Choix du traitement par le logiciel Prospéro

Choix de l'outil

Le choix des textes se fait conjointement à celui du logiciel de traitement, en l'occurrence le logiciel Prospéro. Permettant les dénombrements habituels pour ce genre de logiciels, il est conçu pour répondre aux conceptions défendues par Francis Chateauraynaud en matière d'analyse textuelle. Il présente notamment la particularité de laisser une grande liberté dans le travail de catégorisation et pousse à mettre l'accent sur la réflexivité du travail d'analyse. Trois caractéristiques justifient son utilisation :

  1. En l'absence d'un réel support définissant la profession (code de déontologie, ordre, etc.), les documents pertinents sont hétérogènes et vont de l'article de presse à la publicité ou au guide juridique. Une analyse de textes permet d'effectuer des rapprochements entre des formes stylistiques différentes, par exemple entre une rhétorique publicitaire très fabriquée et l'expression familière dans une interview. On retrouve ici la conception défendue par Chateauraynaud dans l'élaboration du logiciel Prospéro : si les conditions d'énonciation du discours et la genèse de sa production sont importantes, la façon dont se distribuent les énoncés l'est au moins autant. Il défend ainsi l'idée que des éléments mis en valeur (par exemple le titre de l'article) ne doivent pas systématiquement être privilégiés par rapport à l'ensemble des variations auxquelles on s'intéresse. A quelques réserves près, exprimées ci-dessus, cet aspect nous paraît pertinent pour l'analyse d'un corpus où les slogans, les phrases toutes faites et les formes figées sont nombreuses : le type de catégorisation auquel invite le logiciel Prospéro permet de casser l'impression d'uniformité, et de suggérer de nouvelles lignes de séparation ou de rapprochement.
  2. Par rapport à des exploitations statistiques classiques, ou à d'autres logiciels d'analyse de textes, Prospéro est conçu précisément pour naviguer entre différents niveaux d'observation (l'ensemble du corpus, le texte, le bloc de phrases ou la phrase elle-même).

A certains égards, notre corpus s'éloigne de ceux traités habituellement avec Prospéro : il ne s'agit pas d'une "affaire" ou d'une "controverse" (même si on trouve quelques "points de fixation"), et la dimension temporelle du dossier n'est pas importante. Néanmoins, Chateauraynaud soutient lui-même qu'il ne s'agit pas d'un logiciel dédié à l'étude des controverses. Le dossier sur lequel on travaille présente assez largement les traits d'un dossier complexe.