2.1.1.1. Les inégalités de revenus entre les quartiers

Tout d’abord, les résultats de l’inégalité de revenu par UC calculés à partir de l’indice de Gini à l’échelle du quartier sont similaires à ceux obtenus par les deux mesures objectives du coefficient de variation et de l’indice d’entropie de Theil (Figure 20)52. Le niveau très élevé des deux coefficients de détermination (0,98 pour le coefficient de variation et 0,96 pour l’indice de Theil) montre que ces différentes mesures reflètent le même phénomène d’inégalité spatiale. Cela confirme la pertinence de l’indice de Gini comme mesure des inégalités et de ségrégation spatiales à l’échelle de l’aire urbaine. Pour les mêmes raisons évoquées dans le chapitre précédent concernant la disponibilité de l’information ainsi que les propriétés de chacune de ces mesures, notre analyse sera basée principalement sur l’indice de Gini.

Figure 20 : Inégalités entre les quartiers dans les 100 aires urbaines selon l’indice de Gini, de Theil et le coefficient de variation
Figure 20 : Inégalités entre les quartiers dans les 100 aires urbaines selon l’indice de Gini, de Theil et le coefficient de variation

Source : élaboration propre, données DGI et INSEE-DGI (2004).

La carte des inégalités spatiales entre les quartiers de la même aire urbaine nous montre une relative opposition est-ouest, avec une concentration autour des plus grandes aires urbaines notamment Paris, Lille, Marseille ou Lyon (Carte 2). Cela souligne l’importance de la taille et de l’histoire de l’urbanisation des villes, notamment vis-à-vis de l’industrialisation et l’immigration. Bien que certaines villes de l’ouest enregistrent un niveau d’inégalité spatiale relativement élevé, comme c’est le cas de Bordeaux et Toulouse, les aires urbaines des régions de l’ouest sont largement moins inégalitaires.

Carte 2 : Inégalités spatiales sur les 100 plus grandes aires urbaines françaises
Carte 2 : Inégalités spatiales sur les 100 plus grandes aires urbaines françaises

Source : élaboration propre, données: INSEE-DGI (2005)

En région Bretagne, par exemple, les aires urbaines connaissent moins d’inégalités entre leurs quartiers. Il existe bien dans cette région, considérée comme « la moins inégalitaire de toutes les régions en matière de revenus, une hétérogénéité des niveaux de revenus entre quartiers » (Insee-Bretagne, 2004, p.10). Dans les régions de l’est, ce sont en général les aires urbaines les plus peuplées qui concentrent les inégalités spatiales. Une étude de l’INSEE et de la Région Alsace (2004) montre une concentration des très hauts revenus en périphérie des grandes communes (Strasbourg, Mulhouse et Colmar), sachant que le degré des disparités inter-quartiers dans ces aires urbaines est nettement plus important par rapport au reste de la région.

Notes
52.

Comme nous l’avons déjà constaté à l’échelle communale, l’indice d’entropie, qui accorde plus d’importance aux revenus se situant en bas de la distribution, indique un degré d’inégalité spatiale plus important sur l’aire urbaine parisienne par rapport à l’indice de Gini. Ce dernier est moins sensible aux valeurs extrêmes et donne plus de poids aux revenus situés au milieu de la distribution.