1.2. Polycentrisme et ségrégation : quelles hypothèses ?

En économie, le lien entre la ségrégation spatiale et la forme polycentrique de la croissance urbaine fait référence aux deux hypothèses du Mauvais Appariement Spatial, à savoir, l’effet de l’environnement social du voisinage et l’accessibilité physique (Kain, 1968 ; Cutler et Glaeser, 1997 ; Galster et Cutsinger, 2007). L’existence d’un centre secondaire peut influencer la ségrégation en modifiant l’inégalité de concentration spatiale des populations et les conséquences des externalités positives et négatives qui sont associées. Elle peut également être une opportunité de rapprochement et d’intégration des populations fragiles pour accéder à l’emploi. Ces questions ne sont pas limitées à l’accès à l’emploi et sont abordées plus généralement à travers les effets de quartier. En France, les travaux empiriques sur les effets de quartier (Cf. chapitre 1) insistent sur l’impact de l’environnement social (Piketty, 1997 ; Maurin, 2004 ; Goux et Maurin, 2007), raison de plus pour nous concentrer par la suite sur la dimension polarisation/mixité sociale de la ségrégation spatiale.

Il est primordial de comprendre les fondements théoriques des hypothèses précédentes, en cherchant à établir un lien entre les conséquences du (des) polycentrisme(s) et les déterminants de la ségrégation, avant d’interroger la littérature empirique susceptible de les confirmer ou de les infirmer. À notre connaissance, ce lien n’a jamais été clairement abordé dans la littérature économique.