2.3.1.1 Lyon : des populations pauvres moins concentrées mais reléguées en première couronne Est

Parmi les trois aires urbaines étudiées, la métropole lyonnaise est celle qui concentre le moins les populations pauvres. En reprenant le seuil de 40 % d’habitants pauvres par quartier, nous constatons qu’il correspond à une concentration de 20 % de l’ensemble de cette population. Pour un seuil de 50 %, 14 % seulement des populations pauvres habitent dans des quartiers où ils sont majoritaires, alors que contrairement aux deux autres villes, aucun quartier ne compte 70 % de pauvres ou plus.

Alors qu’en général les centres des grandes agglomérations concentrent plus de pauvres que la périphérie, Lyon et Paris font l’exception (Mansuy et Pallez, 2002). Cette réalité est souvent considérée comme un des effets pervers des politiques de la ville et notamment de la concentration des grands ensembles dans les années 1960-1970 en périphérie. Une étude basée sur les bénéficiaires du Revenu Minimum d’Insertion dans l’agglomération lyonnaise (Mignot et al. 2001) montre que ces populations sont localisées partout mais à des degrés de concentration très variés. En effet, une plus grande partie de la population pauvre lyonnaise (au seuil de 50 % du revenu médian) se retrouve concentrée en première couronne, dessinant une « banane » le long de l’axe routier périphérique, de Rillieux-la-Pape jusqu’à Vénissieux, en passant par certains quartiers de Villeurbanne, Vaulx-en-Velin et Bron. Les quartiers centraux de la Duchère dans le 9ème arrondissement ou la Guillotière dans le 3ème arrondissement restent les seuls à concentrer encore une grande partie des populations pauvres par rapport à leurs voisins. Avec la croissance des prix de l’immobilier et les tendances à la gentrification des centres, les projets de renouvellement urbain auront en principe plus de facilité à attirer des populations moyennes ou aisées ayant une préférence pour la centralité. Si elle était avérée, cette évolution permettrait sans doute de recréer de la mixité sociale, mais risquerait de n’être qu’une période intermédiaire dans le cas d’une éviction de l’ensemble des populations modestes et moyennes vers des quartiers polarisés, à long terme (Cf. chapitre 1).