2.2.2.3. Faible densité périphérique et ségrégation

Le développement à faible densité en périphérie des villes est souvent associé à la ségrégation spatiale, comme nous l’avons déjà souligné à travers la littérature théorique. Cependant, le signe positif et significatif de la corrélation entre la faible densité périphérique et la ségrégation de l’aire urbaine (Tableau 14) contredit l’idée reçue selon laquelle l’étalement urbain serait responsable de la ségrégation spatiale. À l’inverse, il n’est pas possible d’affirmer l’existence d’un effet positif de la densité périphérique sur le niveau de ségrégation. La relation est quasiment inexistante (Figure 33), y compris au sein des deux groupes d’aires urbaines de tailles comparables.

Figure 33 : Densité périphérique et ségrégation spatiale des aires urbaines
Figure 33 : Densité périphérique et ségrégation spatiale des aires urbaines

Au final, parmi l’ensemble des variables de la structure urbaine testées, la densité périphérique est la seule qui semble avoir une relation significative, même si elle est faible, avec l’indice de ségrégation (Tableau 14). Le signe positif de la corrélation conduirait à affirmer que les villes avec les périphéries les plus denses seraient aussi les plus ségréguées. L’étalement urbain peut être définit comme une « densification de territoires situés de plus en plus loin du cœur de la ville » (Julien, 2007, p.7). Ce processus ne conduit pas toujours à une faible densité mais aussi au renforcement de la densité des pôles périphériques secondaires (Giuliano et al. 2005). Le fort niveau de ségrégation à Lille et Marseille, où les périphéries sont plus denses, nous conduit également à remettre en cause le rôle du polycentrisme dans la réduction de la ségrégation. Ceci supposerait cependant une analyse beaucoup plus fine que l’approche centre-périphérie réalisée ici (Cf. chapitre 5).