3.1.2. Les tâches et les défis des moyens de communication sociale

Parmi les tâches des moyens de communication Aetatis novae en donne cinq : le texte reprend en les systématisant les points qui ont été précédemment traités, notamment dans Communio et progressio à savoir, les médias sont au service des personnes et des cultures ; ils sont au service du dialogue avec le monde actuel ; ils sont au service de la communauté humaine et du progrès social ; ils sont au service de la communion ecclésiale et enfin, les médias sont au service d’une nouvelle évangélisation.

Les défis actuels des moyens de communication sociale sont de quatre ordres :

En dépit de toutes ses merveilles, le nouveau monde, caractérisé par le développement exponentiel des moyens de communication sociale, est rempli d'ambiguïtés. Les médias et leur langage sont parfois utilisés dans un but de manipulation. De plus, ils propagent souvent une mentalité matérialiste ou dominée par l'esprit de consommation qui contraste souvent avec le message de l'Évangile. Il est par conséquent nécessaire que les consommateurs développent un esprit critique, et, plus encore, qu’ils soient des utilisateurs critiques de la communication sociale.

Le second principe, lié au premier, est la recherche et le respect de la vérité. Concrètement cela implique vérification des sources et surtout rectification des erreurs. Cela suppose que l’on ne confonde pas l’annonce des faits avec les commentaires qui, dans une société pluraliste, se doivent d’être pluriels. Cela suppose aussi que l’on ne fasse pas d’un fait divers un événement. L’influence des médias est grande sur nos jugements et nos comportements. Beaucoup de gens ont besoin de références pour trouver un sens à leur vie. Consciemment ou non, ils cherchent de telles références dans les médias274. De ce constat découle la nécessité d’une réflexion critique sur la manière dont les médias répondent à ces attentes : réflexion critique et objective. « Adopter et reconnaître le côté positif des médias pour le progrès de l’humanité ne signifie pas fermer les yeux aux abus, ainsi qu’au mauvais usage qu’on peut faire. D’où il est nécessaire qu’une évaluation critique de médias et de leur impact sur la culture accompagne leur usage.

C’est dans ce sens que l’Eglise cherche à « fournir une aide véritable en indiquant les critères éthiques et moraux applicables à ce domaine, critères que l’on trouvera dans les valeurs à la fois humaines et chrétiennes ». L’Eglise accomplit son devoir lorsqu’elle fait des propositions sur des critères éthiques. Mais est-elle suivie par les professionnels et les responsables des médias ?

Le matérialismedéfinit comme mouvement de pensée sur la nature de l'être, considère qu'il n'y a pas d'autre substance que la matière (monisme) et que la pensée, la conscience sont des produits secondaires de la matière ou des illusions. Le matérialisme rejette l'existence de l'âme, de l'au-delà et de Dieu, s'opposant en cela au spiritualisme et à l'idéalisme. Il est étroitement lié au développement de la science dont il se nourrit des résultats pour évoluer et se structurer au fil des siècles. Le matérialisme recouvre donc plusieurs formes qui vont de l'atomisme des philosophes Grecs à la science moderne. Ses différents courants se distinguent par la façon dont ils conçoivent esprit, conscience ou entité mentale. Avec le consumérisme et le matérialisme la religion représente un point de division dans les sociétés même démocratiques qui font du pluralisme et de la liberté d’expression leur cheval de bataille.

Bref, le droit d’être informé et de communiquer est un droit commun à tous. La communication est un instrument puissant qui doit être utilisé pour la promotion de la justice dans le monde et dans nos sociétés respectives. Mais nous devons aussi avoir un regard critique sur les méthodes autoritaires et les structures injustes des organisations de communication et d'information elles-mêmes. La promotion de la justice dans la communication appelle à une action coordonnée des chrétiens et des hommes de bonne volonté en plusieurs domaines. La liberté de la presse et de l'information doit être promue dans les pays où elle est inexistante ou menacée par le contrôle de l'Etat ou la manipulation idéologique. Une circulation équitable de la communication entre pays industrialisés et pays en voie de développement doit être mise en place. Actuellement, les pays riches dominent le monde avec leurs informations, leurs films et leurs programmes télévisés. Les voix et les images des cultures et des pays moins puissants sont largement absentes du village global.

Dans la nouvelle culture des médias, il est important de former les utilisateurs de ces derniers à comprendre les techniques et le langage de la communication et à en faire un usage créatif, non seulement en tant qu'individus mais aussi en tant que participants au dialogue social. L'éducation aux médias a comme objectif une intelligence critique donnant à tous la capacité de détecter les distorsions, d'identifier les messages cachés, et de faire des choix judicieux dans la consommation des médias. Une telle intelligence rend son pouvoir au consommateur et le délivre de la manipulation et de la domination médiatiques. Cette formation vise également à valoriser la dimension esthétique, en développant les compétences nécessaires pour le travail d'équipe et pour l'utilisation efficace de la technique des médias et de l'information dans l'apostolat.

Notes
274.

Les Médias et nous. Quels pouvoirs ? Quelles libertés ? p. 159.