Un terrain d’appui propice pour une démarche de recherche

Ma pratique singulière au sein de l’unité d’hospitalisation de jour du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Bellevue constitue donc pour moi un terrain d’observation, de recherche et d’expérimentation extrêmement riche.

Mes propres entretiens thérapeutiques avec les enfants, les familles et/ou les substituts parentaux, le matériel fourni par les éducatrices qui tissent chaque jour, pendant plusieurs années, une relation privilégiée avec les enfants me permettent de confronter quotidiennement le produit de mes recherches théoriques avec celui de l’observation clinique. J’ai pu ainsi à la fois éprouver les modèles théoriques existants, et tenter d’élaborer mon propre système de compréhension paradigmatique.

J’ai pu avoir aussi toute liberté (naturellement dans la limite des règles élémentaires de déontologie) pour rêver, imaginer, expérimenter les outils de recherche et de soins que je déduisais au fur et à mesure de mes pérégrinations analytiques.

Toutefois, le pragmatisme qu’implique l’exercice d’une position praticienne, simultanée à celui d’une position de recherche, m’a contrainte à une heureuse rigueur dans le maniement des modèles théoriques découverts, si séduisants soient-ils.

En effet, nombre d’hypothèses de travail et de pré-modèles heuristiques abstraits de mes lectures ont été déboutés par l’échec de leur traduction dans la pratique thérapeutique.

D’autres au contraire, certaines parmi les plus inattendues, semblent être renforcées. D’autres enfin m’ont été directement inspirées par la nécessité de terrain qui pousse parfois « hors balisage », aux formulations les plus audacieuses, malgré les résistances, les doutes, et l’excès d’humilité défensive.

C’est donc dans ce contexte privilégié que j’ai abordé la clinique spécifique des enfants séparés de leur famille et confiés à des substituts parentaux, et qui présentent des troubles graves des fonctions de liaison intrapsychique et de la capacité de relation intersubjective.