III. Brève notice sur les éditeurs religieux en France

Parmi les éditeurs, certains établissements ont près de deux cents ans d’existence. L’imprimerie Mame, par exemple, existait à Tours en 1767. Armand Mame, en 1796, se spécialisa dans les livres de prix, les livres religieux et surtout les missels. Détruite en 1940, la maison Mame fut reconstruite en 1951 – 1952. Elle a depuis changé de structure. Issue de la congrégation des Pères assomptionnistes, la Maison de la Bonne Presse fit paraître le 12 juillet 1873 le premier numéro du Pèlerin sous la direction de Paul Bailly. En 1883 paraît la Croix. A but apostolique, la Bonne Presse s’orienta vers des publications à bon marché. Mais à coté des périodiques, cette maison édita aussi les Actes pontificaux et un grand nombre d’ouvrages de piété.

En 1831, M Bailly, père fondateur de la Bonne Presse, fondait avec M. Debecourt une librairie exclusivement consacrée à éditer et à vendre des livres destinés à faire connaître, à faire aimer et à défendre les dogmes et la morale de l’Eglise catholique. Cette librairie, reprise en 1869 par Bray et Retaux, fut rachetée par Pierre Téqui en 1908. Il était venu s’installer à Paris en 1868, au service de l’œuvre dite «  de Saint- Michel » pour la propagation et l’impression des livres à bon marché. Cette librairie a été fondée par le RP Félix, SJ. A la mort de deux frères Téqui, les éditions Saint- Michel reprenaient la succession en 1971. Le Père Alberione, d’origine italienne fonde la société Saint Paul en 1914 et en 1932, il s’installe en France. Cette société prendra le nom d’Apostolat des Editions.

En 1926 l’Action française est condamnée par Pie XI. Cette condamnation provoquant le désarroi des catholiques traditionalistes ; l’encyclique sociale Quadragesimo anno fit qualifier le pape de « socialiste ». Aussi, lorsque le père Bernadot, dominicain, soumit au pape le projet d’établir une maison d’édition qui diffuserait en France des enseignements pontificaux, il fut accueilli avec enthousiasme. Les éditions du Cerf furent fondées en 1929, un an après la parution du premier numéro de la revue dominicaine La Vie intellectuelle, à laquelle collaborait J. Maritain. Pie XI invita aussi le père Bernadot à fonder un hebdomadaire : Sept parut en mars 1934. En 1937, le même Pie XI condamna cette publication. A l’origine, le Cerf était un éditeur de revues appartenant politiquement et intellectuellement au catholicisme républicain et démocrate. De 1929 à 1940, il n’avait publié que 150 titres460.

En 1943, sous l’impulsion du père Chifflot, le Cerf reçoit une nouvelle orientation. C’est alors que l’on publie en 1948 les premiers fascicules de ce qui deviendra la Bible de Jérusalem, sous la direction de l’Ecole biblique de Jérusalem. Le Cerf, par ses collections patristiques, liturgiques et ecclésiologiques, a donné un appui décisif aux renouveaux qui préparèrent et rendirent possible le concile Vatican II461. Il faut dire qu’il y a une diversité des éditeurs et une multiplicité des courants chrétiens en France ; ce qui nous amène à concentrer notre attention sur deux groupes principaux à savoir Bayard Presse et les Publications de la vie catholique. On distingue également un troisième groupe de presse appelé «  Médias- participation », mais qui n’est pas très connu.

« Bayard presse », « Les publications de La vie catholique » et « Médias- participation » sont trois groupes importants de la presse catholique.

Le premier, plus que centenaire, appartient à la congrégation religieuse des Assomptionnistes comme nous l’avons souligné plus haut. Le second est né d’initiative laïque au lendemain de la guerre. Les deux premiers groupes ont eu en commun, jusqu’à très récemment, de s’être développés d’une part sur des fonds propres, c’est-à-dire dans une totale indépendance vis-à-vis de capitaux extérieurs, d’autre part par auto-création de titres et activités beaucoup plus que par achats.

En effet, la presse chrétienne est particulièrement développée en France ; Bayard Presse a très longtemps été une « maison » plutôt qu’un « groupe ». Elle le demeure encore principalement, mais plus exclusivement.

Notes
460.

M. Albaric, “L’édition catholique”, dans Histoire de l’édition française. Le livre concurrencé 1900- 1950, 1991, p. 299.

461.

Ibidem.