2.1.1.2. Métropolisation et ségrégation spatiale

La ségrégation spatiale est la traduction spatiale des inégalités socio-économiques dans la ville globale. Elle est également le résultat des interactions des phénomènes proprement intra-urbains de concentration, d’étalement urbain et de reconcentration des populations et des activités.

La ségrégation est la traduction spatiale des inégalités de la ville globale. Le lien entre métropolisation et polarisation sociale fait référence au concept de ville globale de Sassen (1996). La globalisation qui marque l’ensemble de la planète s’observe à l’échelle intra-urbaine de certaines villes, et plus particulièrement New York, Londres et Tokyo. La métropolisation n’est autre que l’inscription spatiale de la mondialisation (Lacour et Puissant, 1999) qui à son tour « sépare ceux qui s’adaptent au monde et ceux qui ne le peuvent pas, et elle nous contraint à nous montrer moins solidaires pour faire face à l’ouverture de l’économie » (Fitoussi et Rosanvallon, 1997, p.122). Elle touche les grandes villes à travers le processus de « concentration des activités les plus dynamiques et des hommes les plus qualifiés dans les plus grandes villes » (Buisson et al. 1995). Il s’agit des métropoles qui gèrent la globalité à travers les exigences de leurs activités supérieures de commandement11, de coordination et de commutation de l’économie globale. Cela avive la concurrence mondiale (Lacour et Puissant, 1999 ; Bourdeau-Lepage et Huriot, 2005) autour de la création, la captation et la diffusion d’activités et d’innovation des Clusties (Lacour, 2008) mais aussi le contraste entre une population huppée (main d’œuvre qualifiée, clientèle richissime et flyover) et une autre population ordinaire, pauvre ou dangereuse. Cette dualité sociale se traduit par la capacité de ces villes à concentrer et gérer les fonctions urbaines supérieures et à polariser et exclure une grande partie de la population. A coté de l’accentuation des richesses, des centres de décision, des laboratoires d’innovation et des lieux de la haute finance, il y a également la misère et l’insécurité. La ville duale traditionnelle, avant d’être capable d’articuler le global et le local (Bourdeau-Lepage et Huriot, 2005), est la traduction d’un espace urbain où le niveau de ségrégation est à son sommet, car elle distingue deux groupes socialement opposés12. La dualité dans la ville globale ou informationnelle réside, selon Castells (1989), dans l’opposition entre territoires de polarisation des activités de l’économie informationnelle branchés à l’espace des flux et les autres territoires des activités banales et autonomes qui constituent l’espace des lieux. Au-delà de l’ambigüité de ces deux notions, cette distinction tend à sous-estimer le rôle de la proximité physique au sein même de l’espace des flux. L’étude de la ségrégation sociale ne concerne selon Castells que l’espace des lieux et ne peut pas être adaptée dans le cadre de la ville duale (Pflieger, 2006). Pourtant, la gestion de l’espace des flux se fait dans des territoires occupés par les grandes firmes et l’élite sociale n’est pas sans effet sur une ségrégation socio-spatiale qui traverse l’ensemble de la ville. Les cadres des grandes firmes et les activités supérieures dans la ville globale qui sont acteurs dans l’espace des flux occupent et dominent l’espace des lieux : « La troisième strate importante de l’espace des flux concerne l’organisation spatiale des élites gestionnaires dominantes qui exercent les fonctions de direction autour desquelles cet espace s’articule » (Castells, 1998, cité in Pflieger, 2006, p. 324). Derrière ces points de vue divergents, se pose la question de la définition de la ségrégation, de la population concernée et de la distinction entre l’état et le processus, qu’il convient de préciser (Cf. chapitre 2).

D’autres travaux contestent ce lien ambigü entre l’évolution du système productif et l’évolution de la répartition des groupes sociaux (les actifs exclusivement) dans la ville (Hamnett, 1994). En insistant sur le contexte politique de chaque pays, ils considèrent que la nature et les causes de la polarisation avancées par Sassen à travers ses travaux sur New York et Los Angeles ne sont pas nécessairement applicables à d’autres villes globales (Hamnett, 1996). Si Sassen se focalise sur l’économie, les emplois et la population active, c’est parce que le pouvoir économique domine le pouvoir politique (Bourdeau-Lepage et Huriot, 2005) et que les inégalités ne sont pas tant entre actifs et chômeurs (même indemnisés) mais au sein de la même catégorie d’actifs.

Pour expliquer l’accroissement des inégalités intra-groupes qui sont à l’origine du lien entre la métropolisation (traduction spatiale de la globalisation) et la ségrégation, Krugman (1996) et Cohen (1997) soulignent le rôle du progrès technologique. A coté des inégalités traditionnelles inter-groupes (des travailleurs sans diplôme qui s’appauvrissent et les autres qui s’enrichissent), Cohen (1997, p.85) met en évidence de nouvelles inégalités qui apparaissent au sein du même groupe socio-culturel, ce 0qui crée un appariement sélectif « les meilleurs vont ensemble ; les médiocres aussi » 13. Les écarts de salaires au sein de la même catégorie des cadres est illustratif. En insistant sur l’aspect quantitatif, Krugman (1996) montre que les technologies de l’information permettent à travers un effet de masse d’élargir l’influence de certains individus et de creuser les écarts de revenu à l’intérieur de la même profession. Quand les personnes plus talentueuses utilisent ces technologies d’information pour vendre plus de quantités de leur travail, cela se traduit par un « effet superstar » (Rosen, 1981).

La concentration de ces personnes sur les mêmes territoires est certainement à l’origine des forts niveaux d’inégalité et de ségrégation observés dans des villes globales comme New York (Kim et Jargowsky, 2005). La répercussion dans l’espace de la mondialisation de l’économie et des nouveaux systèmes productifs, par le besoin toujours et encore de proximité physique (Bourdeau-Lepage et Huriot, 2005), rend plus visible la dualité et l’éclatement des inégalités au sein de la métropole mais aussi entre la métropole et le reste du territoire voire d’autres villes à travers la métropolarisation14 (Julien, 1995). Il y a donc un lien entre la métropolisation et la ségrégation spatiale par la concentration socioéconomique dans des lieux spécifiques et nécessaires pour gérer la globalité (Puissant, 2006).

A coté de l’effet de dualisation, l’impact de la métropolisation sur la ségrégation (la métro-ségrégation : Lacour, 2008) est renforcé par un effet de masse et de taille (que nous confirmons dans le chapitre 3) ; un effet d’addition et de cumul des « risques » et des handicaps ; un effet de concentration géo-spatiale ; un effet de reconstruction et de rénovation urbaine et un effet de localisation spécifique (ZEP, ZUS…), nécessaire et stigmatisant (Lacour, 2008, p.37). Les travaux de sociologues le montrent bien « Le développement social est, quant a lui, stigmatisant et accentue de ce fait la ségrégation » (Juan, 1997, p.61). C’est justement l’absence de certains de ces effets, notamment le dernier, qu’on reproche à la thèse de la polarisation sociale dans la ville globale de Sassen. « The weakness of the thesis which sees global city problems as inevitable is that it takes little or no account of the urban social and political context, and largely ignores both the structure and funding of the welfare state and the structure and role of the planning system » (Hamnett, 1996, p.109).

La ségrégation est aussi le résultat des dynamiques intra-urbaines.La métropolisation s’inscrit dans une autre perspective, celle de l’exacerbation de phénomènes liés à l’urbanisation comme processus complexe (Lacour, 2008). A travers l’image d’une ville à plusieurs vitesses (Cf. 1.2) qu’elle donne, la métropolisation en tant que produit des dynamiques intra-urbaines est caractérisée par plusieurs processus de concentration, d’étalement urbain, de gentrification mais aussi de ghettoïsation et de ségrégation. Si la concentration et l’étalement urbain des populations et des activités sont a priori des phénomènes quantitatifs, la ghettoïsation et la ségrégation sont aussi qualitatifs dans la mesure où l’accent est mis sur le type de population. La gentrification, en faisant référence à une reconcentration au centre et un embourgeoisement, regroupe les deux dimensions qualitatives et quantitatives. La complexité des liens entre ces différents phénomènes réside dans le fait qu’ils sont souvent la conséquence simultanée des mêmes mécanismes de localisation des populations et des activités. L’identification de l’effet des dynamiques d’étalement urbain ou de gentrification sur la ségrégation spatiale devient un exercice difficile.

Si l’existence du lien entre étalement urbain et ségrégation semble évidente, notamment dans la littérature américaine, la nature de la relation est complexe et peut dépendre de facteurs communs. Par exemple dans les villes américaines, le préjudice racial est à l’origine à la fois de la fuite du centre, de la ségrégation spatiale et de l’étalement urbain. La suburbanisation des populations, à travers le flight from blight et grâce à l’accès aux infrastructures routières et à la voiture(Mills et Mieskowsky, 1993), a permis de garantir la séparation résidentielle entre les blancs et les noirs. L’étalement urbain n’est qu’un élément permissif de la séparation physique tout comme les murs qui divisent les villes pour éviter la proximité inéluctable et gênante. La suburbanisation des emplois et l’émergence de vraies villes en périphérie (Garreau, 1991) a renforcé cette séparation et conduit à l’isolement des populations noires du centre par rapport aux activités périphériques. Nous retrouvons ici l’origine de l’hypothèse du Mauvais Appariement Spatial et la ségrégation spatiale qui peut être analysée dans le cadre du modèle monocentrique classique de l’économie urbaine ou avec externalité supposant la préexistence d’une hétérogénéité spatiale. La déconcentration des populations et des activités, dans sa forme dispersée ou concentrée, renforçant la ville en périphérie et conduisant au déclin du centre traditionnel, semble ainsi ségrégative. La forme polycentrique de la croissance urbaine a renforcé la ségrégation raciale mais aussi socio-économique (Cf. chapitre 5). La ségrégation spatiale des populations est également liée à la concentration et à l’étalement urbain des activités.

Dans le paradigme de concurrence monopolistique/rendements croissants (Krugman, 1991, cité in Thisse, 2002, p.16), l’installation d’une nouvelle firme avec ses travailleurs dans une région a deux effets opposés. Elle augmente le revenu et la demande (effet taille de marché). Ce qui conduit à accroître les profits et à augmenter l’attractivité de la région de destination (forces centripètes). Elle provoque également une concurrence plus vive sur le marché régional (effet de compétition), déprimant les prix et rendant la région moins attractive (forces centrifuges). Si le premier effet domine le deuxième, la région continuerait d’attirer les entreprises et les emplois à travers un effet boule de neige conduisant à une polarisation spatiale. Avec la dominance des forces centripètes face aux forces centrifuges favorisée par la baisse des coûts de transports à l’échelle régionale (Krugman, 1998), cette polarisation spatiale devient irréversible. Même si, sous certaines conditions, un processus de re-dispersion est susceptible de s’enclencher (Thisse, 2002). A travers le constat d’une croissance éclatée des villes, Mignot (2000) met en évidence deux tendances lourdes de la métropolisation, celle de la concentration des firmes et leur étalement urbain, et souligne les enjeux d’une ségrégation caractérisée par l’inéluctabilité des disparités territoriales.

A l’échelle intra-urbaine, la concentration favorise également le niveau le plus élevé de la hiérarchie urbaine (Buisson et al. 2005). L'étalement urbain ne doit pas être interprété comme la mort de la ville (Glaeser, 1998) mais comme une forme de croissance urbaine favorisant la promotion de la ville hors la ville (Puissant, 2006). En France, le centre historique garde son rôle important et se renforce, même si on constate un éclatement de la centralité (Gaschet et Lacour, 2002) et l’apparition de pôles périphériques bien situés le long des axes de transport (Aguiléra et Mignot, 2003). Les tendances actuelles de retour au centre et de gentrification observées sur les zones centrales de certaines villes sont la preuve d’une métropolisation qui accepte les retournements (Lacour, 2005). Après le déclin, on parle aujourd’hui de résurgence tout en soulignant l’importance des aménités dans une ville tournée vers la production et la compétitivité mais également vers la consommation et l’attractivité (Glaeser et al., 2001 ; Glaeser et Gottlib, 2006 ; Cheshire, 2006 ; Davezies, 2008).

La gentrification est étroitement liée à la ségrégation puisqu’elle se traduit par la transformation de la structure sociale des quartiers pauvres ou ouvriers en attirant des jeunes cadres et des populations riches. Ce processus est souvent lié à des opérations de rénovation urbaine, mais il est d’abord le résultat de l’arrivée des activités de services supérieurs (banques, restaurants chics et boutiques de luxe) qui ont remplacé les populations modestes et les activités banales (petits commerces) dans la ville globale de Sassen. Ce type d’opérations est stimulé par la croissance du prix du foncier et la recherche de nouveaux espaces de production, d’une part, et par les caractéristiques de la population elle-même à travers les préférences pour la consommation des aménités centrales, la qualité de vie et les relations sociales, d’autre part. Par exemple, dans la ville de Lyon, il n’est pas difficile de distinguer la différence entre la gentrification du quartier Grolée (quartier relativement aisé du 2e arrondissement et connu pour ses immeubles haussmanniens et ses agences de voyages) poussée par un investissement étranger et la gentrification des quartiers ouvriers de la Croix Rousse (situé dans le 4e arrondissement) par l’arrivée des étudiants, des classes moyennes et des jeunes cadres. Le premier cas correspond à une phase d’embourgeoisement et le deuxième renvoie à une phase de mixité sociale, même s’il s’agit dans les deux cas d’un processus ségrégatif.

Dans la littérature économique de la localisation résidentielle intra-urbaine, la rénovation dans un contexte de gentrification est expliquée par trois facteurs de ségrégation des ménages : lois économiques de localisation (revenu et coût de transport/demande de logement) dans le modèle monocentrique ; âge et qualité des logements ; aménités, caractéristiques et comportements de la population du quartier (Helms, 2003)15. Dans un modèle dynamique basé sur l’âge du logement, Brueckner et Rosenthal (2009) montrent qu’une élimination de l’impact de la variation spatiale de l’âge du logement réduirait les disparités économiques des quartiers entre le centre et la périphérie des villes américaines de plus de 50 %. Ce qui demande de réduire l’âge moyen des logements au centre pour réduire la ségrégation spatiale16. La gentrification peut être considérée non seulement comme l’anti-sprawl mais aussi comme un instrument de mixité sociale. On n’a peut être pas accordé assez d’importance à la ville conviviale de Beckmann (1976) et aux interactions sociales entre tout ses habitants. Mais au-delà des vertus de la ville dense ou la ville compacte vantée notamment dans le cadre du renouvellement urbain et du nouvel urbanisme, le lien avec la ségrégation sociale, même s’il est parfois mesuré (Burton, 2000), reste ambigu (Cf. chapitre 4). Il vient surtout, par ricochet, d’un rejet de l’étalement urbain dans les villes américaines. En France, les politiques de lutte contre l’étalement urbain et la ségrégation spatiale sont bien distinctes, respectivement à travers l’objectif de densité et de mixité sociale (Cf. chapitre 2). Ce qui pose un autre problème, celui de la conflictualité des objectifs. Face à la double hypothèse de la gentrification (Pinçon et Pinçon-Charlot, 2004) et de la fuite des classes moyennes vers les périphéries des villes (Guilly et Noye, 2004), les politiques de densification des zones centrales des villes peuvent être soupsonnées d’être ségrégatives (Cf. chapitre 4).

Notes
11.

De ce strict point de vue, la métropolisation n’est pas un phénomène nouveau. De Tocqueville le signale depuis le 18ème siècle, à travers l’exemple de Paris, même si l’urbain représentait encore la minorité du territoire : «  Dès 1740 Montesquieu écrivait à un de ces amis : Il n’y a en France que Paris et les provinces éloignées, parce que Paris n’a pas encore eu le temps de les dévorer » (De Tocqueville, 1952, p.147). Cet auteur mettait en avant la nature du gouvernement plus que la taille de la ville. Les travaux sur l’ancien régime montrent que Paris et les espaces urbains ne regroupaient qu’une faible part de la population : «Nous savons que le fait urbain était largement minoritaire. Paris n’atteignit le demi-million qu’au XVIIIe siècle, et ne groupa guère plus de 2% des français ; six villes entre soixante et cent mille âmes, une dizaine autour de trente ou quarante mille, moins de cinquante autour de dix-quinze mille, quelques douzaines de gros marchés et de petits centres administratifs : le total arrive difficilement à 3 millions de personnes, à peine 15% des français.» (Goubert, 1969, p.191), mais cette minorité urbaine dominait déjà l’ensemble du pays : « Mais il est sûr que l’importance des villes ne dérive pas du nombre de leurs habitants. Elles ont pris, de plus en plus, la direction du royaume. Elles en concentrent les richesses, les talents, tout ce qui brille, tout ce qui compte, tout ce qui détient le pouvoir, la puissance et la culture. La minorité urbaine domine. » (Goubert, 1969, p.191). Même si l’urbain est loin d’être la minorité aujourd’hui, c’est toujours une minorité de l’urbain qui domine.

12.

Cette question n’est pas nouvelle et dans un entretien avec Pflieger (2006, p.68), Manuel Castells cite à titre d’exemple le travail de Zorbaugh (1929) de l’école de Chicago : « j’ai été fasciné par le travail de Zorbaugh qui, en 1929, explicite toute la problématique de la ville dualisée, la coexistence de deux cultures à Chicago, entre l’opulence et la pauvreté. Ce travail reste un modèle pour comprendre la séparation spatiale et culturelle des catégories sociales et l’absence de communication entre les deux. Il reste extrêmement utile pour comprendre les problèmes de ségrégation et d’intégration sociale, qui restent fondamentaux dans notre société. » .

13.

Il explique cela par la théorie du « O-Ring » (référence au joint défaillant à l’origine de l’explosion de la navette spatiale Challenger qui a couté la vie des passagers, plusieurs milliards à la NASA et le travail de plusieurs équipes) où le moindre dysfonctionnement d’une partie menace toute la production. Pour éviter de tels risques dans ce type de production, l’exigence en termes de qualification et talents des actifs et la concurrence qui en résulte sont maximales.

14.

Par son attractivité et son influence économique, politique et culturelle à l’échelle régionale, cette métropole construit un réseau de villes qui renforce la polarisation socio-spatiale comme cela peut être le cas autour de la métropole parisienne.

15.

By and large, the results confirm intuitive expectations and support anecdotal accounts about the determinants of renovation, particularly as it occurs in the context of gentrification.

Older, low-density houses in older, moderate-density neighborhoods are most likely to be renovated. Accessibility to the CBD matters: improvement is more likely in areas that are close to downtown and well-served by mass transit. Housing vacancy does not deter renovation, but nearby public housing projects do. Neighborhood amenities, including city parks and bodies of water (Lake Michigan in this case), encourage renovation activity.” (Helms, 2003, p.496).

16.

"Our results show that, if the influence of spatial variation in dwelling ages were eliminated, central city/suburban disparities in neighborhood economic status would be reduced by up to 50 percent within American cities. In other words, if the housing age distribution were made uniform across space, reducing average dwelling ages in the central city and raising them in the suburbs, then neighborhood economic status would shift in response, rising in the center and falling in the suburbs.” (Brueckner et Rosenthal, 2009, p.29).