2.3.1.3. Lille : une population pauvre attachée aux centralités

L’aire urbaine lilloise se trouve quant à elle dans une situation intermédiaire, entre Lyon et Marseille, en ce qui concerne la concentration des populations pauvres. Plus de 30 % de ses habitants les plus pauvres résident des quartiers où leur proportion dépasse le seuil de 40 % et plus d’un pauvre sur cinq habite un quartier majoritairement occupé par une population pauvre (plus de 50 %). Cela étant, à des seuils beaucoup plus élevés (70 % ou plus), la situation de cette aire urbaine est plus proche de celle de Marseille. Les quartiers les plus polarisés se retrouvent dans la partie sud du centre lillois traversée par l’A25 notamment autour de la place Barthélémy-Dorez, mais également à Roubaix, Tourcoing, Hem et Mons-en-Baroeul. Ce sont les quartiers centraux lillois de Strasbourg, Concorde, Croisette et Belfort ainsi que les quartiers Roubaisiens de Trois Ponts et Alma qui concentrent plus de 70 % des populations pauvres65. Ils correspondent aux territoires de la politique de la ville et notamment aux Zones Urbaines Sensibles. Contrairement à Marseille, les quartiers du centre secondaire de Roubaix concentrent également les populations pauvres à l’image du centre historique. Cette forme polycentrique de l’espace urbain lillois, marquée par l’héritage de l’opposition entre quartiers ouvriers et quartiers bourgeois, semble renforcer la polarisation des populations pauvres au lieu de les répartir sur l’ensemble de la ville.

Figure 41 : Concentration des 20% des populations les plus pauvres et les 20% les plus riches sur les trois aires urbaines
Figure 41 : Concentration des 20% des populations les plus pauvres et les 20% les plus riches sur les trois aires urbaines

Source : données INSEE-DGI, 2005

Cela dit, la forte ségrégation enregistrée à Lille à partir des indices de ségrégation (cf. chapitre 3) est davantage le résultat de la concentration des populations aisées au niveau des quartiers, notamment en proche périphérie. L’analyse des seuils de concentration à partir d’une répartition par quintile de revenu confirme le fait que Marseille est l’aire urbaine qui concentre les populations pauvres et montre que Lille est, en revanche, celle qui concentre les populations les plus aisées (Figure 41) et notamment les cadres (Annexe 12). Cependant, il est nécessaire d’aller au-delà de cette analyse globale dichotomique non seulement pour identifier non seulement les zones de polarisation spatiale des plus pauvres et des plus riches, mais aussi pour préciser celles marquées par une mixité des différentes classes de revenu. Les populations pauvres n’habitent certainement pas toutes des quartiers polarisés et certains de ces ménages partagent parfois les mêmes quartiers que les populations aisées. Il est donc nécessaire de raisonner en termes de localisation relative de ces différents espaces.

Notes
65.

Ces populations sont également concentrées dans les quartiers de Pont rompu ou Schweitzer à Tourcoing, Longchamp à Hem et Napoléon, Lamartine à Mons-en-Baroeul.