5. Voyages pontificaux comme mode d’action

Nous avons affirmé plus haut, qu’il y a trois façons de se représenter les événements cérémoniels : la cérémonie commémorative, l’événement qui se déroule sur le champ et la cérémonie performative. Nous pouvons classer les voyages pontificaux dans la catégorie des performatifs ; ce sont des formes d’action, car ils visent le changement. En tant que mode d’action, les voyages pontificaux sont une façon d’évangéliser le monde. A titre d’exemple lors de son voyage à Lyon, tous les discours du pape ont abordé des thèmes qui regroupent un certain nombre de préoccupations que l’Eglise entend exprimer aux autorités de l’Etat ou à la population (catholique et non catholique). On citera notamment : la position de l’Eglise sur la question de la sexualité, la place de l’Eglise dans la vie d’une nation, l’aide aux pauvres ou encore la question de l’immigration, etc.

Pour agir, le pape dispose de deux atouts : les gestes et les paroles qui visent à « centrer » ou à « recadrer » le but de son voyage. Les gestes et les paroles sont souvent simultanés, mais c’est au cours de la performance gestuelle que la visée de l’événement se manifeste en premier. Pensons à la cérémonie des descentes d’avion et au baiser sur le sol que nous avons développé dans les pages précédentes. Pensons également à la présence du pape dans des lieux chargés de mémoire pour le catholicisme comme Paray-le-Monial et Ars.

Après le retour du pape, c’est l’heure du bilan, le début du processus d’interprétation. Les débats sont organisés autour du voyage, les journalistes et les instituts de sondage donnent leur point de vue, l’Eglise de France, et particulièrement le diocèse de Lyon, font leur bilan, et enfin les services de l’Etat font leur évaluation. C’est le moment d’évaluer l’événement, de mesurer les retombées et, surtout, d’en construire publiquement la signification. Le bilan se fait à la fois au Vatican et au pays visité.