire à la réalisation de l’opinion publique. Le droit d’être informé et d’informer exige que le public ait accès aux moyens d’information et qu’il jouisse de la liberté d’expression.

Notes
262.

Bernard Porte, L’opinion publique, les médias et l’Eglise, dans Ethique et communication, Actes du colloque « Chrétiens, professionnels de la communication », édit., Bauchesne, Paris, 1991, p. 89.