2.2.1 Excitations et fonctions du moi

Il est tout à fait intéressant de considérer que la modélisation que Freud a élaborée dès 1895 465 , est fondée sur les champs biologiques et neurologiques, ce qui me permet d’établir des liens avec les hypothèses que j’ai présentées précédemment 466 et qui sont issues des recherches contemporaines dans ces registres.

D. Houzel 467 a proposé une synthèse éclairante de l’évolution du concept de moi chez Freud, dont je retiendrai les éléments suivants :

Freud a beaucoup insisté sur les fonctions psychiques précises de cette instance métapsychologique. Dès 1895 468 , il met en avant la logique économique qui sous-tend son fonctionnement : le moi est l’instance psychique chargée de contenir l’excitation psychique et d’entraver les passages libres à l’intérieur du psychisme des quantités d’excitation. Il écrit (p. 362):

‘« En admettant l’idée d’une attirance provoquée par le désir et d’une tendance au refoulement, nous avons abordé une nouvelle question, celle d’un certain état de . Ces deux processus nous montrent, en effet, qu’il s’est formé en  une instance dont la présence entrave le passage de quantités , lorsque le dit passage s’est effectué pour la première fois d’une manière particulière (c’est-à-dire lorsqu’il s’accompagne de satisfaction ou de souffrance). Cette instance s’appelle le « moi ». On le décrit facilement en faisant ressortir que la réception, constamment répétée, de quantités endogènes (Q) dans certains neurones (du noyau) et le frayage que cette répétition provoque, ne manque pas de produire un groupe de neurones chargés de façon permanente et devenant ainsi le véhicule des réserves de quantités qu’exige la fonction secondaire. Nous décrirons donc le moi en disant qu’il constitue la totalité des investissements . ». ’

En 1900469, il précise la dimension topique du moi, grâce à l’analyse du grand hall dans le rêve dit « de l’injection faite à Irma ».

En 1920470, il donne une première description du système pare-excitations. Il propose d’abord de se représenter un organisme vivant sous la forme la plus simplifiée qui soit, « comme une vésicule indifférenciée de substance excitable », dont la «surface tournée vers le monde extérieur sera différenciée de par sa situation même et servira d’organe récepteur d’excitations » (p.73).  Il écrit alors (p.75):

‘« Ce petit fragment de substance vivante est plongé dans un monde extérieur chargé des énergies les plus fortes et il succomberait sous les coups des excitations qui en proviennent s’il n’était pourvu d’un pare-excitations qu’il acquiert ainsi : sa couche la plus superficielle abandonne la structure propre au vivant, devient dans une certaine mesure anorganique et fonctionne désormais comme une enveloppe ou membrane spéciale qui tient l’excitation à l’écart : les énergies du monde extérieur ne peuvent ainsi transmettre qu’un fragment de leur intensité aux couches voisines qui sont restées vivantes. Celles-ci peuvent alors, derrière le pare-excitations, se consacrer à la réception des sommes d’excitation qu’il a laissé passer. Par son dépérissement, la couche extérieure préserve du même destin toutes couches plus profondes, du moins tant que des excitations ne surviennent pas avec une telle force qu’elles font effraction dans le pare-excitations. »’

Ce point dernier me paraît tout à fait important pour éclairer ce que j’ai présenté des enfants de ma recherche, qui déploient des processus visant à pallier les effractions aisées et récurrentes des excitations. Si l’on se réfère au propos freudien, ces processus constitués en barrière-enveloppe pourraient bien avoir pour vocation de pallier l’insuffisance d’un pare-excitations intrapsychique, trop poreux ou trop fragile, afin de préserver les couches plus profondes du moi. Mais avant d’avancer une hypothèse de cette nature, il convient de poursuivre l’investigation à partir d’autres observations et d’autres modèles…

Qu’en est-il des autres fonctions du moi repérées et modélisées par Freud ?

Peu à peu, la description de la fonction liante du moi se développe dans la pensée de Freud pour devenir un processus de transformation qui permet que des sensations et des émotions issues de la rencontre avec le monde extérieur puissent être non seulement circonscrites, mais reprises par une activité de pensée au lieu d’être simplement évacuées dans des agirs ou déviées dans des symptômes psychosomatiques, ou encore projetées sur l’interface du monde intérieur et du monde extérieur, dans une activité hallucinatoire. D’ailleurs, en 1920, Freud avait déjà pointé cette fonction dans le système pare-excitations. Il écrivait (p.75) que celui-ci :

‘« est pourvu de sa propre réserve d’énergie et doit avant tout tendre par ses efforts à ce que les transformations d’énergie qui opèrent en lui selon des modalités particulières soient préservées de l’influence égalisatrice et donc destructrice des énergies excessives qui sont à l’œuvre au-dehors. »’

En ce sens, le système pare-excitations vise à permettre que le monde extérieur puisse être appréhendé (Freud écrit « dégusté ») dans la mesure des capacités de traitement intégratif du moi, c’est-à-dire sous forme d’ « échantillons digestes», associés à de petites quantités d’excitation.

Ceci nous amène à aborder ce qu’il en est des excitations endogènes. Selon Freud, il n’existerait pas de système pare-excitations pour les excitations provenant des couches les plus profondes, en particulier pour celles qui découlent des pulsions de l’organisme. Elles se transmettraient directement, sans subir d’atténuation, en même temps que les sensations de plaisir-déplaisir. De ce fait, «les  transferts d’excitation interne acquièrent une importance économique prépondérante et occasionnent souvent des perturbations économiques comparables aux névroses traumatiques  » (p.85). Si on souscrit à ce point de vue, on mesure mieux la défiance des enfants de ma recherche à l’égard des éprouvés internes, et les processus défensifs déployés afin de couper le moi de leur perception.

Freud, à cette époque, tire deux conséquences majeures de l’absence de système pare-excitations du côté de l’intérieur :

  • d’abord la prévalence sur toutes les excitations externes des sensations de plaisir-déplaisir, qui serviraient alors d’index aux processus intérieurs à l’appareil psychique.
  • l’activation de la tendance à la projection : le moi traiterait les excitations endogènes, sources de déplaisir, comme si elles agissaient de l’extérieur, afin de pouvoir utiliser contre elles le moyen de défense du pare-excitations.
  • toutefois, Freud met en évidence un peu plus tard d’autres fonctions du moi qui pourraient contre-balancer ces attitudes vis-à-vis des excitations qui proviennent de l’intérieur, et leurs conséquences en termes de coût pour la vie psychique. Il s’agit des fonctions de jugement, de refoulement et d’attention.
  • En 1923, Freud souligne en effet que le moi est le siège de la fonction de jugement, qui vise à éviter une effraction du psychisme de l’intérieur vers l’extérieur. Il écrit que le jugement est provoqué par une dissemblance entre l’investissement du souvenir empreint de désir et un investissement perceptuel qui lui ressemble. Il s’ensuit que lorsque ces deux investissements coïncident, il y a un signal biologique enjoignant de mettre fin à l’activité de pensée et de déclencher la décharge. Quand les deux investissements ne coïncident pas, il se produit une poussée vers l’activité de pensée qui cesse dès qu’il y a coïncidence.  Il précise un peu plus loin quecette activité de jugement est nécessaire pour éviter aussi bien les décharges motrices intempestives que l’hallucination. Selon lui, le moi effectue unapprentissagequi lui permet de ne pas investir les images motrices (avec les conduites de décharge consécutives) tant que certaines conditions ne se trouvent pas encore établies du côté de la perception. L’apprentissage porterait également sur le fait de ne pas investir les représentations de désir au-delà d’un certain degré, au risque de se trouver victime d’une erreur hallucinatoire. Freud ne décrit pas comment se réalise cet apprentissage, mais l’exploration des enjeux des interactions précoces, que j’ai présentés en préambule à mon développement, permet de penser qu’il s’accomplit à partir des premières expériences vécues dans ce champ. On peut donc penser que le résultat de cet apprentissage, ainsi que l’avènement des capacités qui en découlent, sont largement tributaires de la qualité de ces expériences.
  • D’autre part, Freud fait du moi le locus de « la tendance au refoulement ». En amenant le concept de cette tendance, Freud met en évidence une capacité construite du moi, fondamentale à mon sens pour la compréhension de la clinique des enfants qui ont vécu des traumatismes relationnels précoces. Selon lui, la « tendance au refoulement » permet d’éviter l’effraction des « barrières de contact » et l’envahissement du psychisme par une trop grande quantité d’excitation dont la connotation affective est la douleur. Le moi peut lutter contre une souffrance liée à un stimulus externe, aussi bien que contre le souvenir d’un tel stimulus qui, cette fois, atteint le psychisme de l’intérieur, grâce à ce que Freud nomme des « investissements latéraux », c’est-à-dire des frayages opérant en dérivation.471 Il montre que le moi peut ainsi dévier une quantité d’excitation d’une voie de frayage qui conduit à un affect de souffrance ; c’est-à-dire que le moi peut dévier une part suffisante de l’excitation pour éviter l’affect de souffrance. Il me semble ainsi que la défaillance de cette fonction, de cette capacité de refoulement, pourrait être à l’origine de l’activation des défenses narcissiques primaires que j’ai commencé à explorer.
    Enfin, pour qu’un vécu de déplaisir extrême soit évité, sans coût trop élevé pour la vie psychique, il faut qu’une troisième fonction du moi puisse être opérante. Freud a accordé une importance particulière à la fonction d’attention, qui participe de la fonction pare-excitation. Il semble que l’on puisse la rapprocher de la fonction contenante décrite par Bion472. Elle est discriminante et liante. Elle permet de reconnaître à temps une perception pénible, endogène ou exogène, qui dégage une trop grande quantité d’énergie non-liée, source de déplaisir. Elle permet également la dérivation du surplus d’énergieparla mise en œuvre d’investissements latéraux. Elle sert aussi à contenir les affects trop violents. Freud fait remarquer que l’attention est interface entre le monde extérieur et le monde intérieur. Elle porte donc aussi bien sur les traces mnésiques, les proto-souvenirs, et en particulier sur ceux qui ont été construits de façon précoce. Il faut ici se rappeler le principe de la constitution, grâce au frayage neuronal, des traces mnésiques et des premières représentations organisées en modèles internes opérants. Les expériences d’un sujet, dont l’investissement suscite une quantité d’énergie importante, c’est-à-dire qui modifie l’équilibre homéostatique interne, et qui est reproduite un nombre suffisant de fois, sont « encodées » sous forme de « chemins » ou de réseaux, jalonnés par des neurones relais et transmetteurs. Comme un sentier dans la forêt est progressivement tracé par les passages répétés des bêtes et des promeneurs. On a vu que C. Archer473 propose quant à elle la métaphore des « cartes routières ». Or, en 1921474, Freud écrivait déjà:
‘« Il est certain qu’un plus grand nombre de neurones – et de neurones plus éloignés- ne seront investis que lorsque le processus associatif se réalise sans participation de l’attention. Mais en ce cas, le courant va ici aussi prendre fin dans un ou plusieurs investissements terminaux. Grâce à l’attention, ce ne sera pas une perception qui se produira, mais plusieurs investissements mnémoniques apparaîtront, associativement liés au neurone initial. »’
  • Cette phrase complexe de Freud me paraît contenir deux propositions importantes :
    • d’une part, ce qu’il advient lorsque la fonction d’attention dans ses rôles de « digue » et de contenant , n’intervient pas : sans contenance, sans barrage filtrant et sans dérivation, le courant d’excitation se propage jusqu’aux derniers neurones d’un frayage déjà établi. L’excitation porte ainsi l’investissement jusqu’aux premiers neurones saisis lors d’expériences très précoces 475 . Il suffit pour cela que la réalité perçue ait au moins un point ou un aspect commun, y compris un détail apparemment très secondaire et souvent difficilement repérable de l’extérieur, avec une expérience vécue et encodée de façon précoce, pour que les neurones correspondant soit gagnés par l’excitation. Cela signe le « réveil » des vécus associés aux expériences précoces, qui sont alors investis comme des perceptions actuelles.
    • d’autre part, lorsque la fonction d’attention dans son rôle discriminatoire et dérivatif, visant à éviter le déplaisir, est inopérante, lorsque la fonction de jugement, qui vise à éviter l’effraction du psychisme de l’intérieur vers l’extérieur, en repérant les dissemblances entre investissement du souvenir et investissement perceptuel, est également inopérante, l’investissement du moi se détourne des premiers neurones saisis par le stimulus initial, pour se diriger vers les derniers atteints par l’excitation : l’attention se porte alors majoritairement sur la réalité interne, au détriment de la réalité externe. Les investissements du moi deviennent alors moins perceptifs que mnémoniques.

Je reviendrai plus longuement476 sur les implications de la défaillance de ces deux fonctions particulières, dans l’analyse des effets du court-circuit du système défensif palliatif que les enfants de ma recherche semblent avoir développé. En effet, voici que nous rejoignons la question des liens intrapsychiques qui m’intéresse particulièrement dans cette recherche, ainsi que les enjeux des phénomènes de liaison-déliaison que j’avais présentés en préambule477. Mais il me semble opportun de considérer d’autres fonctions importantes, avant d’aborder le champ de l’activité de liaison et celui de l’activité de pensée élaborative et intégrative, car elles paraissent conditionner leur avènement.

A ce point du développement, je me propose de poursuivre l’exploration des fonctions d’enveloppe pare-excitante, réceptacle et contenant pour les excitations.

On perçoit en effet à présent comment l’ensemble de ces fonctions du moi participent à la constitution d’une membrane semi-perméable, selon l’expression de S. Freud, souple et régulatrice, qui autorise le passage d’éléments de la réalité interne vers la réalité externe et vice versa, dans un processus d’influence réciproque, tout en évitant les phénomènes de confusion.

W.R. Bion478 le premier, puis D.W. Winnicott479, et d’autres chercheurs depuis, dont P. Barrows480, ont postulé que, du point de vue développemental, la création de cette membrane semble être l’aboutissement d’un processus lent et graduel, qui dépend, selon ce dernier, de manière cruciale de « l’interaction avec d’autres personnes suffisamment bienveillantes et réfléchies » 481 . W.R. Bion décrivait une « barrière de contact engendrée par la prolifération d’éléments au moyen de la fonction , et jouant le rôle d’une membrane qui, de par la nature de sa composition et sa perméabilité, sépare les phénomènes psychiques en deux groupes, l’un remplissant les fonctions de la conscience et l’autre les fonctions de l’inconscience. »

Ce serait l’identification à ces personnes, associée aux angoisses éprouvées dans le contact avec la seule réalité intérieure, qui produirait une puissante poussée développementale chez le très jeune enfant, tendant à intégrer les modes d’expérience de la réalité intérieure et de la réalité extérieure, tout en établissant une distinction claire entre jeu et réalité. Toutefois, P. Barrows indique que ce processus peut échouer de deux façons : soit que la distinction entre interne et externe soit ressentie comme trop floue, et que la « membrane » soit éprouvée comme insuffisante ; soit, à l’inverse, que cette membrane soit trop fixe et rigide. Il me semble qu’on retrouve ici les effets de « carapace » que j’ai observés à partir de l’étude de l’activation de mécanismes de défense primitifs, dans les comportements des enfants qui visent à les isoler du réel extérieur.

Dans cette clinique, on a vu comment ils semblent chercher à se constituer une barrière-enveloppe d’agitation et de bruit, qui tient plus de la coquille que de la membrane. J’ai également évoqué le retranchement dans la manipulation d’objets concrets, dans l’agitation et dans des modèles d’ « histoire » où les enfants s’agrippent à des personnages imaginaires, investis en objets autistiques, afin de préserver un moi-narcissique qu’ils sentent menacé.

D’autres comportements, où le principe de « barrière rigide » semble particulièrement manifeste, me paraissent refléter la même tendance.

En étudiant certains jeux réalisés par Irène, Nourredine, Gérald et Gregory, j’ai repéré le phénomène suivant, qui m’a amenée à penser qu’il se produisait le même phénomène de recherche d’isolation vis-à-vis de la réalité interne, par constitution de « barrage ».

Ces enfants ont été confrontés dès leur plus jeune âge à des parents impulsifs et violents, qui pouvaient « exploser » de façon soudaine et imprévisible. Ils ont très souvent assisté à des conflits très violents entre leurs parents ou entre leur(s) parent(s) et d’autres personnes. Ils ont également été souvent impliqués dans ces conflits.

  • Nourredine se livre à des jeux où il met en scène deux groupes d’animaux: un groupe d’animaux domestiques et un groupe d’animaux sauvages. Il raconte que les deux groupes ne doivent jamais se rencontrer car les animaux sauvages dévoreraient tous les animaux domestiques.
  • Irène met en scène un groupe de personnages et un groupe d’animaux. Elle raconte que les animaux doivent rester enfermés car sinon ils viendraient « embêter » les personnages.
  • Ils passent beaucoup de temps à édifier des barrières infranchissables entre chaque groupe, sous la forme de murs de briques de Lego parfaitement hermétiques.
  • Gregory invente des jeux où les animaux sont parqués dans un pré derrière de hautes barrières, mais un côté du pré ne comporte pas de barrière : il donne sur une falaise. Les animaux finissent par tomber de la falaise.

Il me semble que ces jeux mettent en scène les pensées « sauvages » et « animales » des enfants, issues de leur réalité interne, de leur vie fantasmatique et de l’activité pulsionnelle, vécues comme dangereuses : les animaux doivent rester « enfermés ». Dans le jeu de Gregory, si les animaux-pensées cherchent à sortir de l’enclos, ils chutent et disparaissent. D’autre part, les animaux domestiques ou les personnages dans le jeu d’Irène, pourraient représenter les « pensées domestiques », les zones « sous contrôle », ainsi que les éléments de la réalité externe.

Irène construit des maisons où il n’y a pas de porte de communication entre les pièces où se trouvent des personnages. Elle dit que les gens ne passent pas. Gérald fait le même genre de construction, il double les murs et bouche méticuleusement les infimes ouvertures qui subsistent avec de la pâte à modeler, de façon, dit-il, à ce que les personnages ne puissent pas circuler d’une pièce à l’autre.

Ces jeux me semblent traduire une angoisse de confusion entre intérieur et extérieur, et la crainte que des éléments de la réalité intérieure viennent se mélanger à la réalité extérieure et la contaminer. J’ai eu le sentiment que ces enfants redoutaient que ce qu’ils aiment jouer dans leurs séances de thérapie se mêle aux réminiscences de ce qu’ils vivent, ou ont vécu, dans la réalité. Comme si cela pouvait confirmer que leurs fantasmes (en particulier les fantasmes issus des pulsions agressives) adviennent dans la réalité extérieure. Comme si les traumatismes vécus lors de la confrontation au spectacle des scènes de violence dans leur famille avaient suscité le besoin d’interrompre la continuité des échanges entre la vie interne et la vie externe, sur fond de toute-puissance de la pensée et de culpabilité primaire.

P. Barrows indique que, lorsque la « membrane » est rigidifiée, « le sujet est obligé de choisir de se situer majoritairement d’un côté ou de l’autre de la ligne de démarcation. S’il choisit le versant de la réalité intérieure, cela lui ouvre la voie à la folie dans le sens d’une incapacité à être partie prenante d’une expérience partagée dans la réalité externe. S’il opte pour la réalité externe, cela peut lui ouvrir la voie au développement d’une structure de personnalité schizoïde, coupée de ses propres sentiments ou considérablement appauvrie». (p.250)

Les jeux que je viens d’évoquer me paraissent refléter une troisième voie, peut-être moins inquiétante, dans le sens où ils semblent comporter une tentative de mise en scène, de transformation symbolique, à la fois du conflit et des résistances anxieuses consécutives que ces enfants éprouvent vis-à-vis de la communication entre monde interne et monde externe, ainsi que de leurs tentatives de résolution défensive.

Mais j’ai pu observer d’autres types de comportements et de « jeux » chez les enfants de ma recherche, qui me paraissent traduire un positionnement beaucoup plus inquiétant, car « hors conflit ». Ces enfants paraissent avoir déjà « choisi leur camp », pour filer le champ métaphorique de P. Barrows. Toutefois il ne me semble pas qu’ils se soient repliés dans leur réalité interne, mais plutôt dans une troisième zone, détachée à la fois de la réalité externe et de la réalité interne, pour éviter d’avoir à faire face à des réalités insupportables. Cette troisième zone me paraît plutôt correspondre à la forteresse du moi-narcissique, cimentée par des fantasmes omnipotents et tout-puissants. D. W. Winnicott482 écrivait à ce propos que « Les fantasmes omnipotents ne sont pas tant la réalité intérieure à proprement parler qu’une défense contre son acceptation. » (p.21)

Je pense que les réalités les plus intolérables pour eux sont leur état de dépendance de petit enfant, les limites de leurs capacités, leur position de « petit » dans l’ordre des générations. L’expérience de ces réalités est associée pour eux à de l’impuissance, voire de l’impotence, en tout cas à une extrême vulnérabilité. Aussi déclenche-t-elle un sentiment de panique qui les pousse vers le désir d’omnipotence absolue. A ce propos, F. Tustin483 écrivait :

‘« Il est important de se rappeler que, tout comme l’autruche, l’enfant a caché sa tête dans le sable pour battre en retraite devant des peurs indicibles (…) Peu à peu, le thérapeute entre en contact avec certaines de ces terreurs indicibles qui avaient été tenues à distance par l’illusion d’exercer un contrôle total en arrêtant net toute chose. Les terreurs s’interpénètrent l’une l’autre, mais elles sont toutes imprégnées de la suprême peur de l’impuissance. »’

Afin d’échapper à cette expérience douloureuse, Jacques, Damien et Gérald utilisent l’identification à des super-héros de dessins animés, aux capacités surhumaines, solitaires et au destin grandiose.

Jacques affirme qu’il est un guerrier doté de super-pouvoirs, qu’il est indestructible et invincible. Damien s’identifie à l’Homme-Araignée. Dès qu’on le contrarie ou qu’il est insécurisé, il adopte sa posture, et se déplace en rampant sur le sol. Il fait mine de lancer des fils collants pour ligoter ses persécuteurs. Gérald, âgé de 7 ans, s’identifie quant à lui, à un gaulois invincible. Il dit qu’il détient de la potion magique, que ses persécuteurs sont des romains, et qu’il chasse des sangliers. Joseph, âgé de 9 ans, porte des chaussettes hautes dans lesquelles il rentre les jambes de son pantalon et porte un long bâton comme une canne. Il se déplace lentement, avec affectation, et dit qu’il est Louis XIV, « le Roi-Soleil ».

Leur univers est strictement clivé en totalement bon et totalement mauvais, et régi par des lois et des solutions magiques.

Ces histoires sont envahissantes : elles ne sont pas circonscrites à l’espace-temps de leur prise en charge thérapeutique, voire de la salle de jeux ou de la cour de récréation. Lorsqu’ils sont aux prises avec des événements difficiles dans leur vie quotidienne, par exemple lorsque les parents de Damien et Jacques ne viennent pas les voir en visite, ils en parlent sans arrêt, ne paraissent penser qu’à cela et se comportent en permanence comme leurs personnages, y compris lorsque cela est inadéquat; y compris aussi lorsque les autres enfants se moquent d’eux ou que les adultes (leurs enseignants à l’école, par exemple) leur demandent de cesser. Il semble que leurs « histoires » soient devenues leur monde et qu’ils se cramponnent désespérément à être le personnage dont ils endossent le rôle.

Si on soutient à Jacques qu’il n’est pas un super héros, que les pouvoirs magiques n’existent pas, il insiste puis finit par fondre en larmes en se plaignant que personne ne veut le croire. Damien, lui, finit par dire « c’était une blague, je plaisante ». Mais cela « sonne faux», comme s’il répétait quelque chose d’appris, comme s’il avait compris que c’est ce qui est attendu de lui et qu’il le disait pour faire plaisir, pour rassurer l’adulte. Il me semble qu’il s’agit plus chez lui d’un désir d’être conforme qu’authentique. A d’autres moments, il peut dire qu’il préfère « rester dans (sa) folie et être un super-héros », même si les autres se moquent de lui, car ainsi il « ne pense pas à des choses qui (lui) font du mal ».

J’ai le sentiment que ces enfants se sont retranchés dans leurs histoires et dans leur personnage, et que de puissantes barrières se sont constituées vis-à-vis de la réalité intérieure, mais aussi de la réalité partagée. Lorsqu’ils « sont » des super-héros ou des « super-adultes » (car il ne s’agit pas de « faire semblant », de « faire croire », de « jouer à »), ils sont « inaccessibles » à la relation : il faut se conformer absolument à leur modèle, ils refusent de s’adapter à ce qui est amené par un éventuel partenaire. Comme si ces « histoires » avaient plutôt la qualité d’objets autistiques.

Il me semble qu’on retrouve aussi, sous une autre forme, des éléments de ce processus d’agrippement exclusif dans ce que j’ai décrit du déroulement des repas thérapeutiques au Centre de Jour, en particulier du rapport à la manipulation et à l’alimentation484.

Etudions encore d’autres observations où semble se manifester ce phénomène d’agrippement :

Emile, Jonathan, Gregory et Noé ont présenté des attitudes qui me paraissent relever de ce registre, eux aussi dans des contextes quotidiens difficiles, caractérisés par des conflits relationnels violents autour d’eux.

Ces enfants refusent d’aller en séance avec leur thérapeute pour dessiner, jouer, écrire une histoire à deux, partager une activité médiatrice, telle que la pâte à modeler ou même lire un livre. S’ils acceptent d’entrer dans la salle de thérapie, ils ne produisent pas d’histoire, ils s’isolent loin de leur éducatrice. Ils lui tournent le dos et s’absorbent dans une activité répétitive, monotone ou destructrice. Ou bien ils déambulent sans but dans la pièce. Tout se passe comme si l’éducatrice n’était pas là. Les propositions de celle-ci « tombent à plat », elles ne suscitent aucune réaction ou un refus catégorique ; parfois, elles semblent même ne pas être entendues. Les éducatrices des enfants qui présentent ce genre d’attitudes évoquent un profond sentiment d’ennui, jusqu’à être prises par une irrépressible envie de dormir ou bien de s’investir elles aussi dans une activité personnelle. Aucune interaction ne paraît possible, mais les enfants ne font pas mine d’en souffrir. Il semble que ce soit à l’éducatrice de supporter les affects déprimés associés à l’impossibilité d’entrer en contact. Ni dans la réalité externe, entre l’enfant et l’éducatrice, ni dans la réalité interne, entre la zone habitée par les objets internes et les productions fantasmatiques et la « capsule » où ils se barricadent. Les deux paraissant séparées par une autre cloison étanche.

Il me semble que M. Klein 485 avait déjà repéré et décrit ce phénomène de négation de la réalité externe et interne dans des jeux d’enfants sans résonance symbolique. Elle constatait les immenses difficultés, voire l’impuissance de l’analyste à pénétrer vers l’inconscient des enfants qui développent ce genre d’activité. Elle écrivait que lorsque celui-ci y parvient, après bien des efforts, c’est pour constater que l’accomplissement des désirs se réduit à la négation de la réalité et à l’inhibition fantasmatique.

J’ai observé que lorsque Emile, Jonathan, Gregory, Irène, Noé ou Jacques se trouvent dans cette disposition, ils semblent coupés de ce qui se passe autour d’eux : ils n’y prêtent apparemment aucune attention ni intérêt. Ils ne répondent pas quand on s’adresse à eux, ils se déplacent en renversant les objets, en perturbant un jeu que d’autres avaient installé, ou en bousculant ceux qui se trouvent sur leur passage, sans réaction aux protestations ou aux cris de douleur. Si un enfant bousculé les attaque en représailles, ils réagissent alors violemment, sans comprendre leur responsabilité et l’origine de l’attaque, qu’ils vivent comme une persécution injustifiée. Ils ne comprennent pas non plus que des adultes les arrêtent, puisqu’ils pensent se défendre légitimement.

D’autre part, les enfants que je viens d’évoquer ne paraissent pratiquement jamais tristes ou déprimés. Ils ne confient jamais de « chagrins » et pleurent rarement, ou plutôt leurs pleurs sont généralement des pleurs de rage, issus de sentiments de vexation, de préjudice injuste. L’indicateur d’un mal-être qui amène les adultes qui s’occupent d’eux à s’inquiéter et à subodorer qu’ils ont pu vivre un moment violent et douloureux, est qu’ils s’agitent plus que d’habitude. Ils crient plus fort, parlent plus ; d’une manière générale, ils font plus de bruit. Ils s’empiffrent lors des repas et répandent de la nourriture sur la table et sur leurs vêtements. Ils manipulent les objets encore plus avidement que d’ordinaire, sans rien créer. Ils donnent tout à fait l’impression d’être en état de non-ressenti et de non-pensée.

Mais l’observateur non-averti peut facilement se laisser leurrer par cette présentation. J’ai ainsi entendu plusieurs fois à propos d’enfants qui déploient ces comportements : « il est plein d’énergie, plein de vie ; il pétille… ». En effet, le mal-être est communément associé aux pleurs, à l’apathie, au mutisme, autrement dit à toutes les manifestations d’affects déprimés. Or ces enfants ne donnent à voir que le résultat des défenses contre ces mêmes affects et les angoisses qui les motivent. Il semble qu’ils utilisent sans cesse ces défenses, et que la seule expression manifeste du mal-être sous-jacent soit l’augmentation quantitative des comportements d’agitation et d’isolation. D.W. Winnicott observait d’ailleurs en 1975486 : « Ce que nous voyons cliniquement est toujours une organisation défensive (…) car les agonies qui la sous-tendent sont impensables.»

Cette attitude de repli psychique serait de l’ordre, à mon sens, du retrait narcissique extrême. Ainsi, il semble que, bien que la réalité ne soit pas aussi totalement abolie que chez un enfant autiste, elle perde toute signification émotionnelle authentique. Ces enfants disposent de ce fait d’une aire de repos et de protection relatifs. Mais si cette stratégie défensive a le mérite d’éviter des vécus de terreur, il me semble qu’elle présente l’inconvénient majeur d’aliéner les sujets à son utilisation.

Tant qu’ils demeurent retranchés dans l’identification à des personnages grandioses, omnipotents et tout-puissants, ou qu’ils surinvestissent la manipulation des objets concrets, et les sensations que leur procure leur agitation, ces enfants ne peuvent être dans le partage : Damien préfère « rester seul dans sa folie ». Ils ne peuvent partager leurs peurs et leurs souffrances avec un autre, alors que c’est ce partage et la rencontre avec l’empathie de cet autre qui pourrait les soulager. Ainsi ces enfants se privent-ils du contact avec des expériences « suffisamment bonnes » de réalité partagée. Celles-ci ne pouvant être introjectées, elles ne peuvent modifier leur réalité interne. Ils demeurent aliénés à la nécessité de la décharge qui ne permet aucune élaboration. De ce fait, les peurs sont toujours présentes et actives. Elles alimentent sans cesse, et donc pérennisent, ce système de défense. Celui-ci dresse ainsi une barrière d’incompréhension tragique et frustrante pour ceux qui tentent, malgré les barricades, d’entrer en contact avec eux.

Ces éléments m’ont amenée à considérer le principe de la défense maniaque, proposé par D. W. Winnicott487. En effet, il semble qu’on puisse trouver plusieurs caractéristiques communes. Selon sa définition, la défense maniaque viserait un déni de l’état de mort. Il s’agirait d’une défense contre les idées dépressives de «mort intérieure ». Elle s’organiserait en fonction des angoisses qui relèvent de la dépression. Ses caractéristiques seraient la manipulation, la maîtrise toute-puissante et la dépréciation par le mépris. Elle se manifesterait par le déni et la fuite de la réalité intérieure, vers la réalité extérieure, le déni des états corporels (tels que la fatigue), de l’angoisse, des sensations de dépression et des sentiments de culpabilité, au profit du surinvestissement de l’agitation, du bruit, de la lumière, des sensations de surface. D.W. Winnicott parlait de « l’emploi de n’importe quel contraire pour se rassurer vis-à-vis de la mort, du chaos, du mystère, etc., ces idées appartenant au contenu fantasmatique de la position dépressive. » (p.23). Il évoquait le remplacement (suivant le déni) des sensations de dépression telles que la lourdeur, la tristesse, par des sensations spécifiquement contraires, telles que la légèreté, la bonne humeur.

Dans mes observations, j’ai effectivement relevé les phénomènes de fuite de la réalité intérieure, le déni des sensations dépressives et des sentiments de culpabilité, ainsi que le principe de remplacement, mais pas les sensations de « bonne humeur » ni de légèreté. J’ai trouvé l’agitation en place de la torpeur ou de l’apathie ; l’indifférence, l’atonie affective, en place de la tristesse ; l’avidité et la rage destructrice en place de l’effondrement.

D.W. Winnicott indiquait que la défense maniaque serait motivée par les angoisses de la position dépressive, qui résulterait de la coexistence de l’amour, de l’avidité et de la haine dans les relations entre les objets intérieurs. Elle signerait ainsi, « en creux », l’échec de l’élaboration des contenus de cette phase pour les enfants de ma recherche, et l’activité intense des terreurs psychotiques déclenchées par leur conscientisation potentielle.

A ce stade d’analyse, et pour synthétiser quelque peu les élément que je viens d’appréhender, je pense pouvoir dire que les enfants de ma recherche présentent des défaillances dans les fonctions moïques de pare-excitations et de contenance vis-à-vis des excitations qui proviennent de l’extérieur, de jugement, de refoulement et d’attention vis-à-vis des excitations endogènes. Il en résulterait une perméabilité extrême aux excitations exogènes, une incapacité à discriminer l’origine des excitations et à les transformer, une référence permanente aux seules sensations de plaisir-déplaisir, l’incapacité à « oublier » les vécus précoces dont la connotation affective est la douleur, et à protéger le moi de la confusion et de l’envahissement du psychisme par une trop grande quantité d’excitation grâce aux frayages opérant en dérivation. Afin de pallier ces défaillances, ces enfants n’auraient d’autre choix que de développer un système de défense drastique, à visée d’isolation tant de la réalité externe que de leur réalité interne, grâce au recours aux procédés autistiques, à la rigidification en « capsule-carapace » des membranes filtres, et au repli narcissique.

Notes
465.

FREUD S., (1895), Esquisse d’une psychologie scientifique, in Naissance de la psychanalyse, (1956), PUF, Paris, pp. 307-396

466.

voir supra chapitre 1 § 1.4.6 « Interactions précoces, accordage et développement neurologique : Synthèse des recherches actuelles en neurobiologie à propos des effets d’une relation d’attachement insécure sur le développement de l’hémisphère droit du cerveau, la régulation des affects et la santé mentale du jeune enfant ».

467.

HOUZEL D., (1987), L’enveloppe psychique : concept et propriété, in D. Anzieu et al., Les enveloppespsychiques, 2ème édition (2003), Dunod, Paris, pp.43-73

468.

FREUD S., (1895), Esquisse d’une psychologie scientifique, (1956) tr.fr., in La naissance de la psychanalyse, lettre à Wilhelm Fliess, PUF, Paris, pp. 307-396

469.

FREUD S., (1900), L’interprétation des rêves, (1967), tr.fr. PUF, Paris

470.

FREUD S., (1920), Au-delà du principe de plaisir, in Essais de psychanalyse, (2001), Petite Bibliothèque Payot, Paris, pp. 49-128

471.

Je reviendrai un peu plus loin sur cette idée, afin d’éclairer la clinique des effets internes de la rencontre avec un objet potentiel chez les enfants qui ont connu des traumatismes relationnels précoces. Voir chapitre 2 § 2.6 « Effets internes de la rencontre avec un objet potentiel »

472.

BION W.R., (1962), op.cit.

473.

ARCHER C., in BURNELL A., ARCHER C., (2008), op.cit.

474.

FREUD S., (1921), Psychologie des foules et analyse du moi, Petite Bibliothèque Payot, Paris, pp.130-242

475.

Je tiens à rappeler dès à présent que, comme je l’ai indiqué lors de la présentation du champ de la recherche, j’entends par « expériences précoces » le produit de la rencontre entre certaines dispositions et attitudes de l’environnement envers le bébé et le fonctionnement psychique singulier de celui-ci, inhérent à son état de développement.

476.

Voir infra chapitre 2 § 2.3 « Défenses autistiques partielles et évolution psychotique »

477.

Voir chapitre 1 § 1.3.1 « Lien et liaison chez Freud »

478.

BION W.R., (1962), Aux sources de l’expérience, op.cit.

479.

WINNICOTT D.W., (1965), Processus de maturation chez l’enfant, (1970) tr.fr. Payot, Paris

WINNICOTT D.W., (1975), op.cit.

480.

BARROWS P., (1999), Faire face à la réalité : à propos des qualités de barrière entre réalité interne et réalité externe. Constitution et aléas, (2001) tr.fr. HOUZEL D., in Journal de la psychanalyse de l’enfant n°34, La réalité psychique et ses transformations, Bayard, Paris, pp.245-271

481.

BARROWS P., (1999), op.cit., p.220

482.

WINNICOTT D.W., (1935), La défense maniaque, in De la pédiatrie à la psychanalyse, op.cit., pp. 19-36

483.

TUSTIN F., (1972), Autisme et psychose chez l’enfant, citation et traduction de HOUZEL D.,p.260, in Journal de la psychanalyse de l’enfant n°34« La réalité psychique et ses transformations », Bayard, Paris, pp. 245-271

484.

Voir supra chapitre 1 § 1.7.6 «Troubles observés»

485.

KLEIN M., (1929), La personnification dans le jeu des enfants, (1967) tr.fr. in Essais de psychanalyse, Payot, Paris

486.

WINNICOTT D.W., (1975), La crainte de l’effondrement, op.cit., p.38

487.

WINNICOTT D.W., (1935), op.cit.