2.2.2 Défauts d’enveloppe : d’autres failles a pallier

En 1923488, Freud insiste sur l’étayage corporel du moi ainsi que sur sa signification de surface de l’appareil psychique. Il écrit  (p. 264) : « Le moi est avant tout un moi corporel, il n’est pas seulement un être de surface, mais il est lui-même la projection d’une surface. »

Ceci n’est pas sans rappeler les travaux déjà cités de E. Bick et G. Haag489 à propos de la psychisation progressive de la peau. Dans la pensée freudienne déjà, le moi résultait en partie de l’introjection des fonctions et des qualités de la peau.

En 1927, Freud précise, dans une note ajoutée à la traduction anglaise avec son autorisation :

‘« Le moi est finalement dérivé de sensations corporelles, principalement de celles qui ont leur source dans la surface du corps. Il peut ainsi être considéré comme une projection mentale de la surface du corps et, de plus, (…) qu’il représente la superficie de l’appareil mental. » 490
Notes
488.

FREUD S., (1923), Le moi et le ça, in Essais de psychanalyse, (2001), Petite Bibliothèque Payot, Paris, pp. 243-305

489.

Voir chapitre 1§ 1.4 « Liens, liaisons et moi précoce », et en particulier BICK E. (1968) et HAAG G. (1986)

490.

A ce propos, je pense au roman de H. de Balzac La peau de chagrin, qui reprend l’association moi / peau : le héros s’empare d’une peau qui a la propriété magique de réaliser les vœux de son propriétaire, mais dont la surface réduit inexorablement à chaque vœu prononcé. La vie du propriétaire est liée à cette peau : sa force et sa vitalité déclinent au fur et à mesure que la surface de la peau diminue, jusqu’à ce qu’il meure lorsqu’elle disparaît. Ainsi les vœux de richesse, de réussite et de succès du héros, qui appartiennent au Soi grandiose et signent la prééminence des investissements narcissiques, conduisent à la mort du moi. Dans cette histoire, le moi est la peau de chagrin qui se réduit jusqu’à disparaître sous l’effet du narcissisme pathologique, de la grandiosité narcissique qui remplace en grande partie l’amour d’objet.