2.2.2.2. Des aires urbaines changeant de rang avec le changement d’échelle

Dans certaines aires urbaines, le revenu moyen de la commune cache une plus grande disparité interne. Cette disparité n’est pas seulement liée à l’opposition entre quartier pauvre et quartier aisé, mais à la distinction des quartiers très riches des quartiers intermédiaires, au sein de certaines communes aisées d’une part, et à l’identification des nombreux quartiers pauvres qu’abritent certaines communes modestes, d’autre part. Ces disparités sont principalement liées à l’hétérogénéité entre les quartiers de la commune-centre. C’est pour cette raison que l’échelle du quartier révèle dans ces aires urbaines une ségrégation plus importante qu’au niveau de la commune. C’est le cas de l’aire urbaine de Nîmes où sa commune-centre regroupe des quartiers pauvres (Galerie Wagner, Jean Perrin, Galilée) et des quartiers riches (Tour Magne, Camplanie), dont les écarts de revenus sont extrêmement importants. Les écarts entre le quartier riche de Front de Mer et le quartier pauvre de Matisse, à Calais, ou les quartiers riches du centre ville de Saint Quentin avec les quartiers Europe/Remicourt renforcent la ségrégation spatiale à cette échelle.

Les aires urbaines moyennement ségréguées à l’échelle communale (comme Nice, Strasbourg ou Reims) ou peu ségréguées (comme Angers ou Le Mans) sont également marquées par des indices de ségrégation largement plus élevés à l’échelle du quartier. Cette ségrégation élevée au niveau du quartier conduit à déclasser d’autres aires urbaines qui étaient parmi les plus ségréguées à l’échelle communale. C’est le cas de Genève-Annemasse où la ségrégation n’a pas beaucoup augmentée (0,08 au niveau de la commune et 0,09 à l’échelle du quartier) puisqu’elle se situe principalement entre l’ensemble des communes riches et moyennes frontalières. Ce sont les trois aires urbaines frontalières (Genève- Annemasse, Bâle- Saint-Louis et Montbéliard) qui se retrouvent déclassées du premier tiercile au troisième tiercile (Tableau 9) puisque leurs niveaux de ségrégation ont très peu changé entre les deux échelles spatiales par rapport au reste des aires urbaines.

L’échelle du quartier confirme le statut de la majorité des aires urbaines par rapport au niveau de ségrégation obtenu à l’échelle communale. L’hétérogénéité des revenus entre les quartiers de certaines grosses communes, au centre notamment, révèle un niveau de ségrégation plus élevé dans des aires urbaines désormais moins ségréguées à l’échelle communale. Ces aires urbaines se retrouvent parmi les plus ségréguées décalant ainsi d’autres aires urbaines dont l’hétérogénéité des quartiers au sein des communes-centres est plus faible.

L’échelle communale offre une image assez proche de la ségrégation spatiale dans la majorité des villes françaises par rapport à l’échelle du quartier puisque les deux découpages sont basés sur la proximité spatiale par rapport au lieu de résidence. Cependant, l’observation de la ségrégation spatiale des aires urbaines mesurée à l’échelle du bassin de vie de l’INSEE, définie à partir du principe de l’accessibilité à l’emploi et aux aménités, est susceptible d’apporter des réponses différentes mais complémentaires.