2.2.2.3. Lille : des centres qui font fuir, une périphérie qui attire

Le centre historique et les centres secondaires à Lille sont marqués par une stagnation voire une baisse des revenus par foyer fiscal, contrairement au reste de la périphérie qui creuse les écarts avec l’ensemble de la ville. La dynamique de la ségrégation spatiale est marquée par le double mouvement de concentration des ménages modestes dans les centres et des ménages aisés dans les zones d’emploi en proche périphérie et en périphérie résidentielle. Cette tendance semble s’expliquer principalement par la fuite généralisée des centres et notamment de la part des cadres. Le solde migratoire de ce groupe est largement négatif dans le centre (-28 % entre 1982-1990 et -29 % entre 1990-1999 : Tableau 24) mais aussi dans l’ensemble des centres secondaires (-10 % et -13 %, respectivement). Mais de la même manière qu’à Marseille, le centre ne s’est pas vidé grâce aux différentes transformations socio-démographqiues. Ce constat montre qu’au-delà des lieux qui font fuir ces populations, d’autres espaces centraux les attirent et les maintiennent sur place. Par ailleurs, seule la catégorie des ouvriers a connue un solde positif au niveau des centres secondaires et notamment dans les communes de Roubaix et Tourcoing pendant cette vague de fuite (1982- 1990). Cette évolution a renforcé encore plus leur fragilité et l’écart avec les autres zones qui accueillent les cadres, notamment en périphérie.

En effet, parmi les cadres quittant le centre historique entre 1982 et 1990 tout en restant à l’intérieur de l’aire urbaine, 25 % rejoignent les centres secondaires (dont la moitié à Villeneuve d’Ascq). En revanche, 56 % s’installent dans les zones d’emploi périphériques et 19 % seulement optent pour la périphérie. Entre 1990 et 1999, les cadres quittant le centre sont désormais moins nombreux que durant la période précédente à s’installer dans ces zones d’emploi périphériques très convoitées et sélectives (51 %). Ils se dirigent un peu plus vers la périphérie (25 %). Cette dernière est la zone la plus attractive pour les différents groupes sociaux, à l’exception des ouvriers et des retraités (Tableau 24).

Tableau 24: Évolution des catégories sociales sur les différents territoires de l’aire urbaine de Lille et leurs mobilités résidentielles
Tableau 24: Évolution des catégories sociales sur les différents territoires de l’aire urbaine de Lille et leurs mobilités résidentielles

Source : données RGP 1982, 1990, 1999

Le polycentrisme lillois favorise la fuite des classes aisées des différents centres pour se concentrer en proche périphérie ou en périphérie résidentielle renforçant ainsi la ségrégation spatiale.