Chapitre 1 : Les enjeux de la ségrégation spatiale

A la suite des évènements de novembre 2005 en France, qualifiés de crise de banlieue, nous étions sans doute nombreux à constater le retour et l’omniprésence du mot ségrégation dans le discours politique et médiatique bien que le phénomène ne soit pas nouveau. L’émergence d’un consensus qui considère les violences urbaines comme une conséquence d’un phénomène de ségrégation peut toutefois cacher des différences dès que l’on cherche à comprendre la nature de ce lien de causalité. La dénonciation de la ségrégation peut être porteuse de plusieurs enjeux politiques, économiques et sociaux qu’il faut éclairer. Au-delà des difficultés de mesure de la ségrégation spatiale, de ses coûts et de ses effets, le refus de ce phénomène est lié en général à la question de l’équité, de la justice sociale et à la croissance d’une ville à plusieurs vitesses.

L’objectif à travers ce premier chapitre est de montrer pourquoi la ségrégation spatiale pose problème en France en précisant ses conséquences et ses mutations (1) avant d’essayer de comprendre ses origines (2). En prenant les enseignements de l’économie urbaine comme ligne directrice, notre but est de contribuer à une meilleure compréhension des mécanismes de la ségrégation spatiale dans la ville moderne afin de préciser le rôle de deux éléments longtemps négligés par la littérature : l’espace et la forme urbaine. Ce qui nous permet de construire notre propre cadre d’analyse à travers lequel sera traité le lien entre la forme urbaine et la ségrégation socio-spatiale. Cela dit des articulations avec d’autres disciplines permettent de mieux situer l’objet de recherche et d’apporter un nouvel éclairage sur la question de la ségrégation et de ses mécanismes.