Il y a dans la radio Notre-Dame, un désir profond d’être d’abord au service des catholiques et de s’ouvrir aux autres, d’étendre ses vues pour rendre service à « l’homme ». C’est dans ce sens qu’on remarque depuis plus de trois ans, l’augmentation du volume d'informations sur cette radio : deux journaux le matin, à 7 et 8h, suivi de l'Invité de la rédaction, des flashs toute la journée, et le soir à 18h 30 un Grand Journal d'une heure, comportant des magazines qui permettent d'approfondir l'actualité.
Le choix d'accentuer l'information correspond à une volonté de ne pas cantonner radio Notre-Dame dans le lot des radios associatives, mais d'en faire un instrument professionnel au service de l'Eglise, et surtout de donner aux auditeurs des éléments de réflexion sur le monde. Elle s’ouvre en centrant ses programmes sur l’intérêt humain. Les informations tant au niveau national qu’international ou encore des informations locales et pas seulement celles de l’Eglise, intéressent tout le monde, sans distinction d’origine, de sexe et de milieu. De fait, l’augmentation du volume d’informations est une façon pour cette radio d’exprimer son humanisme qui repose dans ce cadre, sur le souci de faire savoir. Mais ce souci de faire savoir va-t-il de paire avec la promotion du dialogue ?
L’humanisme a reçu une véritable conceptualisation pendant la Renaissance. Au XVIII ème siècle, les penseurs des Lumières affirment que « l'humanité » est universelle, qu’elle habite chaque homme, quelque soient son origine, son milieu, ses particularismes nationaux ou ethniques. Cette vision est attaquée au XIX ème siècle car jugée abstraite. A cette époque, la nation désigne la seule réalité. D'où l’affirmation selon laquelle chaque homme fait partie d'une humanité particulière. Au XX ème siècle, les représentants du nationalisme et du fascisme reprennent cette idée d’ « esprit du peuple » ou « issu d'une terre ». Ce qui conduit à l'anti-humanisme. L'humanisme moderne, issu des Lumières, s'exprime dans la nécessité de s'émanciper et non dans l'idée d'enracinement ou de fidélité, concepts horriblement exploités. Après la seconde guerre mondiale, l'humanisme s'exprime notamment à travers le mouvement existentialiste. Par la suite, parler d'humanisme revient à savoir conserver une vision de l'homme, libre et autonome, sans l'enfermer dans son appartenance (ethnie, religion) ou le limiter à son inconscient ou d'en faire le produit de facteurs socio-économiques.
Dans le contexte de la radio Notre-Dame, l’humanisme s’exprime de plusieurs manières. Nous allons ici dégager, à travers l’analyse de quelques émissions, comment on peut saisir l’humanisme et le dialogue au sein de cette radio.
Les informations sont un excellent moyen de créer du lien avec les auditeurs. Le besoin d’information qui est très développé de nos jours est un argument qui peut faire que des gens s’accrochent à un organe de communication ; surtout si ce dernier leur fournit ce qu’ils attendent. Les auditeurs qui sont à l’affût des informations finissent par adopter la radio qui les sert le mieux en la matière. Ce lien hisse l’organe de communication choisi au rang de radio-modèle et il devient une référence pour ceux qui l’ont élue. On peut aussi envisager le contraire, au cas où les informations diffusées restent en deçà des attentes.
A partir de certaines émissions, Notre-Dame donne sa voix et sa musique personnelle, en participant à la vie de la société. Ce faisant, elle se positionne comme un partenaire dans le dialogue social. Mais dans un contexte où les grands groupes ont tendance à prendre tous les pouvoirs, il lui faut convaincre ses auditeurs. Le téléphone du dimanche, en est un exemple frappant ; en militant pour le rapprochement des détenus et de leurs familles, cette émission montre que les prisonniers sont des hommes à part entière qui, bien que privés de liberté, ont besoin de l’entourage familial et de la chaleur humaine. Elle plaide pour la tolérance. Elle veut changer le regard des geôliers sur ceux qui sont derrière les barreaux : ce sont des hommes, qui méritent qu’on s’occupe d’eux. C’est aussi une façon de dire aux familles de ne pas oublier ceux des leurs qui sont en prison.
Pour les prisonniers, cette émission constitue une interpellation. Ils sont mis devant leur responsabilité ; ils savent désormais que leur situation préoccupe leur famille. C’est pour eux l’occasion de réfléchir et de se décider à ne plus revenir en prison une fois sortis. On voit ici le souci permanent de cette radio d’œuvrer pour la famille et pour le rapprochement des membres de familles. En s’appuyant sur la charité chrétienne, elle établit le dialogue entre la personne incarcérée et sa famille, entre le détenu et la radio et entre la radio et les instances de la prison. Ce dialogue donne de la visibilité à Notre-Dame et partant à l’Eglise de Paris. On évoquera également, l’émission Esprit de famille qui tente de réunir les membres d’une même famille autour de certaines valeurs.
Parler de la fraternité et de l’égalité, qui sont des valeurs de l’humanisme, dans le fonctionnement d’une radio est un leurre. Elles restent un idéal. Dans la radio, il y a d’une part, celui qui cherche à faire passer un message et de l’autre, celui qui le reçoit. Dans une radio respectueuse de son auditoire, souligne Jean-François Tétu, le détenteur du message ou de l’information ne s’impose pas, il se met aussi à l’écoute. La logique même du traitement impose le respect à l’égard de ceux qui reçoivent les émissions chez eux. Ainsi donc, le fait de prêter attention à leur réaction, est une manière de les valoriser, de les associer et donc de dialoguer avec eux. Dans le dialogue, il importe d’écouter d’abord avant de prendre la parole. Ecouter au lieu de supposer trop vite qu’on connaît l’autre, ses aspirations, ses valeurs, ses pensées. Ecouter au lieu de céder à la tentation de donner un cours de catéchisme accéléré370.
Cf. Sofie Tremblay, La communication en pastorale : un dialogue à poursuivre, article publié sur le site WWW.officecom.qc.ca/Index/Documentation/Colloques/TremblayS2002.html.