2. 2. Les voyages apostoliques du pape Jean-Paul II

Comment Jean-Paul II a-t-il pu construire son image de pape star ? Quelles ont été ses stratégies d’évangélisation au cours de ses voyages ? Quelle image de l’Eglise a-t-il communiqué et comment s’y est-il pris ? C’est à ces questions que nous tenterons de répondre dans les pages qui suivent, en nous référant à ses voyages et spécialement à ses voyages en France.

Le 16 octobre 1978, Karol Woytila est élu pape de l’Eglise catholique romaine et prend le nom de « Jean-Paul II ». La surprise est très grande : il est le premier pape slave de l’histoire et le premier non-italien depuis Adrien VI en 1522. Chef de l’Eglise catholique et chef de l’Etat du Vatican - minuscule état composé de quarante-quatre hectares - c’est à ce titre qu’il exerce un rôle politique international. Jean-Paul II comme son successeur Benoît XVI, sont accueillis à travers le monde sous ce double titre. Soulignons cependant, que les voyages du pape sont d’abord des voyages apostoliques, au cours desquels, ils ne manquent pas de traiter des sujets politiques ; ceci dans le but de favoriser l’action de l’Eglise. En tant que chef d’Etat, le pape peut dialoguer d’égal à égal avec d’autres chefs d’Etats de la planète, entretenir des relations diplomatiques, ou être représenté auprès de la plupart des organisations internationales. Il convient de reconnaître que l’activité diplomatique du Vatican est d’abord et nécessairement un instrument au service de l’évangélisation.

S’il est souvent plus facile d’instaurer des relations avec les pays majoritairement catholiques, le Vatican ne néglige aucun lien diplomatique que ce soit avec des régimes démocratiques, totalitaires ou dictatoriaux, ou encore avec les gouvernements de pays musulmans ce qui prime c’est l’intérêt spirituel du catholicisme. S’agissant de la diplomatie vaticane, puisqu’elle est le point central de toute l’organisation des voyages à l’étranger, la nature religieuse du Saint-siègeconduit sa diplomatie à toujours mettre en avant la primauté de la paix et la nécessité de rechercher des solutions pacifiques pour la résolution des conflits internationaux. La mission universelle conduit le Saint-siège à suivre avec soin toutes les situations critiques existantes dans le monde entier. Le devoir humanitaire conduit la diplomatie à insister sur le sort des populations civiles, les réfugiés…qui ne doivent pas souffrir des décisions prises pour résoudre les crises.

Bref, les voyages de Jean-Paul II comportent comme nous l’avons dit, deux aspects : l’aspect spirituel, pastoral et l’aspect politique fondé sur la relation avec les Etats. Avant de parler de l’aspect strictement spirituel, nous voulons aborder le lien avec les Etats qui jouent un rôle important dans l’organisation et l’accueil du pape.