1.1.2.2. La faible densité de population

La faible densité est la caractéristique la plus souvent associée à la forme urbaine étalée. D’une manière générale, il y a consensus autour de l’usage de cette variable pour mesurer l’étalement urbain, considéré comme le rapport entre la taille d’une population et une superficie. Mais, il existe bien évidemment plusieurs types de densité selon l’objet de recherche qui sont parfois sources de malentendus. Comme nous nous intéressons à l’étalement résidentiel des ménages dans le cadre de la ville monocentrique, la densité de l’aire urbaine est mesurée à partir du nombre de personnes et de la superficie brute de l’aire urbaine. Certaines études associent la population et l’emploi pour mesurer la densité humaine, même si les deux logiques de localisation sont différentes d’un point de vue théorique. D’autres études urbanistiques analysent la densité des logements à travers le nombre de résidences principales pour une surface donnée (densité résidentielle). Le choix de la densité brute de population (densité démographique) n’est pas anodin dans le but d’analyser la ségrégation spatiale, car l’ensemble des espaces de la ville joue un rôle vis-à-vis de l’interaction sociale. Même si, dans la recherche de plus de réalisme, la majorité des études tendent à utiliser la surface urbanisée dans la mesure de la densité, la suppression des surfaces non-urbanisées dans l’étude de la ségrégation spatiale serait un choix arbitraire. Ces espaces (fleuves, bois…) peuvent être des aménités appréciées par les populations ou représenter une séparation physique entre des quartiers parfois contrastés, ce qui influence dans les deux cas la ségrégation spatiale. Dans son analyse de la question de la densification et du confort spatial, Piron (2006) nuance l’usage systématique de la densité urbanisée : « En effet, retirer tel ou tel type d’espace- les bois de Boulogne et de Vincennes à Paris, ou les calanques à Marseille- serait un choix arbitraire et non fondé puisque c’est souvent la présence d’espaces libres à certains endroits qui permet d’accepter des densités bâties fortes à d’autres » (Piron, 2006, p.12).

En revanche, la densité brute de l’ensemble de l’aire urbaine pose la question du contraste entre les espaces périphériques agricoles, très peu denses, et l’espace central, très dense, dans la majorité des villes françaises. La distinction entre la densité centrale, proche de la densité nette, et la densité périphérique constitue une bonne alternative. Elle se base sur l’estimation du gradient de densité de population à partir du modèle de Bussière.

Enfin, nous caractérisons l’état de l’étalement urbain dans notre cadre à partir de la densité et de la dilatation de la zone dense centrale. Ces deux variables peuvent être utilisées pour caractériser la ville compacte marquée par une forte densité et un faible étalement urbain.