1.3.3. Mesure t-on le même phénomène par les revenus imposables et les revenus déclarés ?

La mesure des inégalités spatiales à partir des revenus moyens déclarés des ménages fiscaux en 2001 permet de mobiliser les informations sur la distribution des revenus individuels disponibles sur différentes échelles spatiales. Ces données permettent de prendre en compte les économies d’échelle au sein de chaque ménage à partir de l’unité de consommation. Nous allons donc mesurer les inégalités intercommunales en utilisant les revenus moyens déclarés par unité de consommation pour les comparer ensuite avec les mêmes inégalités mesurées à partir des revenus moyens imposables par foyer fiscal et par unité de consommation (Cf. chapitre 2). Cela nous permet de tester la pertinence de nos résultats précédents ainsi que la sensibilité de la mesure de la ségrégation spatiale par rapport au type de revenu et à l’unité de mesure choisis. Pour cela, il suffit de comparer les résultats des inégalités intercommunales calculés à partir des revenus imposables et déclarés, selon les deux sources de données (DGI, INSEE-DGI), en neutralisant également l’échelle de mesure.

Finalement, les inégalités intercommunales calculées jusqu’ici à partir des revenus imposables à l’échelle du foyer fiscal, sur les 100 aires urbaines, ne sont pas très éloignés de celles calculées à partir des revenus déclarés des ménages fiscaux à l’échelle de l’unité de consommation. Le niveau de corrélation est relativement élevé et le coefficient de détermination est de 0,81 (Figure 19), montrant ainsi qu’il s’agit du même phénomène mesuré.

Figure 19 : Comparaison de l'inégalité intercommunale dans les 100 aires urbaines selon le type de revenu (imposable et déclaré) et l’unité de mesure (foyer fiscal et unité de consommation) en 2001.
Figure 19 : Comparaison de l'inégalité intercommunale dans les 100 aires urbaines selon le type de revenu (imposable et déclaré) et l’unité de mesure (foyer fiscal et unité de consommation) en 2001.

Source : élaboration propre, données DGI et INSEE-DGI (2004).

Pour tester l’impact propre au type de données (revenu fiscal/ revenu déclaré), nous avons neutralisé l’effet de l’unité de mesure (foyer fiscal/ UC). Nous constatons (Figure 19) que le niveau de corrélation entre les deux indices de Gini est nettement et logiquement plus important (R2 de 0,91). Cela signifie qu’au-delà des différences qui peuvent exister entre les deux bases de données (Champagne et Maurice, 2001), l’utilisation des revenus à partir des deux sources de données débouche sur des résultats assez comparables. Cette convergence dans l’inégalité entre les communes de la même aire urbaine retrouvée pour l’année 2001 conforte nos résultats précédents et laisse supposer que les inégalités auront également augmenté même en utilisant les revenus déclarés des ménages fiscaux.

L’analyse infra-communale des revenus des ménages fiscaux en 2001 recouvre, elle aussi, des disparités qui peuvent être très importantes entre quartiers. Mais ce zonage étant relativement récent, il n’est pas actuellement possible de suivre l’évolution de ces disparités dans le temps. Il nous permet cependant de mieux préciser le niveau de la ségrégation intra-urbaine en prenant en compte le niveau d’inégalité entre les individus au sein de l’aire urbaine.