2.3. Conclusion : démarche d’analyse 

Nous avons essayé de dépasser l’ambiguïté du terme ségrégation et de la multiplicité de ses formes pour donner une définition mesurable dans le contexte des villes françaises. La ségrégation est un processus alimenté par un ensemble de mécanismes et conduisant à un moment donné à un état d’inégalité socio-économique visible entre les espaces de viequi composent l’espace urbain et à une homogénéisation au sein de ces espaces de vie.

Au-delà de la distinction entre l’état et le processus, cette définition de la ségrégation met en avant la dimension de l’inégalité inter-zones et l’homogénéité intra-zones mais aussi la question des échelles spatiales. Limitée par la disponibilité des données, notre démarche consiste à analyser des photos des disparités et des inégalités spatiales à l’échelle communale, avant de prendre en compte l’homogénéité interne et se focaliser sur l’échelle la plus fine, celle du quartier IRIS. En effet, pour mieux comprendre la ségrégation spatiale, nous adoptons une approche multiéchelles variant du global au local (Cf. chapitre 3). L’échelle d’observation globale varie de l’ensemble du pays à l’aire urbaine, en passant par l’échelle régionale. De la même manière, l’échelle d’analyse locale concerne le quartier, la commune et l’espace de vie prenant en compte à la fois le principe de proximité et d’accessibilité.

Pour mesurer la ségrégation spatiale, en prenant en compte les deux dimensions d’hétérogénéité inter-zones et d’homogénéité intra-zones, nous utilisons la décomposition des indices globaux d’inégalité de revenu (Cf. chapitre 3 et 4) mais aussi l’analyse des seuils de concentration et de la fragmentation spatiale des classes de revenu et des catégories sociales (Cf. chapitre 5). Les indices globaux de Gini, de Theil ou le NSI permettent de mesurer la part de l’inégalité spatiale dans l’inégalité tôtale sur plusieurs villes. Ils ont l’avantage d’offrir une information synthétique et ne nécessitent pas de répartition préalable de classes de revenu contrairement aux analyses des seuils. Cela dit, ces dernières donnent une information plus complète sur les inégalités de concentration des différents groupes et elles sont plus adaptées aux études comparatives. Enfin, l’analyse cartographique est la plus appropriée pour illustrer les zones de polarisations et de mixités des groupes de revenus ou des catégories sociales. Encore une fois, les données des revenus et des catégories sociales peuvent être utilisées d’une manière complémentaire pour pouvoir expliquer la ségrégation spatiale dans les villes françaises.