2. Voyages du pape ou négociation  entre organisateurs, médias et public

Les voyages du pape mobilisent trois sortes de partenaires : les organisateurs, les médias et le public, comme nous l’avons déjà dit. Les organisateurs ou les acteurs inscrivent l’événement dans l’agenda public. Ils décident de la tenue des cérémonies et intéressent les médias qui eux, doivent assurer la publicité et la retransmission de ces dernières à l’intention du public qui s’associe à sa manière à leur déroulement. S’agissant des voyages apostoliques du pape, ils sont soigneusement préparés par une équipe composée de professionnels de la communication avec à leur tête Mgr Foley, président de la commission pour les moyens de communication sociale. On note également la présence de cardinaux dont certains jouent un rôle important du fait de leurs fonctions et de journalistes spécialistes du Vatican. Tout ce monde, constitue avec le pape, ce qu’on peut appeler les organisateurs. Mais, c’est le pape seul, acteur et invité des cérémonies, qui assume la responsabilité au nom de tous.

Parmi les organisateurs, il faut également citer l’Eglise locale qui le reçoit, en l’occurrence ici l’Eglise de Lyon, ainsi que le service d’ordre français. A ce niveau, des concertations ont lieu bien avant sa venue pour préparer l’événement. Les objectifs définis par l’équipe restreinte du pape sont discutés avec des autorités tant religieuses que civiles du pays hôte. Il y a pour ainsi dire une négociation des objectifs et la manière de les atteindre ; ce qui aboutit à un plan du déroulement de l’événement. L’exemple du voyage du pape à Lyon en est une illustration. On savait que le pape devait commencer son séjour à Lyon par une messe à Euroexpo, puis il allait se rendre les jours suivants à Paray-le-Monial, à Ars et enfin se retrouver avec les jeunes à Gerland. A chaque étape de sa visite, un plan détaillé était élaboré par les équipes concernées.

Tout en gardant la loyauté vis-à-vis des organisateurs, les médias sont aussi appelés à rendre compte de l’événement aux spectateurs. Ils doivent donner le contour de l’événement, par exemple lors de la visite papale de 1986 à Lyon, on donne le pourquoi du voyage (le pape effectue un pèlerinage aux sources de la France chrétienne), ce que le pape va faire (il va rencontrer les autorités civiles et religieuses, les communautés religieuses, les prêtres, les chrétiens, il ira à Paray-le-Monial, à Ars, et rencontrera les jeunes à Gerland avant de retourner au Vatican), et enfin la transmission de l’événement. Ce qui importe ici c’est le fait que les médias soient loyaux à l’égard des organisateurs sans trahir le public.

La coopération entre les différentes chaînes et les différents médias s’inscrit dans ce contexte. Il s’agit pour chacun des médias de négocier avec les autres de telle manière que les différents publics suivent la même cérémonie. Cette négociation se situe entre la dramaturgie cérémonielle, les gestes du public et la voix du narrateur ou les commentaires des journalistes. Le commentateur plonge le public dans l’événement en donnant à chaque fois des brèves explications. Pour guider le public dans la compréhension de la cérémonie, la télévision donne un plan, elle essaie de transmettre l’événement comme un récit cohérent. Grâce à elle, l’événement est représenté comme un récit à lire, à décrypter ou à analyser par les spectateurs. Le public, accroché aux téléviseurs se veut être le témoin de ce qui se passe.