L’utilité des médias pour les catholiques

Les médias ont toujours été employés par l’Eglise pour porter son message auprès de l’opinion publique. Dans le passé, elle a utilisé des moyens tout à fait originaux : le livre sacré, l’art sacré, les statues, le vitrail, la peinture, la musique, etc. Aujourd’hui, sa communication doit s’adapter aux nouvelles technologies et le dialogue reste la clé de toute son action. Les médias sont une chance pour faciliter ce dialogue au sein de l’Eglise. Cette dernière étant une communauté d’hommes, elle a besoin d’une opinion publique pour alimenter le dialogue entre ses membres. Pour que les chrétiens se fassent une opinion, ils ont besoin d’informations.Les médias suscitent aussi le dialogue entre l’Eglise et le monde. « Le dialogue de l’Eglise ne s’étend pas seulement à ses membres, mais au monde entier. Ce faisant, elle a le devoir de connaître les réactions de l’homme moderne, catholique ou non, aux faits et aux idées ».

Les médias sont nécessaires ; « ils sont indispensables. Ils sont, dans le monde de l’opinion publique, un acte de présence qui exprime nos devoirs, notre rôle, notre amour à son égard. Ils sont comme l’instrument de la Parole de Dieu et du message évangélique au milieu de la masse souvent chaotique et contradictoire des paroles humaines et des idéologies actuelles »268. Les médias ont aussi un rôle dans la formation de l’opinion. Ils contribuent à la paix, la justice, la solidarité et la communion entre les personnes et les peuples. Ils contribuent à éveiller et à former les consciences, en proposant de véritables analyses sur les événements présents ou sur les questions de société.

Les moyens de communication, dans le respect des sensibilités spirituelles et culturelles, doivent offrir aux différentes composantes de la société, qui veulent promouvoir de saines valeurs humaines, la possibilité de s’exprimer librement. Cependant la libre expression des catholiques ne peut s’exercer que dans la charité et dans le respect du magistère ; car « les vérités de la foi ne peuvent pas être laissées à l’interprétation arbitraires des individus ». Dès lors, « il est nécessaire de distinguer clairement entre le niveau de la recherche scientifique en théologie, où les experts sont invités à user de la liberté qui leur est nécessaire pour poursuivre leurs travaux et en communiquer le fruit aux autres chercheurs, dans des revues ou des collections spécialisées, et le niveau de l’enseignement des fidèles. Pour ces derniers, il faudra veiller à ce que ne soit proposée comme doctrine d’Eglise que celle reconnue par le Magistère authentique, ou du moins considérée comme enseignement sûr ».

Selon Paul VI, « le rapport de l’Eglise avec le monde, sans se fermer à d’autres formes légitimes, peut mieux s’exprimer sous la forme d’un dialogue, et d’un dialogue non pas toujours le même, mais adapté au caractère de l’interlocuteur et aux circonstances de fait »269. Pie XII270 quant à lui, relève deux motifs pour lesquels l’Eglise s’intéresse aux médias : « les merveilleux progrès techniques dont se glorifie notre époque sont assurément les fruits du génie et du travail de l’homme, mais ils sont d’abord des dons de Dieu, notre créateur, de qui dérive toute œuvre bonne ».

Les moyens de communication sociale présentent donc un triple intérêt pour l’Eglise : ils l’aident à se révéler au monde moderne ; ils favorisent le dialogue à l’intérieur de l’Eglise ; ils apprennent à l’Eglise les mentalités et les attitudes de l’homme contemporain.D’autre part, ils sont également utiles pour l’annonce de l’Evangile. Cette nécessité apparaît clairement si l’on songe qu’aujourd’hui les hommes sont envahis par les communications qui façonnent leur pensée et leur mentalité. Ceci se vérifie dans le domaine religieux comme dans tous les autres.

On distingue en effet, plusieurs catégories de médias chrétiens : certains largement immergés dans la culture profane, mais avec une manière spécifique de la vivre ; d’autres destinés au seul public chrétien, le cas limite étant celui des revues de mouvements ou des bulletins diocésains ou paroissiaux dont l’utilité ne doit pas être sous-estimée ; d’autres enfin visant les deux « cibles ». Ainsi la communication médiatique du message chrétien se fait-elle dans la diversité. Elle nécessite une formation271. Les médias sont aussi d’une importance inestimable pour la formation chrétienne. Ils offrent la possibilité d’entendre des spécialistes de l’enseignement religieux ou d’autres experts sur des questions d’actualité. Ils peuvent contribuer à une rénovation de l’enseignement religieux et seconder la pédagogie de l’éducateur. Ils peuvent dans la discussion sur les événements, amener les chrétiens à une réflexion sur les fondements de la foi et son application à la vie quotidienne.

Mais comment alors faire passer le message chrétien, la « Bonne Nouvelle » à travers les médias ?

D’abord l’Eglise se doit d’être plus transparente et plus rigoureuse dans le choix des informations qu’elle doit fournir aux médias et elle doit faire un effort pour « démocratiser » son langage pour la rendre plus compréhensible.

Ensuite elle doit se persuader qu’elle ne tient pas à elle seule la vérité. Dans ce sens il lui faut se défaire d’une certaine méfiance et accepter de jouer le jeu du débat, de l’ouverture à la pensée de l’autre, à ses valeurs, à ses idéaux, etc. Des efforts notables ont été accomplis ; on en veut pour preuve, par exemple, les interventions en direct de nombreux évêques sur les chaînes de télévision nationale mais ces progrès restent encore insuffisants.

Ce qui dans l’Eglise intéresse spontanément les médias non confessionnels, c’est ce qui fait problème (les tensions dans l’Eglise, la transgression de certains de ses interdits moraux), ce qui est spectaculaire (les voyages du pape), les personnages exceptionnels (sœur Emmanuelle,…) et ce qui est à la limite du religieux. L’Eglise attend des agences de presse, ainsi que des moyens d’information à grande audience, qu’ils apportent à l’information religieuse, au moins si elle est d’intérêt général, une attention et qu’ils la traitent avec soin. De son côté l’Eglise doit fournir aux organismes de presse, des informations exactes et complètes. D’autre part, les autorités de l’Eglise gardent distance vis-à-vis des médias, surtout au plan national, non moins au plan local. Elles ont du mal à communiquer. Cela tient pour une part à un manque de formation aux techniques audiovisuelles, mais pas seulement. L’Eglise est mieux organisée pour enseigner que pour dialoguer. Son langage est à usage interne : il est peu compréhensible à l’extérieur. Elle souhaite plus la discrétion. Elle craint, en parlant de ses débats internes, de montrer à l’extérieur une image divisée. Du coup elle montre peu à l’extérieur ce que vivent ou essaient de vivre les chrétiens.

Notes
268.

Allocution de Paul VI à la commission pontificale des communications sociales le 15/03/1971, dans Les Médias. Textes des Eglises, p. 259.

269.

Paul VI, extrait de l’Encyclique ecclesiam suam ( 1964), dans Les Médias. Textes des Eglises, p. 225.

270.

Les Médias. Textes des Eglises, p. 154.

271.

Les Médias et nous. Quels pouvoirs ? Quelles libertés ? p. 163.