2. Notre-Dame et l’éducation des jeunes

Les médias ont généré dans leur développement l’émergence d’un autre « milieu éducatif ». Désormais, l’éducation n’est plus l’apanage de l’école et de la famille. C’est une tâche qu’elles partagent avec les médias. Ces derniers ne sont plus des figurants dans le domaine éducatif. Ils deviennent des acteurs, en y apportant tout leur arsenal et en pesant sur les mentalités et les connaissances. Au sujet de l’arsenal médiatique, il faut dire que les médias ne se limitent pas à donner une formation et une éducation ; mais qu’en plus l’école et la famille s’en servent pour assurer l’éducation des enfants. Les médias ont pour ainsi dire, arraché le monopole de l’éducation à l’école et se retrouvent au premier plan dans ce domaine. Ils permettent d’acquérir le savoir ; mais ce savoir n’est ni structuré ni organisé ; il est hétérogène, éphémère, et repose sur le sensationnel.

Les médias bousculent les barrières générationnelles et réorganisent le rapport parents-enfants, élèves-enseignants. Avec les médias, l’échange devient le mode de vie de tous les jours. On échange, on partage, on discute de ce qu’on a lu, écouté, regardé, etc. L’ère de la communication est dominée par le partage. Le volume d’informations et de connaissances pose le problème de la gestion de cette éducation acquise par les médias. D’où la question, comment les médias éduquent-ils ? Quelle différence y-a-t-il entre l’éducation familiale, l’école et les médias ?

Pour répondre à cette question, nous allons regarder ce qui se passe à la radio Notre-Dame en prenant l’exemple de l’émission Génération. L’émission Génération de Marco, qui est un lieu de partage et d’éclairage sur l’Eglise, donne la parole aux jeunes de 15-25 ans. Toute sorte de questions sont abordées : la vie, la mort, les relations familiales, l’amour, le suicide, les pratiques religieuses, les relations avec les parents, le mariage, etc. Il s’agit de préparer les jeunes à affronter les questions relatives à l’existence humaine. Ce faisant, l’émission les prépare également à leur responsabilité de chrétiens dans un monde en profonde mutation. L’objectif visé est de faire acquérir aux jeunes les vertus nécessaires à la vie chrétienne et de les amener à saisir le sens de leur foi, afin d’en témoigner. Ainsi, on s’attache à leur donner des enseignements sur le sens chrétien de la vie et de la mort. Ces questions, on les rencontre à chaque étape de la vie. Pourquoi naître, pourquoi mourir ? Quel regard chrétien peut-on avoir de la vie et de la mort ? Comment se comporter au sein de la famille ? Quelle est la vision chrétienne de l’amour ? A-t-on le droit de mettre fin à sa vie ? Autant de questions qui meublent l’esprit des jeunes et auxquelles l’Eglise est appelée à donner des pistes de réponse.

Si l’Ecole suit une certaine pédagogie et se donne les moyens d’atteindre les objectifs fixés pour la formation et l’éducation des jeunes, les médias, eux, privilégient le savoir en donnant une formation en vrac, non structurée. Toutefois, au milieu de diverses informations et connaissances qu’ils diffusent, ils offrent aussi aux jeunes la possibilité de participer à leur propre éducation. Dans ce contexte, il devient urgent de développer des programmes d’éducation aux médias qui fassent une large place aux nouvelles technologies. Il faut que l’École adopte une attitude d’ouverture, qu’elle s’adapte à la réalité des jeunes d’aujourd’hui et qu’elle pense à ce que sera leur monde demain. Elle peut organiser des exercices pour mieux comprendre les médias, entraîner les élèves à repérer les informations importantes sur l'actualité avec une série d'exercices autour des expressions et la manière de les présenter.

En effet, les élèves changent : ils sont plus exigeants et moins coopératifs. Leurs parents sont plus consommateurs et plus critiques. La société a besoin de qualifications nouvelles et l’Ecole n’a plus le monopole de la validation de la formation. La société dans laquelle on vit est sans doute moins celle du savoir que celle de l’information. S’il est une capacité qu’il faut développer chez les élèves, c’est celle du tri, du décryptage et de la hiérarchisation d’informations surabondantes en fonction de leur qualité. Cela implique de développer une éducation aux médias, mais cela suppose surtout de continuer à développer les traditionnelles capacités d’analyse et de raisonnement.

En jetant un regard sur la radio Notre-Dame, on voit bien qu’elle essaie de structurer les thèmes en fonction justement des auditeurs en présence et pour le besoin d’évangélisation. Le débat autour des sujets qui concernent les jeunes, se fait dans le respect du niveau intellectuel de ces derniers. L’échange entre jeunes, donne à l’émission Génération l’allure d’une tribune ou d’un forum ou chacun dit ce qu’il pense ; c’est un lieu non seulement d’apprentissage de la foi, mais également un espace de parole, d’écoute et de dialogue.

Pour ce qui est de l’évangélisation, elle consisterait à renforcer les valeurs chrétiennes et l’enseignement reçus précédemment. La participation de non chrétiens à ces forums de discussion peut contribuer à faire lever le voile sur certaines choses qui pouvaient leur paraître encore floues ou incompréhensibles et ainsi les aider, à amorcer une véritable démarche de foi. Ce débat est nécessaire pour les jeunes qui sont très critiques et cherchent à comprendre pour croire. Les jeunes étant très sensibles à la discussion, un débat bien mené, avec des arguments convaincants peut les amener à réfléchir et au besoin, les entraîner à tenter l’expérience de foi.