2.2.3.1. Fragmentation spatiale : typologie de polarisations et de mixités sociales 

L’analyse temporelle de la ségrégation spatiale se base sur le suivi des revenus moyens ou de la répartition des foyers fiscaux non imposés par commune. Elle permet de distinguer les tendances de ghettoïsation ou de gentrification qui caractérisent les différents territoires. Les communes pauvres sont-elles encore plus pauvres qu’il y a une vingtaine d’années ? L’analyse typologique de l’état de ségrégation en 2001 a l’avantage d’utiliser la distribution des quintiles de revenu à l’intérieur du quartier pour illustrer les situations de polarisation des populations riches et pauvres et les situations intermédiaires de mixité. L’analyse de la répartition des populations par quintile nous permet de comprendre les fragmentations spatiales et l’isolement des différents groupes de populations.

Le profil des revenus pour chaque quartier est identifié en fonction des quintiles de l’aire urbaine d’appartenance, et cela à partir des interpolations linéaires. Dans certains quartiers, plus de 80 % de la population déclare un revenu inférieur au premier quintile de l’aire urbaine. Le seuil correspondant au premier quintile reste comparable au seuil de pauvreté dans les trois villes. Il représente 762€/mois à Lyon ; 556€/mois à Marseille et 609€/mois à Lille. Si l’on définit la population pauvre comme étant celle qui déclare un revenu inférieur à la moitié de la médiane de l’ensemble de l’aire urbaine, alors le seuil de pauvreté serait de 675€/mois à Lyon ; 592€/mois à Marseille et 589€/mois à Lille (Bouzouina, 2007).

La typologie de polarisation et de mixité sociale à l’échelle du quartier est effectuée à partir des Classifications Ascendantes Hiérarchiques (CAH) (Volle, 1985), en sélectionnant la solution permettant de maximiser la part de l’inertie inter-classes dans l’inertie totale suivant la méthode Ward (1963). Si le profil des populations dans chaque quartier est identifié par rapport à celui de l’aire urbaine, l’analyse typologique doit prendre en compte les quartiers de l’ensemble des trois aires urbaines pour permettre une meilleure comparabilité.