1.2.2.3. L’échelle globale : l’espace urbain

A travers la littérature abordée jusque là, un consensus semble émerger entre économistes, sociologues et urbanistes pour considérer la ségrégation spatiale sur l’ensemble du périmètre de la ville et pas seulement sur les quartiers difficiles qui posent problème. Comme nous l’avons dit précédemment, les travaux pionniers de l’École de Chicago privilégient la prise en compte de l’ensemble de la ville qui forme une communauté de destin en interaction. Le rapport du Conseil d’Analyse Économique (Fitoussi et al. 2004) estime que l’échelle la plus pertinente de l’évaluation de la ségrégation et de l’intervention publique est celle des agglomérations urbaines.

Derrière ce consensus, se cache la question de l’échelle pertinente qui peut incarner la ville aujourd’hui. Il est clair que le seul critère de la continuité du bâti est insuffisant pour caractériser les agglomérations urbaines : « Le critère de continuité spatiale du bâti qui servait à définir les agglomérations urbaines est sans doute insuffisant aujourd’hui, du fait des formes multipolaires ou discontinues d’extension des périphéries urbaines » (Préteceille, 2004, p.17). Par conséquence, il est nécessaire d’intégrer, au delà des délimitations administratives, l’ensemble des espaces effectivement accessibles et qui forment une unité autonome où tous les actifs habitent et travaillent. Le découpage en aires urbaines est mieux adapté (Preteceille, 2004) même s’il repose lui aussi sur le principe de seuil qui pose parfois des problèmes dans les études des phénomènes urbains liés à la métropolisation (Julien, 2007). Faut-il raisonner en découpage stable des aires urbaines ou aller jusqu’à un découpage en Région urbaine comme c’est le cas pour le bassin parisien (Gilli, 2005) ? Cela pose des problèmes de frontières entre les espaces urbains où les plus grands absorbent les plus petits et renforce la « cacophonie zonale » (Julien, 2007). Ce dilemme n’est certainement pas réglé et à défaut de trouver une meilleure solution nous retenons le même découpage en aire urbaine.