2.1.3 L'immobilier non résidentiel

Nous passerons plus rapidement sur l'immobilier d'entreprise que sur le logement, d'une part parce que les données sont moins abondantes, et d'autre part parce que les grandes fonctions économiques et une partie des logiques d'action sont similaires. L'immobilier d'entreprise ne couvre pas l'ensemble de l'immobilier non résidentiel puisque l'on entend habituellement par là les locaux industriels, commerciaux et de bureaux 128 . Les études économiques ont surtout porté sur ces derniers, ce qui s'explique d'abord par le mouvement profond de tertiarisation de l'économie depuis les années 60 129 , puis par leur rôle dans les cycles immobiliers, en particulier dans la crise de 1991, qui s'est prolongée jusqu'en 1997 pour les bureaux. En France, le parc des bureaux est pour une large part francilien, et même parisien : il serait d'environ 30 millions de mètre carrés pour Paris et la petite couronne (dont 3 millions à La Défense), soit deux fois plus que pour l'ensemble de la région Rhône-Alpes (dont le plus grand parc est le quartier de la Part-Dieu, totalisant 500 000 m²). Lyon représente le deuxième parc de bureaux français (estimé à 3,5 millions de mètres carrés 130 . Cette taille donne au marché lyonnais la réputation d'être moins soumis à des variations erratiques et à des effets de mode que ceux des autres grandes villes 131 . Il s'agit d'un parc récent, incarné par les grandes opérations d'aménagement entamées au cours des années 60 et 70, notamment celle de La Défense (3 millions de mètres carrés) ou, à Lyon, du quartier de la Part-Dieu, anciennement occupé par des casernes et racheté par la ville en 1960, qui compte actuellement 500 000 mètres carrés de bureau et plus de 100 000 de locaux commerciaux. La part de l'offre ancienne n'a dépassé celle du neuf qu'au milieu des années 90 132 . La prééminence du marché parisien se retrouve dans le volume des transactions (location et vente) : en 2005 la demande des utilisateurs finaux, dite demande placée, était de 2,2 millions de mètres carrés en région parisienne, et de 1,4 millions de mètres carrés en province (dont 350 000 à Lyon) 133 . Notons que cela représente moins de 3000 transactions.

Notes
128.

Dans les études conjoncturelles sur l'immobilier de bureau, on associe parfois les entrepôts et les locaux d'activité, regroupant toutes les fonctions productives d'une entreprise, dont 15% à 30% de bureaux.

129.

On estime souvent que les locaux industriels ont été majoritaires parmi les locaux d'activité au sein des villes occidentales jusqu'aux années 40. Néanmoins le retournement au profit des bureaux se fait à des dates différentes selon les pays. Il est précoce aux Etats-Unis où des immeubles destinés aux activités tertiaires apparaissent dans les centres-villes au cours des années 20. En France, le marché de l'immobilier de bureaux se constitue à partir des années 60.

130.

Cf. Marc Bonneville, Lyon métropole régionale ou eurocité ? Paris, Economica, 1997.

131.

Eric Crouzet, "le marché de bureaux et les territoires métropolitains : vers un renforcement de la discrimination territoriale", Espace géographique, n°2, 2003, pp. 141-154.

132.

Jean-Jacques Granelle, Economie Immobilière, Economica, 1998, chapitre 9 : "L'immobilier d'entreprise. Le marché des bureaux".

133.

Source : étude annuelle de marché CB Richard Ellis.