De même qu'ils n'ont pas inventé le pèlerinage, les assomptionnistes n'ont pas inventé la presse catholique, si on entend par là une presse destinée à des lecteurs catholiques ou à des lecteurs qui sympathisent avec des positions tenues pour catholiques. On peut citer par exemple deux titres qui ont existé avant Bayard Presse. L'Univers s'était fait une réputation, grâce à la plume brillante et belliqueuse de Louis Veuillot ; journal que lisait le Père d'Alzon, sans le suivre en tout. Le Monde se distinguait par l’abondance de ses informations religieuses. Le P. d'Alzon n'est pas journaliste, mais il a écrit des articles pour diverses publications, et il s'intéressait à la presse comme moyen d'atteindre le peuple pour remettre Dieu en honneur et défendre l'Église. Il a connu des entreprises journalistiques peu solides: La Liberté pour tous, "journal, disait-il, qui contenait certaines erreurs sans s'en douter", la Revue de l'enseignement chrétien, le Bulletin des œuvres ouvrières, "où quelques-uns des nôtres versent des flots d'encre et d'éloquence 462 .
En juillet 1873, le Conseil central des pèlerinages, fondé à La Salette, lance un petit bulletin de piété: Le Pèlerin. Notre-Dame-de-Salut le reprend et le transforme. Le P. d'Alzon y publie des articles, mais le ton du Pèlerin ne lui plaît pas toujours; il le juge "bien négatif", sans projet d'ensemble; il se dit dépassé par les projets du P. Vincent-de-Paul Bailly, le maître d'œuvre, ce qui ne l'empêche pas de continuer à collaborer et de faire part de ses conseils. De là naquit la Maison de la Bonne Presse. Celle-ci a fait preuve d’une créativité, régie par l’idéal commun de « Propagande » catholique. La maison de la Bonne Presse fondée en 1873 par les Assomptionnistes, deviendra en 1969 Bayard-Presse. Durant l’entre-deux-guerres, le groupe poursuit son développement. La Maison de la Bonne presse n’est plus seulement une entreprise de presse, mais aussi une maison d’édition, une imprimerie et un service de messagerie extrêmement important. Elle édite principalement des magazines religieux et pour la jeunesse.
Dans les années 1960, l’entreprise connaît un nouvel élan créatif, lié à l’émergence de nouveaux besoins culturels et sociaux : renouveau de la communication avec l’enfant et reconnaissance sociale du monde de la retraite. En 1966, le groupe lance Pomme d’Api et, en 1968, le magazine Notre Temps. Les années 1970 verront la construction de toute la gamme jeunesse : Okapi, Les Belles Histoires, J’aime Lire, Astrapi... Dans le années 1980, le groupe se développe à l’international. A partir de 1977, date de l’ouverture de sa première filiale internationale à Hong-Kong, et 1989, date de création de « Bayard Presse International », l’entreprise mène une politique d’acquisition et de partenariat sur les cinq continents. Au début des années 1990, Bayard compte des filiales, des partenariats et des licences partout dans le monde : en Europe (Grande-Bretagne, Espagne, Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Italie…), Asie, Amérique du Sud, Etats-Unis, Canada. En 1993, Bayard participe à la création de l’ « Association Planète des Jeunes », qui vise à développer la lecture chez les enfants et les jeunes dans les pays d’Afrique francophone.
Dès le début du XXI ème siècle, le groupe acquiert une grande expérience multimédia et touche son public par l’intermédiaire de ses opérations Internet : les différents sites prolongent et complètent ses titre de presse. En 2004, Bayard fait l’acquisition de Milan (Presse et éditions). Aujourd’hui, Bayard poursuit son développement à l’international : avec 36 millions de lecteurs dans le monde et près de 150 magazines, 18 % du chiffre d’affaires sont maintenant réalisés à l’étranger.
Faire savoir, informer, faire voler l’imaginaire, susciter la prière, déployer le récit, encourager la connaissance au moyen des journaux, des livres, des sites Internet, visent à faire sens, à faire grandir, à faire plaisir, tel est le but poursuivit par le groupe Bayard Presse.
En tant qu’acteur sur le marché de la jeunesse, de la culture et de la religion, des seniors et de la nature, il a un catalogue de près de 4 000 titres pour les adultes et la jeunesse. Avec près de 150 magazines répartis dans 41 pays dans le monde (109 en Europe dont 72 en France, 29 en Amérique, 10 en Asie et 2 en Afrique), avec ses 2 500 salariés, 3 300 pigistes et un chiffre d’affaires de 338, 5 millions d’euros, Bayard rassemble 6,3 millions d’abonnés. Aujourd’hui acteur majeur sur le marché de la presse éducative (Pomme d’Api, J’aime lire,…), des publications religieuses (Panorama, Prions en Eglise,…), des séniors (Notre Temps,…) et de nature (Terre Sauvage,…), Bayard compte deux titres historiques : l’hebdomadaire Pèlerin et le quotidien La Croix. L’actionnaire de Bayard, la congrégation des Augustins de l’Assomption, est unique depuis près de cent quarante ans.
En 2004, Bayard a réalisé plusieurs acquisitions ou rapprochements : acquisition du groupe Milan, de creative Communications for the Parish aux Etats- Unis ; en Allemagne, dans le secteur senior, il assure sa présence grâce à la collaboration du groupe Weltbild.
On constate aujourd’hui que Bayard s’attache plus à développer une stratégie de présence au niveau international et met un accent particulier sur le public jeune, malgré la présence de quelques initiatives concernant les seniors. Ce constat est en quelque sorte révélateur de l’état du marché en France ainsi que de l’attitude du public. Avec un nombre impressionnant des éditeurs sur le marché Bayard n’a pas l’hégémonie même dans les milieux catholiques.
Avant de clore ce point, disons un mot sur Le journal La Croix 463 . Journal à identité chrétienne, La Croix est pleinement intégré dans le concert des médias français où il fait entendre sa propre partition. Il s’inspire de l’actualité et de la vie et part du principe que « derrière la face parfois sombre des événements subsiste une clarté ». Depuis sa transformation en journal du matin, en janvier 1999, et un changement de formule en novembre 2003, on assiste à une progression des abonnements, l’explosion des ventes au numéro et un chiffre d’affaires publicitaires en hausse. Ce changement de stratégie est bien sûr payant, mais il faut surtout souligner qu’en tant que journal d’opinion, La Croix reste jusqu’à présent le seul journal catholique à large diffusion.
http://WWW.assomption.org/ressources/Histoire/Part 3ch 5-presse.htm
Pour plus d’information, nous renvoyons nos lecteurs à la quatrième partie.