2.2.3. Une concentration périphérique plus forte des ménages aisés en présence des centres secondaires

Cette analyse des migrations résidentielles montre en premier lieu la forte attraction de la périphérie vis-à-vis des différentes catégories sociales et notamment des classes aisées et moyennes. Dans toutes les aires urbaines, le solde migratoire est favorable à la périphérie. Les cadres quittent les centres et les centres secondaires pour s’installer dans les zones privilégiées de la périphérie, sans que leur nombre et leur pourcentage ne baisse grâce à des mutations sociodémographiques. Le centre, comme la ville, reste le lieu privilégié de mobilité sociale et de réalisation des projets. Ces évolutions résultent vraisemblablement d’un effet cycle de vie, mais notre analyse, faute de données disponibles, ne permet pas de distinguer les migrants selon le type de ménage. Cela étant, notre objectif n’est pas d’identifier les déterminants de la périurbanisation (Andan et al. 1999), mais d’analyser les mouvements résidentiels des différents groupes sociaux par rapport aux centres secondaires et de déduire leurs impact sur la ségrégation spatiale. Une distinction s’établit nettement entre les lieux qui attirent les emplois et les lieux qui attirent les populations, et notamment les plus aisées. Cette monofonctionalité limite, au moins, les chances de réduction de la ségrégation spatiale par l’émergence et le renforcement de centres secondaires. Dans les agglomérations de Marseille et Lille, où les centres historiques sont relativement pauvres, la présence de centres secondaires accélère la fuite des ménages vers les espaces périphériques les plus riches en aménités et les plus accessibles aux différentes centralités. Cette dynamique de fuite renforce la concurrence autour de ces espaces en faveur des ménages les plus riches et accroît la ségrégation spatiale notamment quand le centre secondaire concentre des populations pauvres.

Par ailleurs, l’échelle communale, même si elle permet d’analyser les flux migratoires, peut cacher des hétérogénéités internes. En effet, des quartiers pauvres peuvent être juxtaposés à des quartiers riches au sein de la même commune (Cf. chapitre 3). L’analyse à l’échelle du quartier reflète mieux la proximité physique et apporte plus de précision sur la distribution des ménages à l’échelle locale. Malheureusement ce découpage, dont l’utilisation statistique est relativement récente, ne permet pas d’analyse temporelle. Nous allons présenter dans ce qui suit les conclusions concernant la ségrégation que l’on peut tirer d’une analyse des données à l’échelle du quartier du recensement de 1999 et des sources fiscales de 2001.