La première partie s’ouvre sur un constat : « les études faites dans le monde en ce domaine, confirment que la pornographie et la violence transmise par les médias ont des conséquences négatives sur la population ».
La pornographie au sein des médias est une violence qui s’exerce grâce à l’usage des techniques audiovisuelles à l’égard de l’homme et de la femme. Cette violation réduit la personne humaine et le corps humain à un objet anonyme, destiné à un mauvais usage dont l’« intention est sa jouissance concupiscente ». Dans ce contexte, la violence est comprise comme « une présentation, faisant appel aux instincts humains les plus bas, d’actions qui sont contraires à la dignité de la personne et qui évoquent une intense force physique exercée de manière profondément offensive et souvent passionnée ». Dans ce document, le lien entre pornographie et violence est net.
Le document reconnaît de fait, que les spécialistes divergent parfois sur l’étendue de l’impact de ce phénomène et sur la manière dont les individus et les groupes sont touchés. Il reconnaît toutefois que les enfants et les jeunes sont beaucoup plus exposés (par le procédé d’imitation).
« Une certaine pornographie est ouvertement violente dans son expression et son contenu. Ceux qui voient, entendent ou lisent un tel matériel risquent de l’introduire dans leur propre comportement. Ils en arrivent à perdre tout respect envers les autres. Un tel lien entre pornographie et violence sadique a des implications particulières pour les personnes atteintes de maladie mentale. La pornographie favorise les fantasmes et les comportements malsains. Elle compromet le développement moral de la personne et les relations humaines saines et adultes, particulièrement dans le mariage et la famille (…) ».
Rappelons cependant que jusque dans les années 1960, toute représentation d'actes sexuels était jugée "pornographique" et interdite dans la plupart des pays occidentaux, cette représentation s'est ensuite généralisée avec le mouvement de "libération des mœurs" (maîtrise par les femmes de leur fécondité par la contraception, légalisation de la contraception et de l'avortement, augmentation du nombre des divorces, revendications féministes portant notamment sur le "droit au plaisir", émergence de la minorité homosexuelle…). Mais le développement de la pornographie suscite aujourd'hui des réactions diverses, parfois extrêmement négatives.
Les critiques portent sur trois points :
D’abord les conditions de réalisation des images pornographiques, qui impliqueraient une exploitation forcée des actrices contraintes par la violence ou par la misère à des pratiques sexuelles auxquelles elles répugneraient. L'abus est en tout cas manifeste et légalement condamnable lorsqu'il concerne des enfants : la lutte contre la pornographie enfantine a dû en particulier devenir beaucoup plus active avec le développement d'Internet. À ces critiques majeures s'ajoute une critique secondaire (mais importante) concernant les risques de maladies sexuellement transmissibles encourus par les acteurs et actrices n'utilisant pas de préservatifs.
Ensuite, les effets supposés de la pornographie sur les consommateurs : la multiplication des scènes de violence faites aux femmes, serait une incitation au viol. En outre, l'on constaterait que la pornographie développe chez certains consommateurs des phénomènes de dépendance les poussant à augmenter leur consommation de telles images.
Enfin, les valeurs ou contre-valeurs véhiculées par la pornographie qui réduiraient les femmes à n'être que des "objets" et ramèneraient les relations amoureuses à de simples rapports sexuels.
Les détracteurs de la pornographie dénoncent son omniprésence supposée dans les médias et sa responsabilité dans de nombreux troubles de comportement dans la société : agressions sexuelles, mépris pour les femmes, imposition de pratiques sexuelles dégradantes, etc.
La vision de l’Eglise sur ce sujet reflète sa position à l’égard du sexe (cf. les relations extra mariage). Selon l’Eglise catholique, l’homme est appelé à l’amour et au don de soi dans son unité corporelle et spirituelle. « Féminité et masculinité sont des dons complémentaire ». La sexualité est une composante fondamentale de la personnalité, une de ses façons d’exister, de se manifester, de communiquer avec d’autres, de ressentir, d’exprimer et de vivre l’amour humain287. La sexualité humaine est un bien. Dans la mesure où elle est une voie pour entrer en rapport et pour s’ouvrir aux autres, la sexualité a comme fin intrinsèque l’amour, et plus précisément l’amour comme don et accueil, donner et recevoir288.
L’inquiétude de l’Eglise catholique réside dans le fait que la banalisation du sexe, avec tout ce qui va avec (les maladies sexuellement transmissible, le sida, etc.) est devenue un problème de société. Dès lors quels remèdes trouver et où ? Dans la morale chrétienne ? Est-ce dans la liberté des mœurs ou la philosophie du plaisir ? Une chose est sûre, faire de l’homme ou de la femme un instrument au service du plaisir ou des fantasmes, est une façon de les chosifier et donc de leur enlever leur dignité d’homme et de femme.
Cf. Orientations éducatives sur l’amour humain. Traits d’éducation sexuelle, publié par la Sacrée Congrégation pour l’éducation catholique, 1983.
Vérité et signification de la sexualité humaine. Orientation pour l’éducation en famille (publication du Conseil Pontifical pour la famille), édit., du Cerf, paris, 1996, p. 12.