Que peut-on retenir de cette visite pastorale ?

Jean-Paul II se considère comme pèlerin au milieu des catholiques de France. Un pèlerin pas comme les autres, un pèlerin pasteur, un pèlerin pape. Il est un « pèlerin-messager » de l’Evangile. Au centre de sa méditation, se trouve l’amour miséricordieux du cœur du Christ et Marie tient une place de choix. Pèlerin, Jean-Paul II invite les fidèles catholiques à suivre les traces des saints. Il actualise la vie de ces derniers en l’interprétant en fonction de celle d’aujourd’hui. Partout où il est passé, il a prononcé soit un discours, soit une homélie. A chaque fois, il cite l’exemple des saints. On peut y voir sa dévotion aux saints. De ce point de vue, on comprend qu’il ait canonisé un grand nombre de saints durant son pontificat.

Jean-Paul II s’est engagé sur tous les fronts pour chercher à faire passer son message. Il a rencontré presque tous les groupes de chrétiens, les séminaristes, les diacres, les prêtres, les évêques, les cardinaux, ainsi que les autorités civiles. Chaque fois, il avait un message précis. Nous faisons remarquer que le pape n’a pas pu lire in extenso tous ses discours. Dans certaines rencontres, notamment avec les religieux, les laïcs ou les prêtres, le texte a été remis aux participants pour qu’ils en achèvent la lecture.

Durant son voyage, l’œcuménisme a été aussi en l’honneur, avec la rencontre des autres Eglises chrétiennes, ainsi que de l’Islam et du Judaïsme, à l’Amphithéâtre des Trois-Gaules, à Taizé, à l’université catholique de Lyon.

Dans ses discours Jean-Paul II, insiste spécifiquement sur l’éthique, sur les valeurs (religieuses et humaines à la fois) et sur les conséquences éthico-pratiques et éventuellement politiques, de la croyance chrétienne. Aussi, dans son discours d’au-revoir, qui sonne comme le couronnement de son voyage, il développe la question de l’aide aux pauvres, de la solidarité avec les plus démunis, etc.

La visite de Jean-Paul II sur les pas des saints, dans des lieux précis qui marquent l’histoire religieuse de la France peut-être interprétée de différentes façons. Selon Hervieu Léger, la valorisation par le pape des cultures catholiques locales, l’affirmation répétée de la place essentielle qu’elles occupent dans le patrimoine collectif de l’Eglise aussi bien que dans celui des sociétés où elles se déploient, sont des façons de les faire jouer comme barrage au processus de dissémination et de privatisation des croyances qui caractérise l’avancement de la sécularisation dans les sociétés occidentales417. Dans le cas de la France, poursuit notre auteur, le déplacement pontifical vise à produire l’affirmation symbolique d’une culture catholique menacée d’évanescence par l’extension d’une culture laïque de terrain chrétien banalisé et à faire jouer ce catholicisme contre la tendance à la dissémination qui mine l’Eglise418. La visite de Jean-Paul II, pasteur de l’Eglise universelle, s’inscrit dans sa mission de prêcher l’Evangile partout et de visiter les Eglises quand il le peut. Et il est évident que là où il y a des problèmes, il cherche à apporter sa contribution à la recherche des solutions.

Notes
417.

Hervieu Léger, Idem, p. 38-39.

418.

Hervieu Léger, Idem, p. 39.