2.1.2.2. Structure démographique

Au-delà de l’effet de la taille de la population, d’autres variables démographiques peuvent inluencer la ségrégation spatiale. Avec les tendances respectivement, de gentrification ou de ghettoïsation, le fait que les ménages pauvres ou riches ne changent pas de quartier de résidence favorise la mixité sociale (Cf. chapitre 1). Les caractéristiques démographiques qui sont moins favorables au deménagement d’un ménage riche d’un quartier pauvre ou d’un ménage pauvre d’un quartier riche contribuent donc à la réduction de la ségrégation spatiale. Cela dit, ces mêmes mécanismes peuvent renforcer la ségrégation si les ménages pauvres restent attachés aux quartiers pauvres et les ménages riches aux quartiers riches. La relation est donc non linéaire. C’est à travers cette explication que les travaux empiriques justifient l’impact des variables comme la taille du ménage, l’âge ou le statut d’occupation du logement sur la ségrégation spatiale (Pendall et Carruthers, 2003 ; Yang et Jargowsky, 2006).

À travers une analyse sur des villes américaines, ces deux travaux montrent qu’il y a un effet négatif des populations les plus âgées sur le niveau de ségrégation. En France, cette population est répartie dans la ville d’une manière relativement hétérogène à cause des mécanismes de vieillissement sur place (Ghékière, 1998). Ces retraités des trente glorieuses, ayant en moyenne des revenus par UC plus élevés, dus à l’autonomie des enfants, permettent de lisser les écarts entre les quartiers. Il y a ici un enjeu particulier pour associer mixité sociale et mixité intergénérationnelle. En effet, l’analyse de l’indice de ségrégation en fonction du pourcentage des retraités dans l’aire urbaine montre une relation quadratique à travers laquelle la ségrégation diminue essentiellement, mais avec un taux décroissant (Figure 28).

Figure 28 : Indice de ségrégation en fonction du pourcentage des retraités dans la population
Figure 28 : Indice de ségrégation en fonction du pourcentage des retraités dans la population

Source : élaboration propre, Données INSEE-DGI, 2005 ; INSEE, RGP 1999

La taille importante du ménage peut être également une contrainte à la mobilité résidentielle contribuant à maintenir les ménages dans leur quartier même quand ils deviennent plus riches. Les études américaines montrent que les villes avec une importante part de familles nombreuses (> 4 personnes) sont moins ségréguées (Pendall et Carruthers, 2003 ; Yang et Jargowsky, 2006). Dans notre cas, cette variable ne semble pas significative. L’indice de ségrégation est calculé sur des revenus par UC qui prennent déjà en compte la composition du ménage. En ce qui concerne le statut d’occupation, le pourcentage élevé de locataires est associé à un fort niveau de ségrégation. Ce qui suppose que les villes où les propriétaires sont plus nombreux que les locataires, sont moins ségréguées (l’accès à la propriété limite le déménagement et encourage la mixité sociale). Cependant, derrière l’influence supposée de la variable du pourcentage des locataires, corrélée à la taille, se cache un effet de concentration des logements des familles modestes et notamment du parc HLM.