Conclusion générale

À travers cette thèse, nous avons analysé, à l’aune des dynamiques métropolitaines, l’impact de la forme urbaine sur la ségrégation spatiale en France, en inscrivant cette dernière dans le cadre du développement durable.

Conséquences de la ségrégation spatiale, effets de quartier et ville durable

La lutte contre la ségrégation spatiale est un objectif clairement affiché dans les textes de droit public. Pour favoriser une plus grande mixité sociale, la loi Solidarité et Renouvellement Urbains (SRU) du 13 décembre 2000 vise un minimum de 20 % de logements sociaux pour toutes les communes ayant plus de 3 500 habitants et appartenant à une agglomération de plus de 50 000 habitants. En effet, la ségrégation spatiale pose problème à la ville durable, non pas parce qu’elle est abstraitement associée à l’inégalité mais à cause de ses conséquences négatives sur les populations pauvres polarisées, voire sur l’ensemble de la ville. Les effets de quartier sont démontrés même dans des villes suédoises où la ségrégation socio-spatiale est probablement inférieure à celle des villes françaises ou étasuniennes (Galster et al. 2007). Les différents effets de quartier, d’hystérésis, de pairs, de stigmatisation sont puissants et peuvent déclencher un processus auto-entretenu de déclin à travers des mouvements de fuite mais surtout d’évitement des territoires les plus défavorisés, renforçant ainsi la ségrégation. Il était donc primordial de mesurer la ségrégation en France et de chercher à comprendre ses mécanismes et ses causes pour mieux l’appréhender dans nos villes.

Les études analysant le lien entre la forme urbaine et la ségrégation spatiale sont rares et principalement américaines, pourtant les hypothèses de villes denses ou de villes polycentriques moins ségréguées sont souvent avancées en France. Il nous a alors semblé pertinent d’aborder cette problématique et d’associer littérature sur les conséquences de l’étalement urbain et du polycentrisme et littérature sur les causes de la ségrégation spatiale dans le but de tester ces hypothèses empiriquement. Notre analyse empirique de la forme urbaine et de la ségrégation sur plusieurs villes en France est donc nouvelle et certains résultats restent exploratoires.

Avant de détailler l’ensemble des résultats et les principaux enseignements qui en découlent, il nous semble important de montrer l’intérêt des choix méthodologiques concernant la mesure et l’analyse, mais aussi leurs limites et les futures améliorations possibles.