Quels points essentiels retenir et prendre en compte pour la construction d’une approche de ma recherche ?

La question qui se pose à ce stade de la recherche est de comprendre ce qui fonde le rapport des passages à l’acte de ses sujets – et des autres à leur égard – avec le registre des traces traumatiques.

A partir de l’étude des différents types d’angoisse discriminés par Freud, j’étudierai au cours du développement les comportements qui paraissent signifier des moments d’envahissement par l’angoisse automatique, avec le recours aux modes de traitement qui correspondent au stade du développement où ont eu lieu les expériences fondatrices, ainsi que les comportements qui paraissent mettre en évidence l’activation dans le moi d’un signal d’angoisse, correspondant à la représentation de danger associé à la rencontre avec l’objet.

Les comportements d’évitement, la rigidification, l’agrippement à une surface dure, le contrôle exercé sur les niveaux de vigilance (de l’hypervigilance à l’hypersomnie), puis plus tard le surinvestissement défensif de la musculature et de l’activité motrice, sont autant de comportements qui pourraient indiquer que le sujet a investi ses propres ressources pour trouver une contenance et une protection contre les effractions du réel extérieur et les phénomènes d’angoisse.

Ainsi, le psychisme immature de l’enfant investirait toute son énergie dans des défenses rigides, au détriment des fonctions d’organisation, de construction et de création. Ces défenses, finalement pathogènes, semblent porter les traces de mécanismes d’identification adhésive et projective primitives, qui pourraient faire écho à ce que S. Fraiberg a décrit sous l’appellation « mécanismes de défenses pathologiques précoces ».362

Chez les sujets qui nous occupent, il semble qu’il ne s’agisse plus de comportements utilisés comme défense en réaction à de l’événementiel, mais bien d’un phénomène installé, dont la récurrence observée en dehors d’une situation objectivable de stress excessif paraît indiquer qu’il se soit construit en mécanisme de défense pathologique, contre l’envahissement par l’angoisse automatique.

La difficulté principale issue de ce phénomène tient au fait que l’adaptation en accordage parental à un enfant qui a développé ce type de fonctionnement à visée quasi exclusivement défensive, est très complexe. Ainsi les capacités parentales peuvent-elles être désorganisées par la confrontation au système défensif du bébé. Le risque est de voir s’installer un « cercle infernal interactif» où les défenses de l’un désorganisent les capacités adaptatives précaires de l’autre et réciproquement…Il semble ainsi que ce phénomène soit à l’origine de la constitution de graves troubles des relations d’une part et de troubles du développement et du fonctionnement psychique chez l’enfant d’autre part.

Notes
362.

FRAIBERG S., (1982),  Mécanismes de défense pathologiques au cours de la petite enfance, (1993) tr.fr.  in Devenir vol.5, n°1, pp. 7-29 (cet article est une reprise d’un exposé présenté au cours de la « René A. Spitz lecture » à la Denver Psychoanalytic Society, le 11 avril 1981)