Chapitre 1 : champs de recherche

1.1 Terrain d’intervention et d’investigation

Positionnement professionnel

Je travaille depuis quelques années dans le service de pédopsychiatrie du Dr M. Berger, à l’hôpital Bellevue du CHU de Saint-Etienne (Loire). Mon activité se répartit entre une unité d’hospitalisation de jour, une unité de consultation de secteur et un service de placement familial, qui emploie cinq Assistants Familiaux Permanents.

Je suis consultante pour l’unité de secteur, mais je ne suis thérapeute que de quelques enfants, adolescents, adultes et familles car je consacre l’essentiel de mon temps de travail (70%) à l’unité d’hospitalisation de jour.

Cette unité a été créée en 2004, sur le modèle d’une autre unité qui fonctionne depuis 1979, pour répondre à une augmentation considérable des indications de prise en charge thérapeutique intensive.

Depuis quelques années en effet, les moyens des unités de consultation de secteur s’avèrent insuffisants pour traiter les troubles d’un nombre considérable d’enfants. Nous avons constaté que la plupart d’entre eux relèvent du dispositif de protection de l’enfance. Soit parce que leur famille bénéficie d’une Aide Educative, administrative ou judiciaire, soit parce qu’ils ont été séparés du milieu familial et confiés à une famille d’accueil ou à un établissement spécialisé. La liste d’attente pour les deux unités d’hospitalisation de jour comprend plus de 80% de ces enfants.

Chaque unité d’hospitalisation de jour accueille entre 12 et 15 enfants, âgés de 4 à 12 ans. Dans l’unité où j’interviens, seuls 3 enfants vivent chez leur(s) parent(s). Les autres vivent en famille d’accueil ou en établissement, et rencontrent leur(s) parent(s) en visite médiatisée.

Les enfants sont accueillis à l’hôpital de jour quotidiennement, toute la journée, pendant au moins deux ans avant qu’une amélioration tangible et pérenne ne se produise.

L’équipe soignante est constituée de trois éducatrices et d’une infirmière psychiatrique à temps complet. Nous bénéficions de l’intervention des rééducatrices (psychomotriciennes et orthophonistes) de l’équipe de secteur, et de celle du chef de service pour la mise en place et le suivi de traitements médicamenteux lorsqu’ils sont nécessaires.

Enfin, les enfants sont accueillis à la fréquence et pour la durée qui leur convient dans trois classes thérapeutiques intégrées à l’école du quartier. Des enseignants spécialisés, détachés par l’Education Nationale, les prennent en charge en petits groupes, et sont disponibles pour des temps de travail individualisés. Ils se concentrent sur les matières principales du programme scolaire, et travaillent particulièrement les registres de capacités cognitives où les enfants sont le plus en difficulté. Grâce à ce dispositif, de nombreux enfants (mais pas tous) progressent considérablement. On observe des remontées de QI notables et beaucoup parviennent à suivre un programme scolaire de cycle primaire normal. Certains « décollent » même au point de pouvoir être progressivement intégré à temps plein dans les classes non-thérapeutiques de l’école, et poursuivre ensuite en enseignement secondaire.