1.2.1. Croissance des inégalités inter-régionales

Le revenu moyen augmente entre 1984 et 2004 sur toutes les régions françaises, à l’exception de la région corse. La plus forte hausse est celle enregistrée en Alsace (+16,6 %) devant La Bretagne (+15,5 %), le Pays de la Loire (+14,5 %), Rhône Alpes (+13,2) et l’Île de France (+12,3 %). Cependant, les hausses les plus faibles (moins de 5,5 %) sont enregistrées dans les régions du nord (Haute Normandie, Picardie, Champagne-ardenne et le Nord-Pas-de-Calais). L’évolution du revenu moyen suit les mêmes tendances qu’au niveau national, à l’exception de la région Alsace, qui voit augmenter son revenu moyen même pendant la période de baisse (1990-1996) et de la Corse qui voit son revenu moyen diminuer pendant la première période favorable.

L’écart du revenu entre la région la plus riche (Île de France) et la région la plus pauvre (Corse) est plus important en 2004 qu’en 1984 (55 % contre 44 %). La croissance du revenu moyen en Corse et sa relative stagnation en Île de France a certes permis de réduire cet écart depuis 1999, mais cela ne signifie pas que les disparités inter-régionales se sont pour autant réduites car les communes les plus riches dans les grandes métropoles sont de plus en plus riches.

En décomposant les inégalités de revenus entre les communes françaises en inégalités intra-régionales et inter-régionales à partir de l’indice de Gini (Araar, 2006 ; Duclos et al. 2004, Cf. chapitre 2), nous constatons que ces dernières ont augmenté entre 1984 et 2004 (+23 %) même si elles ont relativement baissé pendant les deux périodes de récession économique en 199048 et en 2000. Les dernières données disponibles montrent que ces inégalités inter-régionales sont légèrement reparties à la hausse en 2004 (Figure 16).

Figure 16 : Évolution des inégalités entre communes au niveau intra et inter-régional
Figure 16 : Évolution des inégalités entre communes au niveau intra et inter-régional

Source : élaboration propre, données DGI.

Ces résultats renforcent ainsi l’hypothèse de la fin de la phase de décroissance de la courbe en cloche de Williamson déjà mise en évidence à l’échelle inter-régionale depuis les années 1950. «Les années 80, et avec elles l’accroissement dans la plupart des pays des inégalités spatiales, semblent avoir sonné le glas de la courbe de Williamson, même s’il faut se garder des constats trop hâtifs, tant il est difficile de faire la part des choses entre divergence conjoncturelle et convergence structurelle ou divergence structurelle et convergence conjoncturelle. » (Santi, 1995, p.216). Les deux périodes de croissance et de décroissance de la cloche ne doivent pas être considérées d’une manière mécanique, sans prendre en compte l’effet de métropolisation et le rôle de la région parisienne dans la croissance des inégalités.

Notes
48.

Certaines études analysant l’activité économique soulignent le rôle de la récession des années 1990 qui a surtout touché les régions les plus développées dans ce qu’on appelle le « rééquilibrage régional négatif » : «La récession que connaissent les pays industriels depuis 1990 a eu un impact immédiat sur les disparités régionales, en frappant en priorité les régions les plus développées, assurant par là ce que l’on a appelé un ‘rééquilibrage régional négatif’ : les disparités diminuent ‘par le haut’, du fait d’un ralentissement de l’activité affectant d’abord les régions les plus développées » (Davezies, 1993, p.40).