Chapitre 2 : Appréhender la ségrégation socio-spatiale

La question de la ségrégation spatiale est, par nature, multidimensionnelle et pluridisciplinaire. Si l’ensemble des disciplines dans les sciences humaines et sociales semble converger vers un consensus pour décrire a minima l’état de la ségrégation comme une séparation physique et souligner parfois son caractère négatif, d’autres désaccords concernant ses mécanismes subsistent. Chaque discipline privilégie une définition, une mesure et une échelle particulière, et met en lumière un caractère déterminant selon sa propre approche. Plus d’un demi-siècle de recherche et de mesure de la ségrégation, en sociologie, en géographie et plus tardivement en économie, n’a finalement pas épuisé l’intérêt et la curiosité des chercheurs pour comprendre le phénomène dans toute sa complexité.

Il s’agit, tout d’abord, de préciser une définition mesurable de la ségrégation spatiale en interrogeant les différents apports théoriques et empiriques en la matière (1). Cette définition doit permettre de représenter ce phénomène dans le contexte des villes françaises en insistant sur son aspect opératoire et sa mesurabilité. Ce qui permet ensuite d’expliquer la méthode utilisée, ses avantages et ses limites, et de justifier le choix des données, des échelles et des indicateurs de la ségrégation socio-spatiale (2).