D’autres mécanismes semblent produits par cette activité de déliaison intense de la pulsion de mort, au service aussi bien du désinvestissement que de la destruction de la capacité de penser et de la capacité à ressentir la douleur, la terreur et le déplaisir intense. En 1938, Freud 643 balaye l’hypothèse de l’unité de la vie psychique, mais il avait commencé à l’évoquer dès 1920, à propos de l’impossibilité d’intégration dans le moi de certains mécanismes pulsionnels. Il écrivait 644 : « Une autre source de libération de déplaisir, qui n’est pas moins dans l’ordre, provient des conflits et clivages qui se produisent dans l’appareil psychique pendant que le moi accomplit son développement vers des organisations plus hautement différenciées. (…) Le cas se reproduit sans cesse en chemin où des pulsions isolées ou bien des éléments pulsionnels se révèlent incompatibles dans leur but ou leur revendication avec les autres pulsions qui sont capables de se joindre à l’unité du moi. Le processus du refoulement opère alors un clivage entre elles et cette unité ; elles sont maintenues à des stades inférieurs du développement psychique et coupées, pour commencer de la possibilité d’une satisfaction. Si elles parviennent plus tard, (…), à se frayer par des chemins détournés l’accès à une satisfaction directe ou substitutive, ce résultat qui, dans un autre cas, aurait pu procurer du plaisir, est ressenti par le moi comme déplaisir. En conséquence de l’ancien conflit qui a abouti au refoulement, le principe de plaisir a été à nouveau battu en brèche alors que précisément certaines pulsions s’efforçaient, conformément au principe, d’obtenir un nouveau plaisir. »
On voit ici comment Freud avait posé, à partir du modèle pulsionnel, les fondements des principes de privation d’accès au moi, d’expression et de satisfaction pour certains éléments « incompatibles ». Le point important mis en avant est que l’origine de la mise en oeuvre de ces principes correspond à l’évitement des sensations de déplaisir. Ainsi tout élément source de déplaisir serait-il coupé et banni du champ de la conscience et du moi. Il s’agirait là d’un processus actif et réactionnel de l’appareil psychique, donc secondaire et défensif, à des perceptions endogènes ou exogènes de déplaisir.
A ce stade, certaines précisions s’imposent quant aux acceptions, notamment du terme « clivage », je vais utiliser. J’ai fait jusqu’ici référence à deux concepts: le clivage, d’une part, et l’isolation d’autre part. Mes propres observations et analyses m’ont amenée à adhérer au point de vue de F. Guignard 645 , qui invite à bien distinguer les processus en jeu, en fonction de leur nature passive ou active. Il me semble ainsi que le clivage est un phénomène provoquant un morcellement qui se produit « de fait », et que le psychisme le subit passivement. Sous l’effet des expériences traumatiques, le moi se disloque et tombe en morceaux. Les différentes parties de la personnalité retournent à l’état de non-intégration, et ceci aboutit au clivage de la personnalité. S. Ferenczi 646 , M. Klein 647 , D.W. Winnicott 648 , avait repéré ces effets des expériences traumatiques : la violence du choc ferait voler le moi en éclats. M. Klein évoquait un « clivage passif du moi ». Pour décrire ce phénomène, on pourrait utiliser la métaphore « chimique » initialement proposée par S. Ferenczi et se représenter le moi comme une structure moléculaire : les différentes parties seraient des atomes, dont les liens en interconnexion formeraient une structure moléculaire complexe. Le choc de l’expérience traumatique briserait ces liens et réduirait le moi à une nébuleuse d’atomes sans connexions. On pourrait ainsi dire que l’expérience traumatique atomise le moi.
A contrario, l’isolation me semble être un processus actif, effectué par le moi. Elle serait le produit d’un retournement du processus de clivage-morcellement, passif, en processus de clivage-« découpage » actif. On pourrait dire qu’en quelque sorte, moi s’approprie le processus subi et en fait un véritable mécanisme de défense. Ainsi, ce qui était à l’origine un état devient aussi une défense. Ce processus répond, on l’a vu, à l’impératif de préserver la conscience et le moi-narcissique de stimuli inintégrables. Il s’agit de détruire la cohésion du moi, ainsi que la cohérence de l’expérience psychique. Le clivage est un mécanisme habituel et utile pour la vie psychique de chacun. Il ne devient pathologique que si son expression est systématique et s’il se rigidifie au point que les parties clivées ne communiquent et ne s’influencent plus. Dans la « psychopathologie de la vie quotidienne », on trouve couramment des clivages au niveau de la personnalité : D. Meltzer 649 a décrit un « clivage horizontal de soi », qui peut séparer et différencier, par exemple, une partie adulte, autonome, raisonnable et forte d’une partie plus infantile, dépendante, capricieuse, effrayée et vulnérable. Il existe également un clivage entre l’amour et la haine, et donc les parties aimantes et les parties haineuses. Tant que les effets de ces différentes parties s’interpénètrent et influencent « équitablement » la personnalité et la vie psychique du sujet, cela reste bénéfique pour lui. On retrouve ici le principe déjà souvent évoqué d’équilibre.
J’ai le sentiment que ce n’est en général pas le cas pour les enfants de ma recherche.
Nous avons vu que les expériences émotionnelles paroxystiques provoqueraient chez eux des états de confusion, associés à des angoisses massives qui déclencheraient les pulsions destructrices. Ces états, les pulsions d’amour et de haine ainsi que les différentes parties clivées seraient ressenties comme mélangées, indiscernables. L’équilibre serait rompu, les pulsions destructrices menaceraient les pulsions libidinales et l’être même serait en danger de destruction. Or, si la capacité à différencier l’amour de la haine ne peut être recouvrée, les mécanismes de clivage se renforcent 650 .
Les enfants observés paraissent notamment perçevoir et éprouver des vécus de morcellement et de détresse extrême, mais en « coupent », isolent, répriment et dénient perceptions et représentations dès qu’ils émergent. De même la construction des éprouvés de douleur et de détresse psychiques en affects de souffrance et de dépression est empêchée, si bien qu’ils paraissent et disent ne rien ressentir. Il pourrait s’agir de cette forme, saisie et transformée, du clivage que Freud 651 désigne comme « processus primaire de refoulement » qui précéderait et préparerait les processus d’encapsulation et de projection. C’est dans cette catégorie que je situerais ce que S. Ferenczi a nommé « auto-clivage narcissique » et H. Rosenfeld 652 , puis D.W. Winnicott, « désintégration ». Enfin, on peut voir dans ce phénomène l’évolution des mécanismes de défense précoce de « gel des affects » et de démantèlement. On a vu que ce processus a été repéré et modélisé par D. Meltzer653. Dans ce mécanisme, l’attention, qui permet la perception du réel angoissant, est empêchée, tandis que l’appareil psychique tombe en morceaux, et que le moi se disperse en fragments, chacun « collé-identifié » aux qualités de surface d’un objet-sensation différent. Dans cet état, il n’y a pas d’activité mentale, pas d’état émotionnel particulier. Le sujet « s’absente » de l’expérience. Dans le développement normal, ce processus n’est pas problématique. Il s’effectue « sans douleur », évite les angoisses persécutrices et le désespoir. Il est également facilement réversible. La réintégration du moi, la reprise de l’attention est aisée, et se réalise dès que le bébé est baigné d’interactions chaleureuses, contenantes et soutenantes avec son environnement.
Mais ces expériences laissent toutefois des traces mnésiques et, lorsque le bébé ne rencontre pas d’objet soignant et aimant pour l’aider à sortir de l’état de gel et de démantèlement ; non seulement les expériences demeurent inscrites sous une forme traumatique, avec les conséquences que l’on a vues, mais le fonctionnement défensif tend à se constituer comme réponse systématique et se pérenniser sous une forme pathologique et pathogène. Cela aboutirait au mécanisme de défense d’ « atomisation du moi »654 selon un « clivage actif et rigide» des différentes parties de la personnalité, qui ne se connaissent pas entre elles ; puis à l’isolation, l’encapsulation et à la projection de certaines d’entre elles, tandis que les sujets se colleraient-identifieraient à d’autres. 655
M. Klein indiquait en 1952 656 que les expériences précoces et non-intégrées du moi seraient retenues dans un état clivé, à l’intérieur d’une poche scellée de vulnérabilité dont l’existence constituerait une menace constante pour la stabilité du fonctionnement psychique.
A partir de l’étude des travaux de D. Stern 657 , nous avons vu que les différentes parties de soi, du self correspondrait à l’alliage du « soi-noyau » et du « soi + l’autre ». Le « soi noyau » serait un réseau, en même temps que l’expérience, d’un équilibre fragile entre activité propre, cohésion identitaire, continuité du sentiment d’exister et affectivité. Cet équilibre interne, dont le sens de soi serait tributaire, serait lié au « soi avec l’autre », en tant qu’expérience subjective d’ « être avec un autre régulateur de soi. Mais, dans le cas où la régulation par l’objet est insuffisante, - ou si celui-ci fait vivre au sujet des expériences d’empiètement, de communication paradoxale, des expériences d’introjection forcée de messages inconscients, d’excitation ou de stress extrêmes, qui conduisent à des états affectifs paroxystiques, - l’équilibre dans le « soi noyau » qui en détermine le sens, est alors rompu. C’est alors, on l’a vu, qu’interviennent les fantasmes de fusion symbiotique, pour pallier les effets du vécu de désintégration identitaire qui en découlent. Dans ce contexte, D. Stern a établi un lien entre ses hypothèses et les « agonies primitives ».
C’est le « soi-noyau » qui subirait le clivage passif, mais le clivage actif toucherait le « soi avec l’autre ». Ce processus intrapsychique développerait chez les sujets qui ont vécu des traumatismes relationnels précoces une atomisation de la personnalité en plusieurs parties, maintenues séparées par un clivage rigide.
S. Ferenczi 658 avait repéré que, lorsqu’ils se sentaient blessés, déçus, lâchés, ceux de ses patients qui avaient vécu des abandons précoces pouvaient couper leur personnalité en deux parties, qui interagissaient entre elles afin de rendre l’abandon « nul et non-advenu » : une partie jouant le rôle d’une mère ou d’un père avec l’autre partie.
T. Bokanowsky 659 a également observé chez certains de ses patients le développement, du fait de capacités de « perception auto-symbolique », de deux parties de la personnalité : une partie « sensible brutalement détruite » qui coexiste avec « une autre qui sait tout mais ne sent rien ».
Nous 660 avons mis en évidence un « multi-clivage » de la personnalité chez les enfants qui ont vécu des traumatismes relationnels précoces. Chez l’enfant violent, M. Berger a observé une alternance affective entre deux états très différents le jour et la nuit. Le jour, ces enfants sont tyranniques, imprévisibles, explosifs, destructeurs. La nuit, ils sont en proie à de terreurs nocturnes et des cauchemars affreux. Ceci lui a inspiré la formule : « terroristes le jour, terrorisés la nuit. » Mais une observation et une analyse détaillée, notamment de leurs relations aux figures parentales, nous a amené à distinguer plusieurs autres parties bien séparées de leur personnalité :
Mais ces moments sont systématiquement et rapidement suivis d’une bascule dans une position identificatoire à l’une des parties que j’ai évoquées plus haut. Le changement est en général si soudain et si violent que les observateurs et partenaires d’interactions sont sidérés et complètement désorganisés. J’ai ainsi souvent entendu les personnes qui s’occupent de ces enfants déplorer le fait qu’elles en sont venues à « toujours être sur leurs gardes », à « apprendre à se méfier » de ces moments adaptés, et à les appréhender comme « le calme avant la tempête ». Elles déplorent ce fait car elles ont le sentiment diffus de participer à la « programmation » de la bascule, d’avoir « perdu l’espoir que l’enfant puisse authentiquement aller mieux » ; mais il leur semble s’agir ici du seul moyen de ne pas être surprises, « désarçonnées » et déçues par les manifestations de l’identification à une partie pathologique. Je reviendrai un peu plus loin sur ces modes de réactions de l’objet, ses motivations profondes, ainsi que sur leurs effets sur les enfants 664 .
Je me suis contentée d’énumérer là les parties que j’ai observées le plus fréquemment chez les enfants de ma recherche. On peut constater qu’elles sont déjà suffisamment nombreuses pour permettre de postuler une fragmentation extrême du « self », mais je pense qu’on pourrait mettre en évidence d’autres parties encore.
Les représentations prédominantes et organisatrices - donc les attitudes et les comportements qui en découlent – changent selon la partie ou les parties auxquelles le sujet s’identifie. Le plus infime changement, qu’il soit endogène ou exogène, qui induit une rupture dans la fragile homéostasie interne, semble déclencher un insupportable sentiment de perte de sécurité, qui les précipite dans un fonctionnement psychotique, une série de réactions en chaîne incontrôlable et terriblement anxiogène, et par conséquent dans des identifications à des parties terrifiées, puis terroristes.
Le fonctionnement psychique de ces enfants semble ainsi caractérisé par des oscillations constantes, brutales et très rapides entre plusieurs états psychiques, organisés par différentes positions identificatoires, des angoisses sans nom, insaisissables et insensées, communiquées de façon non verbale, une confusion psychotique agie et une perception directe des réalités extérieures et émotionnelles.
Les parties qui ne sont pas saisies par l’identification paraissent avoir deux destins possibles, après avoir subi les processus de « découpe » puis d’isolation de la conscience et du moi-narcissique par encapsulation 665 :
On a vu comment ces deux « destins » des parties isolées pouvaient bloquer ou déformer la conscience de la réalité de ces enfants, au point de leur faire vivre des expériences de nature psychotique.
D’autre part, lorsque les clivages se rigidifient, A. Dubinsky666 indique que « les parties isolées de soi ne peuvent contribuer à la modification de la peine psychique, qui est elle-même divisée par ce clivage, par la mobilisation de leurs ressources propres. » La capacité d’utiliser l’expérience pour apprendre et grandir émotionnellement est affectée, et l’immaturité émotionnelle et intellectuelle s’en suit. J’ai déjà évoqué667 le fait que les enfants de ma recherche ne paraissent pas pouvoir apprendre de leurs erreurs et modifier leurs perceptions, leurs représentations et leurs réactions en fonction de leurs expériences du réel actuel. J’ai évoqué les travaux de W.R. Bion668 qui ont mis en évidence l’incidence du clivage sur la fonction intellectuelle. Il a indiqué comment, dans les formes psychopathologiques graves, la mémoire ou la capacité de penser – de créer des liens – de façon symbolique et de comprendre les métaphores peuvent être coupées par le clivage, de façon à éviter que des liens s’établissent avec des pensées trop pénibles.
Ce qui doit être évité, c’est le phénomène de lien.
Ainsi, les signes de progrès me semblent correspondre à deux registres :
Du côté des nouveaux objets potentiels, ce modèle de compréhension du mode de fonctionnement de ces enfants en « fragmentations de la personnalité et bascules entre différentes positions identificatoires » permettrait de ne pas se laisser leurrer par la prédominance des expressions de l’identification à l’une ou l’autre. Le piège thérapeutique me semble tenir au fait que celles-ci peuvent masquer les autres, qui s’expriment de façon moins fréquente et / ou plus fugace. Face à un enfant qui se comporte pratiquement en permanence de façon détestable, tyrannique, tout-puissante, avide, égocentrée et malveillante, on pourrait avoir tendance à « perdre de vue » les parties souffrantes, en détresse, terrifiées, vulnérables. De même, face à un enfant qui se replie dans la « bulle » autistique, se débilise, évite pensées et relations et semble ne trouver aucun intérêt à ce que son environnement lui propose, on pourrait oublier les parties « affamées », désespérées et redoutant l’abandon. Le drame de ces enfants est qu’à force de « devancer », dans un désir de contrôle, les retours traumatiques d’un environnement, en se fondant sur les représentations issues de leurs expériences précoces, ils finissent par déclencher de sa part une validation de ces représentations et une inscription dans une identité narcissiquement déplorable. Leurs comportements finissent par susciter les réactions qu’ils redoutent, leurs représentations se trouvant dramatiquement confirmées par la reproduction perpétuelle, en boucle, dans la réalité actuelle, des modèles d’interactions traumatiques dont elles étaient issues. Ils « deviennent » ces enfants non-aimables, non-séduisants, désagréables, incapables et repoussants qu’ils craignent d’avoir été pour leur premier objet, et qu’on ne peut que rejeter, abandonner, négliger ou persécuter. Je développerai particulièrement cette dimension dans le chapitre suivant, mais je voudrais d’ores et déjà l’introduire grâce à une vignette clinique tirée d’une situation banale, que j’ai souvent observée.
J’ai déjà évoqué Jacques à plusieurs reprises. Cet enfant, âgé de 8 ans, a été abandonné par ses parents dans la pouponnière où il est né. Je dis abandonné, bien qu’il ne s’agisse pas d’un abandon « légal ». Ils ont cessé de se manifester régulièrement, mais suffisamment souvent (réclamant sporadiquement une visite une à deux fois par an) pour que leur attitude ne soit pas considérée comme un abandon aux yeux de ceux qui sont en charge de faire appliquer la loi. Il reste 9 mois en pouponnière, puis est accueilli dans la famille où il vit toujours aujourd’hui. Il n’a plus aucun contact avec ses parents. Jacques est un enfant très raide et très agité, qui est la plupart du temps identifié à une partie toute-puissante et omnipotente. Son assistante maternelle le décrit comme « peu affectueux », « jamais démonstratif », bien qu’elle ne doute pas de son attachement, qu’elle perçoit au travers des crises d’agitation ou de violence qui se déclenchent chaque fois qu’elle ne s’occupe pas de lui. Au centre de Jour, il se comporte de la même manière avec son éducatrice. Depuis quelques temps, nous constatons que Jacques observe attentivement les enfants qui se font câliner par les éducatrices et qu’il a tendance à les persécuter. Il exprime de la jalousie à leur égard et l’envie d’être lui aussi câliné. Il nous a semblé que cela est à considérer comme un progrès, et Jacques a été invité à solliciter un câlin lorsqu’il en éprouve le besoin. Jacques s’est ainsi efforcé de se faire câliner par son éducatrice ou son assistante maternelle, mais il s’y prend d’une façon tellement inadéquate qu’il ne peut que se faire repousser. Il choisit en général un moment où elles sont occupées, ne demandant rien lorsqu’elles sont disponibles : il se précipite sur elles en les serrant de ses bras et de ses jambes, au point de leur faire mal ou de les faire tomber. Puis, il ne se laisse pas câliner : elles ne peuvent pas l’envelopper, elles ne peuvent pas ajuster leur posture. C’est lui qui les bloque, les emprisonne en se collant contre elles. Cela paraît plutôt correspondre à une attitude de contrôle sadique qu’à celle d’un « lâcher-prise». Naturellement, son assistante maternelle ou son éducatrice ne manquent pas de lui signaler l’inadéquation de son comportement et de proposer de se « laisser faire ». Mais aussitôt, Jacques paraît très vexé et blessé par leur remarque, bien qu’elles aient le sentiment d’avoir usé de toutes les précautions de langage possible et d’avoir bien signifié qu’elles ne le rejetaient pas. Il les lâche brutalement et soit s’en va tout raide, sans un mot, soit se met à pleurer et à crier que personne ne veut de lui, que tout le monde le rejette, qu’elles sont des « abandonneuses » méchantes et cruelles. Il peut alors être pris d’une grande rage qui le conduit à tenter de détruire des objets, blesser par des mots méchants et dire qu’il va les abandonner et partir très loin tout seul, là où personne ne pourra le persécuter.
FREUD S., (1938), Le clivage du moi dans les processus de défense, in Résultats, Idées, Problèmes : tome 2 (1921-1938), (1985) PUF, Paris, pp. 283-286
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GUIGNARD F. (SPP / SEPEA Paris), Déni et négation chez l’enfant aujourd’hui, Communication proposée le 1/12/2007 au Colloque SPP-Groupe Lyonnais de Psychanalyse Rhône-Alpes L’enfant et la violence du déni, Lyon
FERENCZI S., (1923), Le rêve du nourrisson savant, in Œuvres Complètes Tome 3, (1974), Payot, Paris, p. 203
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KLEIN M., (1946), Notes sur quelques mécanismes schizoïdes, op.cit., p.259
WINNICOTT D. W., (1975), La crainte de l’effondrement, op.cit.
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MELTZER D. et col., (1975), Exploration du monde de l’autisme, (1984) Payot, Paris
FERENCZI S., (1933), op.cit., p.132
La méconnaissance des différentes parties entre elles peut permettre de comprendre pourquoi ils ne sont pas totalement de mauvaise foi lorsqu’ils protestent avec véhémence « ce n’est pas moi ! », alors qu’on les a vu commettre une bêtise.
KLEIN M., (1952), Quelques conclusions théoriques au sujet de la vie émotionnelle des bébés, in KLEIN M., HEIMANN P., ISAACS S., RIVIERE J., Développements de la psychanalyse, (1995) PUF, Paris, pp.187-222
Voir « Interactions précoces et accordage affectif », in « champs de la recherche » p.66 et STERN D., (1989), op.cit.
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BERGER M., (2003), L’échec de la protection de l’enfance, Dunod, Paris
Voir chapitre 2 § 2.1.3 « Pathologie du narcissisme, défenses narcissiques et troubles du lien à la réalité »
Voir supra RACAMIER P.C., (1996), L’inceste et l’incestuel, Editions du Collège, Paris, in chapitre 1 § 1.4.5 « La séduction narcissique »
Voir infra chapitre 3 § 3.1.2 « Etude clinique de sequences d’interactions: la reproduction des patterns inadéquats » et § 3.2.4 « Processus organisateurs du lien à l’objet externe »
ROSENFELD H., (1987), Impasse et interprétation, (1990) tr.fr. PUF, Paris
DUBINSKY A., (1997), in RUSTIN M., RHODE, DUBINSKY A. et H., (1997), Les états psychotiques chez les enfants, op.cit., p.21
Voir supra chapitre 2 § 2.5.3 « Pulsion de mort, travail de la haine et du négatif »
BION W.R., (1957,1962, 1963), op.cit.