Une analyse plus fine sur l’ensemble des aires urbaines ayant un minimum de 15 communes de plus de 2000 habitants50 montre que c’est l’ensemble des communes les moins riches qui voient par ailleurs la progression la plus faible de leur revenu fiscal moyen, alors que les communes aux revenus les plus élevées sont également caractérisées par les progressions les plus fortes :
Aires urbaines | Revenu moyen en 2004 | Évolution du revenu moyen des 5 communes les plus pauvres entre | Évolution du revenu moyen des 5 communes les plus riches entre | Revenu moyen des 5 communes les plus riches / Revenu moyen des 5 communes les plus pauvres en : | |||||||||
84-90 | 90-96 | 96-00 | 00-04 | 84-04 | 84-90 | 90-96 | 96-00 | 00-04 | 84-04 | 1984 | 2004 | ||
Paris | 22065 | -5,8 | -11,6 | -2,6 | -6,4 | -24,0 | +47,7 | -13,9 | +29,9 | -0,3 | +64,8 | 2,84 | 5,98 |
Lyon | 18568 | -5,4 | -7,0 | +0,0 | -0,9 | -12,8 | +27,6 | -1,7 | +20,6 | -0,7 | +50,1 | 2,29 | 3,71 |
Marseille | 16235 | -9,2 | -12,6 | -3,3 | +2,8 | -21,0 | +9,4 | -3,2 | +4,4 | 15,8 | +28,0 | 1,94 | 3,00 |
Lille | 16521 | -5,6 | -8,4 | +2,3 | +0,4 | -11,2 | +16,1 | -2,2 | +10,3 | -1,5 | +23,4 | 2,02 | 2,78 |
Rouen | 16367 | -5,9 | -6,4 | +3,1 | +1,6 | -7,8 | +10,5 | -0,4 | +9,4 | -0,8 | +19,4 | 1,85 | 2,76 |
Grenoble | 18547 | -0,8 | -7,0 | +3,1 | +2,3 | -2,8 | +14,7 | -3,3 | +17,4 | +0,2 | +30,5 | 2,01 | 2,42 |
Bordeaux | 16950 | -8,8 | -8,2 | +1,3 | +4,7 | -11,2 | +6,2 | -3,4 | +9,1 | +6,4 | +19,0 | 1,75 | 2,25 |
Metz | 16505 | -1,2 | -4,8 | +2,3 | +5,3 | +1,4 | +9,8 | +7,0 | +4,6 | +2,0 | +25,4 | 1,85 | 2,21 |
Montpellier | 16765 | -2,2 | -10,1 | +0,0 | +3,2 | -9,3 | +2,0 | -2,8 | +15,3 | +3,7 | +18,4 | 1,92 | 2,05 |
* Aires Urbaines dont l’écart est supérieur à 2 en 2004 (pour les résultats des 100 aires urbaines : voir annexe 8)
Source : élaboration propre, données de la DGI
Ainsi, la croissance des revenus dans les communes riches est très forte, et, même si certaines communes pauvres ne s’appauvrissent pas, les écarts se creusent car les revenus moyens dans ces communes progressent peu. Finalement, au sein du même espace de la quotidienneté, les territoires les plus aisés s’enrichissent par le biais des mobilités sociales ou résidentielles profitant des périodes de croissances économiques alors que les territoires pauvres restent à l’écart. Dans les communes pauvres se sont les ménages pauvres qui s’installent alors que dans les communes riches ce sont des ménages plus riches qui remplacent les ménages sortants (Maurin, 2004). Nous reviendrons sur le processus d’homogénéisation des communes dans certaines aires urbaines à travers les migrations résidentielles des catégories sociales dans le chapitre 5. La relative attractivité des communes pauvres dans certaines aires urbaines frontalières ou à l’ouest de la France n’empêche pas de constater l’existence d’une inégalité spatiale à l’échelle communale que l’on interprète en terme de ségrégation. Cette inégalité intercommunale ne cesse d’augmenter durant ces vingt dernières années non seulement dans les plus grandes métropoles mais dans l’ensemble des villes. Pour les aires urbaines comme pour les régions, la croissance économique semble polarisante en matière de revenus car elle est plus favorable aux espaces les plus riches et très peu favorable voire défavorable aux espaces les plus pauvres51. Avec la croissance du chômage et de la précarité, au sein même des lieux privilégiés du développement, les politiques urbaines basées sur une convergence et une croissance générale des revenus par une croissance économique de la ville ne semblent plus pertinentes. Il y a donc un enjeu particulier à étudier ces fragmentations intra-urbaines et à en esquisser les ressorts.
En revanche, les inégalités et leur évolution sont mesurées à partir des revenus imposables des foyers fiscaux de la Direction Générale des Impôts après les différents abattements. Cela peut conduire à sous-estimer les revenus dans certaines communes qui concentrent les ménages qui en bénéficient. Depuis 2001, les données des revenus déclarés avant abattement sont désormais disponibles à l’échelle communale ainsi qu’à l’IRIS. La comparaison des niveaux d’inégalités intercommunales à partir des deux sources permettra de tester la sensibilité des résultats obtenus jusque là sur les 100 aires urbaines à partir de cette année de référence.
En retenant pour cela les cinq communes les plus pauvres et les cinq communes les plus riches de chaque aire urbaine à condition d’avoir 5 communes intermédiaires, nous obtenons en fin de compte un total de 48 aires urbaines. Des seuils de 10 et de 20 communes ont été testés sur des grandes AU et donnent les mêmes tendances.
Un examen de l’évolution de la dispersion des revenus en 2001 entre les communes des 51 groupements à fiscalité propre de plus de 100 000 habitants et ayant chacun un minimum de 10 communes (8 Communautés Urbaines, 39 Communautés d’Agglomération, 3 Communautés de Communes et 1 Syndicats d’Agglomération Nouvelle) montre une croissance des disparités de revenus. La tendance à la croissance de l’inégalité spatiale intercommunale est générale et difficile à attribuer aux seuls effets des zonages de l’action publique.