1.3.1. Croissance de l’inégalité entre l’ensemble des communes : un effet taille ?

[accès à la note : Le revenu moyen de cette aire urbaine augmente pendant cette période, mais d’une manière générale sur toutes les communes, même les plus pauvres. L’INSEE soulignait déjà les salaires élevés à Niort, du fait de la forte présence de personnel d’encadrement et de professions intermédiaires (40 % des emplois) qui tire le salaire moyen vers le haut, et lisse les écarts entre les communes (INSEE Poitou-Charentes - Décimal n° 193 - Février 1999). Cette aire urbaine attire une part importante des emplois supérieurs, notamment dans les banques-assurances (grandes mutuelles d’assurance) et dans les services aux entreprises qui augmente entre 1990 et 1999. Cette baisse d’inégalité spatiale exceptionnelle est elle le produit de la croissance généralisée ou la faible attractivité pour les populations modestes qui résident plus dans l’espace rural ?]

Une autre mesure objective des inégalités spatiales, à partir de l’indice d’entropie de Theil, montre les mêmes tendances de croissance sur l’ensemble des aires urbaines mais avec une croissance plus aigue sur Paris, l’aire urbaine la plus marquée par les inégalités spatiales à cette échelle d’analyse (Figure 18, Annexe 4).

Figure 18 : Évolution de la dispersion du revenu moyen des foyers fiscaux par commune entre 1984 et 2004 pour les 15 plus grandes Aires urbaines françaises (indice de Gini)
Figure 18 : Évolution de la dispersion du revenu moyen des foyers fiscaux par commune entre 1984 et 2004 pour les 15 plus grandes Aires urbaines françaises (indice de Gini)

Source : élaboration propre, données DGI

Quelque soit la mesure utilisée, les plus importants niveaux d’inégalités intercommunales caractérisent les aires urbaines les plus peuplées à l’image de Paris, Lille, Marseille et Lyon, sans toutefois que ce lien soit systématique sur l’ensemble des villes étudiées. Le test des corrélations entre la taille de population et les inégalités intercommunales sur l’ensemble des 100 plus grandes aires urbaines confirme ce constat. Le coefficient de détermination entre le niveau d’inégalité intercommunale et le nombre de foyers fiscaux dans chaque aire urbaine varie de 0,24 à 0,31 pour chaque année de la période 1984-2004. En utilisant les données de population issues du recensement (1990 et 1999), le coefficient de détermination entre les inégalités de revenus intercommunales par unité de consommation et la taille de population reste relativement modeste même s’il atteint 0,31 en 1990 et 0,34 en 1999. En revanche, ce coefficient atteint à peine la valeur 0,05 quand il s’agit de tester le lien entre l’évolution des deux variables entre 1984 et 2004 ou entre 1990 et 1999. Cela n’est pas surprenant sachant que la ségrégation est un phénomène spatial lent et complexe.

Enfin, l’examen des corrélations doit être étendue à l’échelle moins hétérogène du quartier pour pouvoir établir un lien clair entre la taille de la ville et le niveau de ses inégalités spatiales et de préciser sa nature (Cf. chapitre 4). Comme nous le soulignons dans le premier chapitre, la ségrégation est liée d’une manière complexe à la taille de la ville mais également à sa structure économique au sein d’un phénomène plus global de métropolisation favorisant la concentration des hommes et des richesses (Sassen, 1996 ; Buisson et al. 1995 ; Lacour et Puissant, 1999 ; Buisson et Mignot, 2005 ; Puissant, 2006 ; Gaschet et Lacour, 2008).