2°) Le renouveau pastoral

L’Eglise considère désormais les médias comme un soutien à l’œuvre d’évangélisation :  « dans les moyens de communication l’Eglise trouve un soutien précieux pour diffuser l’Evangile et les valeurs religieuses, pour promouvoir le dialogue et la coopération œcuménique et interreligieuse, ainsi que pour défendre ces solides principes qui sont indispensables pour construire une société qui respecte la dignité de la personne humaine et qui soit attentive au bien commun. Elle les emploie volontiers pour fournir les informations sur elle-même et pour élargir les moyens de l’évangélisation, de la catéchèse et de la formation et considère leur utilisation comme une réponse au commandement du Seigneur : « Allez dans le monde entier, proclamer l’Evangile à toute la création » (Mc 16, 15). Cet extrait fait état de l’optimisme de l’Eglise catholique sur les médias.

Le fait de considérer les médias comme un « soutien » à l‘évangélisation, signifie qu’ils ne sont plus seulement une technique au service de l’Evangile, mais changent de rôle ; leur importance devient « capitale » pour l’évangélisation. Ils ne sont plus l’affaire de spécialistes laïcs seulement. Les consacrés doivent, eux aussi, devenir des spécialistes des médias : « le développement actuel des communications sociales pousse l’Eglise à une sorte de révision pastorale et culturelle permettant de faire face au changement d’époque que nous vivons. Cette mission revient en premier lieu aux pasteurs et aux personnes consacrées, qui par leur propre charisme institutionnel sont amenés à travailler dans le domaine des communications sociales ». Les médias ne sont plus « au service du gouvernement » de l’Eglise, mais « un service du gouvernement » de l‘Eglise et de l’organisation des différentes tâches de la communauté chrétienne.

Ce nouveau virage fait des médias un grand chantier pour l’Eglise catholique. Ce qui explique qu’aujourd’hui, on remarque de plus en plus la présence d’hommes et de femmes d’Eglise sur les plateaux de radio ou de télévision. Même les couvents ouvrent leurs portes pour faire découvrir leur vie.

D’autre part, « l’Eglise étant de par son message, maîtresse d’humanité », sa contribution pour éclairer les droits et les devoirs ainsi que les responsabilités des uns et des autres dans l’usage des médias est nécessaire : « parce qu’ils influencent la conscience des personnes, ils forment leur mentalité et déterminent leur vision des choses, il faut réaffirmer de façon forte et claire que les instruments de communication sociale constituent un patrimoine à défendre et à promouvoir. Le développement positif des médias au service du bien commun est une responsabilité de tous et de chacun ». Il lui faut développer trois points fondamentaux qui sont : la formation290 à une utilisation pertinente des médias, la participation en particulier dans le domaine de la cogestion en établissant des modalités claires et précises et le dialogue en tant que véhicules de connaissances réciproques, de solidarité et de paix.

Le texte parle aussi de l’opinion publique qui nécessite l’échange d’information entre la hiérarchie et les fidèles.Enfin, cette lettre parle de la communication comme œuvre de l’Esprit Saint, car enseigner l’Evangile demande courage, persévérance et bravoure.

Quelques sujets paraissent tout à fait nouveaux dans cette lettre apostolique, c’est notamment le rôle des médias dans la promotion de la justice et de la charité. L’insistance sur la coresponsabilité. L’usage du terme « déontologie » qui montre que le langage commence à devenir beaucoup plus technique et enfin pour la première fois, l’Eglise rattache l’évolution des médias au progrès de la société. Dans les documents précédents, notamment Inter mirifica, il était question de progrès technique (différent de l’évolution des médias). Ce qui indique un changement de contexte.

Avant de clore ce chapitre, nous voulons dire un mot sur Jean-Paul II considéré comme le pape le plus médiatique de l’histoire du christianisme.

Notes
290.

La question de la formation est largement développée dans les textes précédents.