2. Seconde dimension : Étude des manifestations de la pathologie étudiée dans la situation de relation avec un objet signifiant

La seconde dimension de ma démarche de recherche correspond à la focalisation sur un aspect particulier du mode d’expression de la pathologie étudiée : les modes de rapport à l’objet dans les dimensions intrapsychique, transsubjective et intersubjective.

Je m’intéresse ici au registre de l’expression et des modalités de liens dans chacune de ces catégories.

Il paraît donc opportun de commencer par proposer une définition précise de la notion de « lien ».

Pour cela, j’ai revisité les différentes définitions proposées par S. Freud, en particulier celles qui traitent des liens intrapsychiques.

Dans ce registre, les travaux de W.R. Bion39 m’ont semblé tout à fait fondamentaux, et apporter d’autres dimensions de mobilisation et d’implication des liens intrapsychiques que celles que Freud avait proposées.

En étudiant l’évolution de cette notion dans le champ de la psychanalyse, il m’est apparu qu’elle est encore polémique et qu’il n’y a pas de définition qui fasse consensus. Ainsi existe-t-il toujours un débat à propos de l’équivalence entre les liens et les relations d’objet.40 … Je proposerai donc une reprise des différents points de vue, de façon à établir à quelle acception je me réfère.

Pour les registres d’expression des liens transsubjectif et intersubjectif, j’ai construit ma représentation à partir notamment des travaux de S. Ferenczi41, M. Klein42, D. W. Winnicott43, R. Kaës44, D. Meltzer45 et de A. Ciccone46, A. Konicheckis47, P. Marty48.

L’apport des recherches menées par les théoriciens du groupe pour la compréhension des implications et des enjeux du registre intersubjectif est incontestable. Néanmoins, dans la mesure où les troubles fixés de la relation chez l’enfant m’ont particulièrement intéressée, j’ai rapidement été amenée à considérer la théorie de l’attachement initiée par J. Bowlby49 , puis reprise et développée par M. Ainsworth50, M. Main51, et promue plus récemment en France par A. Guedeney52.

J. Bowlby a repris la question du lien émotionnel entre l’enfant et son premier objet, en insistant sur les incidences de ses aléas sur la constitution des représentations primitives et fondatrices de soi, de l’autre et du principe de relation chez un sujet. Selon lui, celles-ci influencent fortement la capacité future d’un individu à pouvoir susciter et investir des relations intersubjectives, ainsi que la nature et la qualité de ces relations.

Les théoriciens de l’attachement ont fait de celui-ci un des besoins fondamentaux de l’être humain. Il est selon eux psychiquement vital pour un bébé de pouvoir établir un lien d’attachement sécure et permanent avec un objet d’élection, suffisamment stable, prévisible et disponible. L’ensemble du développement harmonieux et sain d’un sujet dépendrait du fait qu’il ait pu expérimenter ce type de lien pendant au moins les deux premières années de sa vie. Au contraire, l’expérience de relations caractérisées par le chaos ou par le délaissement induirait l’intériorisation de modes d’attachement distordus, qui nuiraient au développement relationnel du sujet.

Considérer les troubles de la relation présentés par les enfants qui ont subi des traumatismes relationnels précoces comme un système intégré, organisé et cohérent, bien que pathologique, m’a semblé intéressant. Il paraît donc opportun de revisiter le modèle théorique de l’attachement, afin de mesurer s’il est pertinent pour rendre compte des processus en jeu dans l’étiologie et l’expression de ces troubles.

Cette approche semble faire passer la clinique du traumatisme au second plan, car elle s’appuie sur la capacité de résilience vis-à-vis des traumatismes que peuvent développer les sujets qui bénéficient d’un lien d’attachement sécure.

Sur ce point, Guedeney écrit  en 199853,:

‘« On sait maintenant que la carence maternelle n’est pas la seule cause, que l’enfant souffre quand il est pris, sans suppléance ni recours, dans un conflit parental, ou dans une situation sans échappatoire ni soutien. Bowlby a beaucoup contribué à montrer que ce qui compte alors, c’est l’existence d’un lien d’attachement, d’une base sûre, qui assure un certain rapport avec la réalité, qui assure que le monde n’est pas un cauchemar, et que vous n’êtes pas le seul à penser que tout cela n’est pas normal. Bowlby a été le premier psychanalyste à remettre en cause la théorie du traumatisme d’une façon aussi radicale, et à souligner le besoin de l’enfant de connaître la réalité qui le concerne pour pouvoir l’élaborer, si dure soit-elle. La capacité de résilience apparaît donc liée à un attachement sûr. »’

La notion de résilience est souvent invoquée lorsqu’il est question de traumatismes infantiles. Il convient donc d’établir si les enfants qui présentent le profil psychopathologique que je vais décrire ont pu développer une capacité de résilience suffisante, et si leur situation correspond aux critères conditionnels décrits par B. Cyrulnik54.

La solitude extrême dans l’expérience de la douleur psychique et/ou physique, la confusion émotionnelle et l’angoisse d’annihilation me semblent être des facteurs prépondérants dans l’installation d’un fonctionnement pathologique précoce.

‘« Être seul, écrit Ferenczi55. La personnalité enfantine, encore si peu consolidée, n’a pour ainsi dire aucune capacité d’existence si son entourage ne la soutient pas, de tous côtés. Sans ce soutien, les mécanismes partiels psychiques et organiques, divergent, explosent en quelque sorte ; il n’existe pas encore de centre du moi d’une force digne d’être mentionnée, qui maintiendrait le tout ensemble, même de façon autonome. »’

En effet, il me semble que cette situation conduit le sujet immature à ne pouvoir compter que sur ses seules ressources pour survivre à ces expériences, et éviter « l’explosion » interne. Or, si les expériences de stress extrême, traumatogènes, se répètent trop souvent et que le sujet ne bénéficie pas d’une relation sécurisante et apaisante avec son environnement, il n’a pas d’autre choix que de consacrer l’essentiel de son énergie au maintien de son système défensif individuel.

La psychanalyse a montré que l’utilisation massive, permanente et exclusive de défenses empêche le développement, et finit par produire des souffrances plus importantes que celles qu’elles visent à éviter ou à atténuer. Il est admis aujourd’hui que ce qui rend un phénomène pathologique, ce qui différencie le normal de l’a-normal, c’est la massivité et la systématisation rigide, la fixation de ce phénomène, au détriment du développement et de l’expression d’autres phénomènes psychiques.

Ceci est particulièrement vrai pour l’enfant, qui est un être en cours d’évolution. L’enfance est le temps de la construction psychique.

Le développement de la vie psychique de l’enfant passe en effet par différentes étapes, auxquelles correspondent des processus particuliers. Chaque étape implique des acquisitions qui servent d’étai à celles qui correspondent à l’étape suivante. Ainsi, l’appareil psychique d’un sujet s’étoffe et se complexifie ; il acquiert de nouvelles possibilités de traitement et de gestion de ses expériences, et développe grâce à cela de nouveaux types de réaction.

Certains considèrent aujourd’hui la structuration de la personnalité d’un sujet en fonction des étapes du développement normal auxquelles correspond son mode de fonctionnement. En psychopathologie, on parle de « fixation » à tel ou tel stade de fonctionnement psychique. Ce modèle est intéressant, mais il me paraît présenter le risque de constituer une représentation figée du fonctionnement mental d’un sujet. Il me semble qu’il risque de ne pas rendre compte de l’hétérogénéité des processus psychiques à l’œuvre chez un même sujet. D’après mes observations, ils peuvent changer en fonction de la nature des expériences émotionnelles.

Néanmoins d’autres modèles se développent aujourd’hui, à partir des propositions de M. Klein et de W. R. Bion. A. Ciccone56 estime qu’il est difficile d’affirmer une psychopathologie chez l’enfant, et qu’il est encore plus difficile d’affirmer une structure, car aucun processus ne serait totalement fixé chez l’enfant. Il propose ainsi de considérer l’état mental en termes d’oscillations, dès l’origine, entre les différentes positions adhésive, schizo-paranoïde, dépressive, etc57. Selon lui, il conviendrait de penser en termes de positions ou d’états, plutôt que de structure de personnalité. Il me semble en effet que cela permettrait de refléter les qualités mouvantes et vivantes de la « matière » psychique. Le modèle des positions permet de penser l’oscillation entre des états d’ouverture, d’investissement des relations avec le monde extérieur, et des états de fermeture (position autosensuelle ou autistique). D’après ce modèle, la pathologisation résulte d’un échec dans la tolérance à la douleur dépressive. A. Ciccone écrit : (p.55) :

‘« Si l’angoisse dépressive est vécue comme une terreur sans nom, l’enfant l’évacuera par la rigidification autistique, et l’évacuation émotionnelle sera garantie au prix du démantèlement de l’appareil psychique et perceptuel, démantèlement qui ne pourra pas transformer les angoisses catastrophiques. Si l’angoisse dépressive est vécue comme une désintégration, la psyché s’organisera selon les aménagements paranoïdes-schizoïdes, évacuant l’émotion au prix du clivage, lequel nourrira les angoisses persécutoires. » ’

On sait également que le développement de l’enfant est toujours intimement corrélé à la qualité des expériences relationnelles qu’il vit avec son entourage affectif.

Ce principe est soutenu par la recherche psychanalytique depuis Freud.

Or le cheminement de ma recherche m’a amenée à découvrir un phénomène actuel tout à fait passionnant.

Depuis quelques années, la technologie moderne a permis le perfectionnement des outils d’observation du développement et du fonctionnement cérébral. Grâce notamment à l’utilisation de l’I.R.M et du scanner, les neurologues ont fait des découvertes inédites ont ainsi considérablement progressé dans la compréhension du développement du cerveau, ainsi que des fonctions des différentes zones cérébrales, en particulier en ce qui concerne la gestion du stress et des émotions, les processus de pensée et de mémoire.

Et il s’avère que leurs découvertes corroborent nombre d’hypothèses conçues et soutenues par la recherche psychanalytique depuis plus d’un siècle.

Ainsi A. Schore58 présente-il le cerveau comme un organe « bio-environnemental » ou « bio-social », dont le développement dépend de la nature des interactions que le sujet expérimente avec son environnement.

Bien que ma recherche ne s’inscrive pas dans une approche neuropsychologique, il me semble intéressant d’explorer ce champ, et les hypothèses qu’il propose. Je propose ainsi une présentation des résultats de la recherche contemporaine qui ont trait à l’impact des traumatismes relationnels précoces sur le développement de certaines zones du cerveau.

Cette démarche me paraît d’autant plus intéressante qu’elle renoue avec les origines de la psychanalyse : Freud n’était-il pas neurologue ? Nombre de ses modèles psychanalytiques s’inspirent ainsi du vocabulaire et des représentations issus des champs de la biologie et de la neurologie ; pour bâtir sa théorisation du fonctionnement psychique, il a souvent eu recours à une utilisation métaphorique des concepts biologiques. Le modèle de la cellule nerveuse, le principe du frayage neuronal, entre autres, se retrouvent dans sa théorie du moi et de la liaison intrapsychique…

Pourtant, en 1909, Freud évoquant l’hystérie recommandait de « quitter les médecins » 59 (p.11) car :

‘«N’oublions pas que le médecin, au cours de ses études, a appris (par exemple dans le cas d’apoplexie ou de tumeurs) à se représenter plus ou moins exactement les causes des symptômes organiques. Au contraire, en présence des singularités hystériques, son savoir, sa science anatomique, physiologique et pathologique le laissent en l’air. Il ne peut comprendre l’hystérie, en face d’elle il est incompétent. » ’

L’invention de la psychanalyse répondait alors à l’impératif de concevoir des modèles heuristiques qui permettraient de saisir ce que la technique médicale de l’époque ne permettait pas de comprendre.

Or, à l’aube du XXIème siècle, nous commençons à avoir les moyens de vérifier pratiquement in situ les propositions freudiennes…

Il me semble ainsi que la psychanalyse pourrait trouver un nouvel élan en intégrant les découvertes issues des neurosciences. Peut-être obtiendra-t-elle par ce biais le crédit scientifique qui a toujours rendu polémique sa crédibilité… Le problème de la « preuve » de la validité des modèles théoriques psychanalytiques pourrait-il être résolu, ironie du sort, par les neurosciences ? Les neuroscientifiques invitent à la prudence, et je pense en effet qu’il convient de demeurer circonspect quant à l’utilisation des données issues de ce champ dans celui de la psychanalyse. Mais on peut imaginer qu’elles permettent de nouvelles formes métaphoriques, pour la création de modèles inédits….

Je ne chercherai pas à apporter de réponse à cet épineux débat, mais à ouvrir des perspectives de questionnement qui concernent aussi l’avenir de la position praticienne des cliniciens…

Après avoir croisé mes premières observations avec les modèles établis par les chercheurs qui m’ont précédée, je souhaite parvenir à identifier et à rendre compte du profil psychopathologique atypique présenté par les enfants qui ont passé leurs premiers temps de vie dans un environnement caractérisé par le chaos des interactions et la faillite des relations infantiles précoces.

Deux grands courants théoriques psychanalytiques vectoriseront le cours de ma démarche de recherche : il s’agit d’une part de la théorie de la relation d’objet primaire et d’autre part de la théorie du traumatisme.

J’interrogerai en filigrane tout au long du développement la fonction d’interface que peut prendre la combinaison de ces deux théories, pour l’appréhension de l’articulation des troubles des liens dans les trois registres intrapsychique, transsubjectif et intersubjectif.

Notes
39.

BION W.R., (1962), Aux sources de l’expérience, Tr. Fr. (1979) PUF, Paris

40.

(1998), Journal de la psychanalyse de l’enfant 23, Les liens, Bayard, Paris

voir aussi BRUSSET B., (1988), Psychanalyse du lien. La relation d’objet, Le Centurion, Paris

41.

FERENCZI S., Œuvres Complètes – Psychanalyse 4 (1927-1933), op.cit.

42.

KLEIN M., (1946), Notes sur quelques mécanismes schizoïdes, op.cit.

43.

WINNICOTT D. W., (1971), L’utilisation de l’objet et le mode de relation à l’objet aux travers des identifications, in Jeu et réalité. L’espace potentiel, (1975) tr.fr. Gallimard, Paris, pp. 120-131

44.

KAËS R., (1993), Le groupe et le sujet du groupe, Dunod, Paris

KAES R., (1994), La parole et le lien : Processus associatifs et travail psychique dans les groupes, Dunod, Paris

45.

MELTZER D., (1968), La tyrannie, in D.MELTZER (1972) Les structures sexuelles de la vie psychique, (1977) tr.fr., Payot, Paris, pp.225-235

46.

CICCONE A., (2003), Les enfants qui « poussent à bout ». Logiques du lien tyrannique. In CICCONE A. et al., Psychanalyse du lien tyrannique, pp.11-46

47.

KONICHECKIS A., (2002), Relationsentre les trois polarités identificatoires introjective, projective et imitative, in Modalités du lien dans la clinique au quotidien : des identifications à la crêche,  in MARTY P. et al., Le lien et quelques unes de ses figures, Publications de l’Université de Rouen, pp. 215-232

48.

MARTY P., (2002), in MARTY P. et al., op.cit.

49.

BOWLBY J., (1969 à 1980), Attachement et perte ; volumes I, II et III, Tr. Fr. de 1998 à 2002, PUF, Paris

50.

AINSWORTH M., BLEHAR M., WATERS E., WALL S., (1978), Patterns of attachement : A psychological study of the strange situation, Hillsdale, NJ : Erlbaum

51.

MAIN M., SOLOMON J., (1990), Procedures for identifying infants as disorganized/disoriented during the Ainsworth Strange Situation, in GEENBERG M., CICCHETI D., CUMMINGS E. (eds), Attachment in the Pre-Scool Years, University of Chicago Press

52.

GUEDENEY N. & A., (2001), L’attachement. Concepts et applications, Masson, Paris

GUEDENEY A., DUGRAVIER R., (2006), Les facteurs de risques familiaux et environnementaux des troubles du comportement chez le jeune enfant : une revue de la littérature scientifique anglosaxone, in Psychiatrie de l’enfant, 49, 1, pp. 227-278

53.

GUEDENEY A., (1998), Les déterminants précoces de la résilience, in Ces enfants qui tiennent le coup, ss la dir. de B. CYRULNIK, Editions Hommes et Perspectives, p. 14

54.

CYRULNIK B., (2004), Le réel et sa représentation. Les requis de la résilience in La réalité psychique et ses transformations, Journal de la psychanalyse de l’enfant n° 34, Bayard, Paris

55.

FERENCZI S., (cité par R. Guimaraes), Journal clinique, Payot, Paris, 1985, p.282-283

56.

CICCONE A., (2007), Psychopathologie du bébé, de l'enfant et de l'adolescent, in ROUSSILLON R. (dir ), Manuel de psychologie et de psychopathologie clinique générale, Masson, Paris, p. 276-400

57.

Pour mémoire, j’indiquerai simplement, sur la base des descriptions fournies par A. Ciccone, que la position adhésive a été décrite par E. Bick (1986) à partir des travaux de M. Mahler (1968) et de F. Tustin (1972), portant sur les phases d’autosensulalité du développement précoce. La relation d’objet y est caractérisée par l’adhésivité, le mimétisme, la réduction unisensorielle des objets. La perception de la surface ou des formes des objets ou des expériences est plus investie que leur contenu ou leur sens. Cette position correspond au narcissisme primaire. Les mécanismes de défense afférents sont l’identification adhésive et le démantèlement. La position schizo-paranoïde a été décrite par M. Klein (1935,1946) Elle se construit dans la tridimensionnalité. Le monde, les objets, les expériences ont une profondeur, des contenus et sont appréhendés dans leur intériorité. Elle est caractérisée par les angoisses de persécution. La relation d’objet est de l’ordre du narcissisme secondaire. Les principales défenses utilisées sont le clivage, la projection et l’identification projective, le déni, l’idéalisation. Dans la position dépressive, également décrite par M. Klein, l’objet est perçu comme total, le moi fait la synthèse entre ses différents aspects (bons et mauvais, aimés et haïs). Les angoisses éprouvées seront ainsi des angoisses de perte, et les attaques portées contre l’objet produisent de la culpabilité. Le moi étant plus intégré, il peut recourir au refoulement et à ces différents effets défensifs caractéristiques de la névrose : dénégation, isolation, déplacement, condensation.

58.

SCHORE A., (2001a), Effects of a secure attachment on right brain development, affect regulation, and infant mental health, Infant Mental Health Journal 22, pp. 7-67

SCHORE A.,(2001b), The effects of early relational trauma on right brain development, affect regulation, and infant mental health, Infant Mental Health Journal 22, pp. 201-269

59.

FREUD S. (1909) Cinq leçons sur la psychanalyse, tr.fr. (1966), Payot, Paris